14 avr 2012
Chloé Bossard

Les engagements des candidats : la croissance économique (3/10)

La croissance du PIB, en berne, s’élevait seulement à 0,2% à la fin de l’année 2011, selon l’Insee. Pourtant, elle est à la base de notre système économique. Lorsque la production de richesses augmente, la quantité de travail à fournir suit, et le chômage diminue. A l’inverse, lorsque l’économie est en récession et que la production baisse dans les entreprises, des salariés se retrouvent sans travail. La croissance conditionne donc l’emploi, et par voie de conséquence le niveau de vie des Français. Pour remédier à ce cercle vicieux, chaque candidat a formulé ses solutions, dont voici la compilation.

 

Eva Joly. Pour la candidate EELV, toutes les solutions ont échoué. Prisonniers du même modèle productiviste, les gouvernements qui se sont succédés depuis trente ans ont tous fait les mêmes erreurs. Obsédés par la seule croissance, ils ont selon elle aggravé les inégalités sociales et creusé la dette publique. L’urgence serait donc d’engager sans attendre la transition écologique. Elle compte aussi, face au pouvoir des marchés, bâtir une Europe fédérale et solidaire, capable de sortir de la crise. Eva Joly est donc pour une “règle d’or” climatique afin de conditionner toutes les politiques publiques et industrielles à l’objectif de réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020.

Nicolas Sarkozy. Le président sortant propose avant tout d’alléger les charges patronales qui pèsent sur le travail de 14 millions de salariés, notamment dans l’industrie et l’agriculture. Il veut donner aux entreprises la possibilité de conclure, avec les représentants des salariés, des accords sur le temps de travail et l’emploi, pour leur permettre de faire plus facilement face à des baisses ou à des pics d’activité.

Il désire également exiger la réciprocité dans les échanges commerciaux entre l’Europe et le reste du monde. Si les négociations n’ont pas abouti d’ici un an, la France réserverait ses marchés publics aux seules entreprises européennes, jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé. Enfin, il entend réserver une partie des commandes publiques aux PME européennes, comme le font les Etats-Unis pour leurs propres PME.

Marine Le Pen. Pour la candidate frontiste, le coeur du problème reste l’euro, qui n’a tenu aucune de ses promesses. Selon elle, la France doit préparer avec ses partenaires européens, l’évolution de l’euro, qui deviendrait une monnaie commune, coexistant avec le franc, qui serait rétabli. Ce dispositif permettrait selon elle d’oxygéner l’économie. Elle ajoute que les banques de dépôt feront l’objet d’une nationalisation partielle aussi longtemps que nécessaire pour assainir les pratiques bancaires et sécuriser l’épargne des Français.

Elle veut aussi réindustrialiser la France par des protections raisonnables aux frontières qui serait mise en oeuvre pour lutter contre la concurrence déloyale des pays à très bas coût de main-d’oeuvre et les délocalisations qui en sont la conséquence. Enfin, elle promet d’obliger l’État et les administrations à se fournir  auprès des entreprises françaises par la grande loi « Achetons français».

Jean-Luc Mélenchon. Fustigeant des « politiques d’austérité désastreuses », le candidat du Front de gauche plaide d’abord pour une meilleure répartition des richesses. Il entend ainsi créer une nouvelle règlementation contre la spéculation, et placer sous contrôle les banques qui ne la respecteraient pas. Les échanges commerciaux avec les paradis fiscaux seraient également interdits. Il espère ainsi « désintoxiquer les entreprises de la finance » et « rétablir le potentiel industriel de la France ».

Des pôles d’activités seraient constitués autour de secteurs émergents, en alliant recherche, innovation, développement, formation et production. Jean-Luc Mélenchon veut enfin favoriser la relocalisation des activités et les circuits courts de distribution.

Philippe Poutou. Pour le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste, la récession est le résultat d’une « crise globale du système capitaliste ». Selon lui, il faut donc sortir du système productiviste. Son idée : pourquoi vouloir toujours produire plus si l’on ne consomme pas tout ce que l’on produit ? Il plaide donc pour des investissements massifs dans les énergies renouvelables. Selon lui, le démantèlement des centrales nucléaires en dix ans, et la construction de plate-formes nouvelle génération pourra générer des milliers d’emplois.

Nathalie Arthaud. La candidate de Lutte ouvrière soutient que le « coût du travail » n’existe pas : « le travail n’est pas un coût pour les entreprises mais au contraire un bénéfice » puisqu’il produit de la valeur. Elle veut donc stopper toutes les aides de l’Etat envers les entreprises, et redistribuer les profits aux salariés. Elle sous-entend que les travailleurs pourraient ainsi consommer davantage, et faire repartir la production à la hausse.

Jacques Cheminade. Pour le candidat de Progès et Solidarité, pour renouer avec un meilleur système, il faut « tarir la source de l’oligarchie financière » en séparant banques de dépôt et de crédit d’une part, et banques d’affaires de l’autre. Il compte aussi mettre en faillite les banques d’affaires qui ont « joué et perdu ». Il désire au contraire créer une banque nationale pour investir dans les équipements publics, l’école, l’hôpital, le laboratoire et les TPE et PME inventives. Pour lui, il faut relever les défis du développement de l’Afrique et de l’exploration spatiale et se donner les moyens de peupler le monde avec la physique nucléaire.

François Bayrou. Le centriste veut créer un Commissariat national aux stratégies, une structure légère qui aura pour objectif de coordonner tous les acteurs du redressement économique et définir filière par filière une politique de production à long terme. Il veut simplifier les contraintes administratives et fiscales parce qu’une entreprise, « comme une famille, a besoin de visibilité, et pas d’un paysage juridique en perpétuel mouvement ». Pour prévoit d’établir des règles propres aux petites entreprises pour favoriser leur accès au crédit, aux marchés publics, à la sous-traitance, et créer un guichet unique pour accompagner l’entreprise. Il entend mettre en réseau les grandes entreprises et les PME, pour créer une complémentarité profitable, encouragée par un avantage fiscal lorsqu’il y aura investissement en faveur des PME.

Il projette également de créer un outil de financement propre : un établissement financier régionalisé, associant les collectivités locales, dédié au financement des PME et des entreprises de taille intermédiaire. Selon lui, « le réarmement économique de la France suppose qu’une partie de l’épargne soit dirigée vers l’industrie ». Il prévoit aussi de permettre aux entreprises de moins de 50 salariés, aux artisans et aux commerçants de créer un emploi sans charges, pendant deux ans, si elle recrute un jeune en premier emploi ou un chômeur sous la forme d’un CDI. Enfin, il entrevoit de créer un label indépendant pour que les consommateurs puissent connaître la provenance, ou la part française des produits qu’ils achètent, afin de les associer à la démarche du « produire en France », développer l’image de marque du « produit en France », et privilégier la qualité en allongeant à cinq ans la durée de garantie légale des produits.

Nicolas Dupont-Aignan. Le souverainiste propose de sortir de la monnaie unique pour passer à l’euro-franc. Cette monnaie nationale sera intégrée à un nouveau système monétaire européen. Sa valeur flexible sera mieux adaptée à la structure de notre économie, croit-il, et permettra aux entreprises d’exporter davantage. Il désire aussi rétablir des règles commerciales équitables en mettant en place des droits de douane et des quotas, comme le font la grande majorité des pays asiatiques ou d’Amérique latine, afin de relocaliser l’activité en France. Il promet de diminuer de moitié l’impôt sur les sociétés pour les bénéfices réinvestis sur le sol français pour les entreprises de moins de 500 salariés.

Des banques seront sous contrôle pour financer l’économie réelle et la séparation des activités de banques d’affaires et de banques de dépôt se fera. En s’appuyant sur des pôles de compétitivité renforcés, qui associeront public et privé, écoles d’ingénieurs, universités, organismes de recherche et industrie, il entend enfin investir dans les filières d’avenir dans le cadre du Plan (énergies renouvelables, transports non polluants, recyclage, biotechnologies), en portant l’effort de recherche à 3 % du PIB et en associant la France à des partenaires européens.

François Hollande. Le socialiste veut créer une banque publique d’investissement pour développer les entreprises. Parmi ses propositions, un livret d’épargne industrie sera lancé pour financer les PME. Il compte réserver les aides publiques et les allègements fiscaux aux entreprises qui investiront en France, embaucheront ou seront offensives à l’exportation. François Hollande veut aussi moduler l’impôt sur les sociétés selon la taille des entreprises et selon que le bénéfice est réinvesti ou distribué aux actionnaires. Enfin, les banques seraient mises au service de l’économie : séparation des activités de crédit de celles liées à la spéculation.

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