13 mar 2012
mariellaesvant

Discrète visite de Joly à Clichy-sous-Bois

Ni écran géant, ni drapeau, ni sono. Eva Joly a fait une visite discrète à Clichy-sous-Bois, lundi, sur invitation du « ministère de la crise des banlieues ». Le collectif AClefeu attendait un retour sur ses « 23 propositions aux candidats à l’élection présidentielle ». Les traits tirés, la candidate écologiste est arrivée avec son programme sous le bras et un staff resserré. A quelques jours du coup d’envoi de la campagne officielle, elle a écouté, approuvé, souri. Portant tranquillement ses 2,5% d’intentions de vote.

 

Ce lundi matin, au 103 allée de chapelle, on est loin des 47.000 militants UMP de Villepinte, des 25.000 militants PS du Bourget, même des 1.600 écolos de Roubaix. Dans les petits locaux du collectif, son président, Mohamed Mechmache, deux salariés, et une poignée de militants. Avec le vice-président du conseil général de Seine-Saint-Denis, les fidèles d’Eva Joly et les quatre photographes présents, ça fait 20 personnes, tout au plus. « Les médias nous ignorent », souffle Vivian, du staff presse. Le reste du monde avec.

Le problème avec Eva Joly, « c’est qu’elle ne donne rien », regrette un JRI. Aux caméras en tous cas. Pas de grandes phrases, juste de longues tirades. Plus d’annonces choc, elle s’en tient au programme. Au mieux, un sourire, un regard. « Elle est charismatique quand on est proche d’elle, pas dans les médias », résume un documentariste qui tente de saisir « l’intime » de sa campagne.

Média ou pas, elle est là, première à avoir répondu présente à l’invitation de Mohamed Mechmache. Elle a lu ses propositions, elle les a annotées. Autour de la petite table en formica, elle les écoute à nouveau, attentive. Elle parle peu, mais tranche d’une voix posée. Elle n’a pas de nouvelles promesses à abandonner sur la table, avant de repartir semer ailleurs. Seulement son programme, elle s’y tient.

Avec la faconde d’une greffière, elle liste les propositions qui collent. Chapitre par chapitre, sans emphase, sans ajout, elle récite. La sanctuarisation des services publics, les 400.000 places en crèches supplémentaires par an, le soutien aux PME, la suppression des franchises médicales, la modification du système d’affectation des enseignants, la réforme du régime des contrôles d’identité – « s’attaquer à l’origine, c’est vraiment inadmissible » -, les aides aux entreprises qui s’installent dans les quartiers populaires, l’application de la loi SRU, l’allocation d’autonomie, la hausse des minimas sociaux, l’urgence de désenclaver la banlieue, de créer du transport, de permettre la mobilité. « C’est dans notre programme, on est d’accord. », assène-t-elle. Mohamed Mechmache en attendait peut-être plus. Elle est restée inflexible, droite comme la justice. Sans parole en l’air. En ressortant une heure plus tard, ni hourra ni huée. Peut-être quelques votes « blancs » teints en vert.

 

Un peu de temps encore avant de repasser le périphérique. Visite au pied de la cité, comme pour montrer qu’elle peut y aller. Le Chêne-Pointu, ses huit barres d’immeubles délabrées, ses émeutes, ses appartements sans chauffage, ses ascenseurs en panne, ses marchands de sommeil. Les médias connaissent ; Europe Ecologie aussi. Stéphane Sitbon-Gomez, son directeur de campagne surtout. « Pour pouvoir agir, il faudrait que la caisse des dépôts et consignation rachète l’ensemble », explique-t-il.

Ce n’est pas la visite d’Eva Joly qui fera avancer les choses. Ce n’est pas là non plus que la candidate pêchera des voix. Même si « les banlieues, c’est 8 millions de personnes, dont 6 millions en mesure de voter », argumente le collectif AClefeu. Entre deux autres rendez-vous de campagne, Eva Joly est venue, sans caméra (ou presque). Elle a écouté, souri, regardé et hoché la tête. Elle a parfois tutoyé, dit « ouais ». D’un petit filet de voix qui a du mal a trouver sa place dans les médias.

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