18 avr 2012
mariellaesvant

Eva Joly fait frémir le Cirque d’hiver

Aphorismes, assonances, allitérations, anaphores et rimes riches. Auréolée d’une nouvelle plume – celle de son directeur de campagne Stéphane Sitbon-Gomez –  Eva Joly est entrée en piste pour le dernier meeting présidentiel d’Europe Ecologie-Les Verts, mercredi au Cirque d’hiver, à Paris. Plus de 2.000 militants dans les tribunes, quelques uns dans une obscure succursale ou dehors, « debout sous la pluie ». Même si on ajoute ceux qui ont suivi d’un oeil ou d’une oreille la retransmission live sur le site evajoly2012.fr, on est loin des meetings géants des cadors de la campagne. Perdants d’avance sur les questions de taille, les écolos ont joué – un peu tard – la carte du « Eva pour tous et tous pour Eva ». L’ovni de la campagne (quoique Jacques Cheminade lui fasse une concurrence sérieuse…) les a convaincus avec un discours toujours atone, mais poétique et plein d’humour.

Après les tours de chauffe du colérique Dany Le Vert, de la sautillante Cécile Duflot, et du toujours sérieux Yannick Jadot, c’est une Eva Joly détendue qui est montée à la tribune. Dernière prestation dans l’arène, dernier discours, derniers applaudissements. Comme un soulagement. Des adieux à la scène pour lesquels la candidate écologiste a sorti le grand jeu, élevant même parfois la voix, et prouvant qu’en dix mois de campagne, elle a beaucoup appris.

« La campagne fut rude » a-t-elle rappelé. Pour l’écologie, « moquée », avant d’être rayée des programmes. Pour elle aussi : « ce n’est pas rien d’être scrutée sous toutes les coutures, observée sans cesse, critiquée sans nuances,  bousculée sans ménagement par nos adversaires ».

Sans verser dans le mea culpa – ce n’est pas son genre – elle a listé ses faiblesses « ma petite voix, mon débit lent, mon accent, mon incapacité à mentir ». Elle assume. « Je ne suis pas une oratrice : je ne fais pas tanguer la foule sous la houle des mots qui roulent ». La formule plaît, le cirque applaudit.  « Ma candidature c’est bien sur la candidature de l’écologie. Mais c’est aussi une réponse à la dictature du conformisme ».  Et oui, même une « norvégienne ménopausée » (sic) peut être candidate. Elle assume ça aussi. Elle ne regrette pas grand chose. Une maladresse peut-être… sa « chute dans les escaliers ». Pour conclure, l’incorruptible candidate a confirmé sa conversion à l’écologie, et posé les jalons de la présence du parti – sans rien dire sur la sienne – pour la mandature à venir.

Ni oraison funèbre, ni marche de la victoire pour les Verts. Leur défaite est acquise, le succès de la gauche aussi. Reste donc la possibilité de « peser sur les cinq prochaines années ». Et pour ça, il faut des voix. Espérant transformer le « frémissement » en sa faveur, à quelques jours du scrutin, Eva Joly a exhorté sa cour à une ultime campagne de lobbying :  « Rien n’est joué, les élections c’est dimanche, il suffit que vous alliez voter, que vous ameniez avec vous vos voisins et vos amis ». Yannick Jadot est venu en renfort « Debout les écologistes, relever la tête, soyez fiers de votre candidate, soyez fiers d’Eva Joly! »

Visant toujours l’improbable seuil des 5%, Eva Joly a sans doute livré son plus beau discours de campagne. Et réussi a décocher quelques flèches jusque dans les rangs du PS. Comme le dit Kimo (@finizo), de la team FH2012.  Un peu tard ?

 

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