8 mar 2012
mariellaesvant

Sarkozy et l’immigration : retour sur un quinquennat (déjà) très à droite

« Il y a trop d’étrangers sur notre territoire. Notre système marche de plus en plus mal, nous ne pouvons plus leur trouver un emploi, un logement, une école »… Les propos de Nicolas Sarkozy, mardi, dans l’émission Des paroles et des actes en a fait bondir plus d’un. Que président-candidat, affirme vouloir durcir les conditions d’immigration n’a rien de très surprenant : il tenait le même discours lors de sa campagne en 2007. Ce qui est particulièrement marquant, c’est que ses propositions sont de plus en plus proches – quoiqu’en dise l’intéressé – de celles de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan.  Beaucoup pointent une extrême-droitisation du discours de Nicolas Sarkozy. L’Ump s’était pourtant largement illustrée sur le sujet ces cinq dernières années, dans les textes, et dans les mots.

 

 

Depuis 2007, et même 2002, comme l‘analyse le think tank Terra Nova, les conditions d’immigration se sont durcies en France. Jusqu’à atteindre la limite du droit européen. La liste des lois, décrets et circulaires adoptés depuis 2007 est consultable in extenso sur la page « immigration » du gouvernement. Derniers en date, le décret relatif  » au niveau et à l’évaluation de la connaissance de l’histoire, de la culture et de la société françaises requis des postulants à la nationalité française ». On peut aussi lister le décret permettant la rétention administrative de longue durée (6 mois) de certains étrangers ; la circulaire du 31 mai 2011 visant à baisser de « 30% », selon le chiffre annoncé par Claude Guéant à l’époque, l’immigration professionnelle, la mesure adoptée à l’Assemblée en 2009 punissant les mariages « gris »

C’est peut-être pour ça que son annonce de réduire de moitié le nombre d’immigré légaux en France (de 180.000 à 100.000, selon ses chiffres) est jugée « peu crédible » par François Bayrou, de « faux objectif par François Hollande, « Indigne » par Eva Joly. La gauche dans son ensemble dénonce des « contre vérités » humiliantes, visant en premier lieu à « draguer les électeurs » du Front national.

Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a aussi été marqué par des déclarations frisant la xénophobie. La version en ligne du magazine Politis en a même tiré une frise chronologique. Certains ont particulièrement marqué les esprits.

2007-2012 : dérapages en série

Le 2 mars dernier, Claude Guéant confond manifestement « étrangers » et « musulman », lorsqu’il déclare « Accepter le vote des étrangers, c’est la porte ouverte au communautarisme. Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines, ou réglementent les piscines à l’encontre des principes de mixité ». Il aurait tout aussi bien pu évoqué la paella ou le port de la culotte bavaroise…

Le même, un mois plus tôt, qui avait lancé une (nouvelle) polémique en affirmant, lors d’un colloque organisé par l’Uni à l’Assembée nationale : « Nous devons protéger notre civilisation. Contrairement aux socialistes, je pense que toutes les civilisations ne se valent pas. »

En juillet 2011, la Droite populaire, connue pour ses positions à la droite du parti, s’est illustré par l’organisation d’un apéro « Saucisson – vin rouge ». Une manière, pour ce groupe de députés Ump, de reprendre à leur compte l’idée de l’apéro « saucisson – pinard » organisé par le Bloc identitaire et Riposte Laïque un an plus tôt. Et le député du Rhône, Philippe Meunier, rédacteur de l’intitulé de se défendre en rajoutant :  « C’est nul, cette exploitation politique ! Je trouve cela risible. Je mange souvent des kébabs, je ne fais de procès d’intention à personne, moi… »

La Droite populaire toujours, par la voix du député Lionel Lucas, après le discours de Grenoble , où Nicolas Sarkozy promettait, entre autres, d’accélérer le démantèlement des campements nomades et l’expulsion des Roms:  « Les expulsions de Roms sont parfaitement normales. Ce qui est étonnant, c’est de s’arrêter à eux ! Ces mesures d’expulsion doivent concerner toute personne étrangère, quelle que soit sa communauté, ne respectant pas les principes de la Nation ».

Le 8 mars 2011, alors que certaines démocraties occidentales, supportant le soulèvement dans le monde arabe, redoutaient l’arrivée « massive » d’exilés, la députée Ump Chantal Brunel avait eu ce mot remarqué : « Il n’est pas normal que l’on ne rassure pas les Français sur toutes les populations qui viennent de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux ! »

 

 

En 2009, Brice Hortefeux, ex-ministre de l’Intérieur, condamné pour injure raciale en première instance en 2010, mis « hors de cause » sur fondement juridique en 2011. La vidéo date de septembre 2009. Elle est tournée (discrètement) à l’Université d’été de l’Ump à Seignosse. Des militants expliquent au ministre de l’intérieur, qu’Amine mange du cochon et boit de la bière. Le ministre s’amuse : « Ah, mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype. » Puis, il ajoutait : « Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ».

 

 

En décembre 2009, c’est Nadine Morano, alors ministre de la Famille, qui sautait à pied joint sur un cliché « du » jeune musulman : « Ce que je veux, c’est qu’il travaille, qu’il ne parle pas verlan et qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ».

En 2007, alors installé dans son siège de campagne, dans la Xe arrondissement, Nicolas Sarkozy, l’ex-ministre de l’Intérieur candidat à l’Elysée  avait affirmé, à un militant qui lui demandait si « l’avenir de la France, c’était la multiplication des petits Istanbul » : « la communauté turque, elle ne s’intègre pas. Ils parlent entre eux. Ils se marient entre eux. Ils vivent entre eux. De la même façon, pourquoi a-t-on plus de problèmes avec des enfants originaires d’Afrique qu’avec les enfants originaires du Maghreb. Faut réfléchir à ça. Pourquoi ? Mon explication, c’est que la famille maghrébine a mieux tenu que la famille africaine.  »

 


Sarkozy par lui-même par icetreamtv
Quelques jours plus tôt, déjà en campagne, il affirme  « Personne n’est obligé d’habiter en France. Mais quand on habite en France, on respecte ses règles, c’est-à-dire qu’on n’est pas polygame, qu’on ne pratique pas l’excision sur ses filles, on n’égorge pas le mouton dans son appartement. »

Ce qui ne va pas sans rappeler les glissements sur la viande halal de ces derniers jours.

 

 

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