25 mar 2012
Presidentielle 2012

Au Zénith, François Bayrou veut être le Henri IV de la Ve République

« Au XVIe siècle, dans les guerres de religion, il y avait les ligueurs d’un côté, du côté de l’affrontement, et Henri de Navarre de l’autre qui plaidait pour qu’on vive ensemble. Vous connaissez mon choix, mon choix d’homme, et mon choix de président : je suis et je serai du côté d’Henri IV, de celui qui force la réconciliation, la tolérance, la compréhension réciproque. »

Au Zénith pour son premier grand meeting de campagne, François Bayrou s’est attaché à écrire son destin. Il a déroulé le film de sa vie, quitte à anticiper les six mois à venir. Ce qui le rend humain, proche des gens, s’est son ascension sociale, ses origines modestes, l’adversité et le vécu qui est le sien, forgé au fur et à mesure des étapes franchies. D’ordinaire en retrait sur sa vie privée, le centriste a redit, comme il l’a fait à plusieurs reprises ces dernières semaines, quel était son quotidien alors qu’il était enfant, jeune homme, jeune élu, jeune ministre.

« Je suis né dans un milieu, et j’en suis très fier, où l’on trimait de six heures du matin, réellement, à huit ou neuf heures du soir, réellement. Les vacances étaient inconnues, évidemment. Et cela pour ne rien gagner que le juste, très juste, nécessaire. Le premier argent conséquent que mon père mit de côté, ce fut le montant de son assurance vie, le jour où il fut fauché dans un accident du travail. « 

Une longue introduction, apaisée, comme il en a l’habitude il a redit son désir de redresser la France, de  » gouverner à partir de la vérité « . Et il a cité Valéry Giscard-d’Estaing, Raymond Barre, Michel Rocard, Jacques Delors comme des membres d’une « même famille politique », « serviteurs de la vérité ». Une famille à laquelle il souhaite appartenir bien évidemment. Car c’est le coeur de son engagement centriste, en dehors de l’UMP et du PS « qui nous ont conduit là où nous sommes ». « Il n’y a pas d’espoir du côté de chez eux ».

Il propose donc « le seul chemin qui permettre de reconstruire ».  » La crise pour l’essentiel, elle ne vient pas d’ailleurs. Ce qui nourrit la crise, c’est une série de mauvaises décisions ». Il prend donc l’engagment, s’il est élu président de la République de « sortir la France du désendettement », en 3 ans seulement. Alors que Nicolas Sarkozy et François Hollande tablent plus sur quatre ou cinq ans.

Pour y arriver, il explique qu’aucune dépense publique ne progressera pendant deux ans, qu’il dégagera 50 milliards d’économies des niches fiscales, d’une augmentation d’un point de la TVA et d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu.

Sourtout, alors que dans son livre « 2012 Etat d’Urgence« , il exposait au grand jour ses différences avec Nicolas Sarkozy et leur irrémédiable incomptatibilité, c’est surtout à François Hollande qu’il s’est attaqué dans ce discours. Entre la remise en cause des 35 heures, les « sornettes » des 60.000 emplois créés dans l’Education nationale ou la tranche marginale d’imposition à 75 % au dessus du million d’euros annuel gagné.  » « Je ne veux pas afficher à la porte de la France : interdit de réussir « . « Nous avons besoin de ceux qui ont la voloné acharnée de réussir. De devenir entrepreneurs, chercheurs, artistes, sportifs… »

Il a ensuite longuement déroulé toutes ses propositions majeures :

> Dialogue social.

Une loi nouvelle qui fera entrer les représentants des salariés, avec droit de vote, au conseil d’administration des entreprises de plus de 500 salariés et au comité de rémunération des dirigeants pour mettre fin à la folie des salaires indécents.

> Représentativité.

Il fera voter loi électorale juste permette à l’Assemblée nationale la représentation de toutes les minorités dès lors qu’elles obtiennent plus de 5 % des voix.

> Education.

Au mois de juillet il convoquera un Grenelle de l’éducation. Sur la base de concentrer la moitié du temps scolaire de primaire sur la langue française, sur la lecture, l’écriture et le calcul ; d’apporter une formation spécifique à tout élève en 6e qui ne sait pas bien lire ; que l’histoire retrouve sa place en terminale scientifique ; que le niveau du baccalauréat ne soit plus défini en fonction de pourcentages de résultats, mais en fonction des connaissances nécessaires à la fin d’études secondaires et à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Il souhaite garantir également la protection effective des moyens de l’éducation nationale.

> Ecologie.

« Je n’oublie pas que j’ai signé, il y a cinq ans, le pacte de Nicolas Hulot. Quand je signe quelque chose, je suis engagé. » « Je fixerai au gouvernement une feuille de route à l’horizon 2030, une triple exigence d’assurer la production électrique nécessaire, en respectant à la lettre les injonctions de l’Autorité de sûreté nucléaire renforcée dans son indépendance. »

> Trois étapes pour l’Europe.

« Je défendrai la création d’un président pour l’Europe, résultat de la fusion entre président du Conseil et président de la Commission. Ainsi une autorité stable et connue de tous sera mise en place, dont les citoyens entendront la voix et à qui, s’il le faut, ils pourront demander des comptes. Je défendrai l’idée que ce président soit élu au suffrage universel des citoyens européens. » Deuxième étape, « je soutiendrai l’idée de Jean Arthuis d’une « cour des comptes européenne », par extension des pouvoirs d’Eurostat par exemple, chargée de faire la lumière sur la situation respective des partenaires européens. Et la création d’une commission des finances regroupant des représentants des parlements nationaux. » Troisième étape, je défendrai l’idée que l’Europe doit porter une stratégie économique au service de la croissance et de l’emploi.

> Sécurité.

François Bayrou veut « réimplanter les forces de police dans les quartiers devenus zones de non droit ». « Je nommerai dans chacun de ces quartiers, un sous-préfet chargé de coordonner tous les services de l’État, qui sera l’interlocuteur des habitants et de leurs élus, avec obligation de résidence dans le quartier, pour qu’il vive la réalité de tous les jours des habitants et qu’il soit pour eux un interlocuteur quotidien. Enfin, je définirai pour le public le plus sensible, les jeunes, parfois les très jeunes mineurs, la réponse la plus rapide, la plus immédiate, par exemple sous forme de réparations. Je ne veux plus entendre des enfants utilisés par des bandes dire à des policiers débordés : « de toutes façons, tu ne peux rien me faire, j’ai la loi pour moi ! » Je demanderai que soit mis en oeuvre un plan efficace de lutte contre les trafics d’armes. »

> Référendum.

« Elu Président de la République le 6 mai, j’organiserai le 10 juin, jour du premier tour de l’élection législative et en même temps que celle-ci, un référendum de moralisation de la vie publique en France. Je soumettrai aux Français directement les questions irrésolues depuis tant d’années : Je mettrai fin au cumul des mandats pour les députés et je les limiterai pour les sénateurs. J’obligerai les parlementaires à siéger effectivement dans leur assemblée et ils ne pourront voter que s’ils sont présents.
Je modifierai le mode de scrutin des députés pour qu’enfin tous les courants d’opinion puissent être représentés au Parlement. Je réduirai le nombre de députés à 400, et je réduirai aussi le nombre de sénateurs. Je reconnaîtrai le vote blanc comme un suffrage exprimé à toutes les élections. Je renforcerai l’obligation de parité pour que l’on sorte enfin de cette anomalie qui met la France à la 61ème place parmi les pays du monde pour la place des femmes dans la vie publique. Je mettrai fin aux dérives du financement de la vie publique en supprimant la myriade de micro-partis individuels ou de complaisance.
 

> Emploi. 

 À l’automne, après discussion approfondie avec les partenaires sociaux, un grand projet de loi sociale sera débattu au Parlement, en même temps que le projet de loi de financement de la sécurité sociale. Il permettra entre autres la participation des salariés aux conseils d’administration et aux comités de rémunération des entreprises. La loi visera à limiter le recours aux CDD et au temps partiel abusif et à supprimer les freins à la création d’emploi. Je proposerai que soit soumis aux partenaires sociaux l’idée d’un contrat de travail unique fondé sur une consolidation progressive des droits. Branche par branche, je demanderai aux partenaires sociaux que soient examinées des propositions adaptées et nouvelles afin d’augmenter le pouvoir d’achat des salariés.

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