2 mar 2012
Chloé Bossard

Hollande-Sarkozy, l’escalade des mots

Le déplacement de Nicolas Sarkozy à Bayonne restera dans les mémoires comme l’un des plus violents de la campagne. Le président-candidat a été hué, insulté, cible de jets d’oeufs lors d’une manifestation d’indépendantistes basques et de quelques militants socialistes hier. Une bonne occasion pour accuser François Hollande d’être à l’origine de l’incident.

« Hollande a annoncé l’épuration s’il était élu, de tous les magistrats, de tous les fonctionnaires et de tous les ambassadeurs qui ne pensaient pas comme lui, alors forcément, ça échauffe les esprits des gens de la base », a déclaré Nicolas Sarkozy, à chaud. Dérapage verbal ou accusation intentionnelle ? Le terme « épuration », qui rappelle la shoah, a immédiatement fait le tour des médias. On connait la suite.
 
 
Toute la journée, PS et UMP n’ont cessé de se renvoyer la balle. Le camp de Nicolas Sarkozy sommant François Hollande de présenter des excuses pour l’accueil de Bayonne. Le camp de François Hollande dénonçant une « campagne de l’excès ».
 
« Le quinquennat de l’excès » 
 
Malgré ce durcissement, François Hollande répondu à son rival sur le ton de l’apaisement ce matin, en marge d’un déplacement dans une coopérative parisienne. Le candidat socialiste a appelé les sympathisants de gauche à « ne pas céder à la violence » avant de déplorer la « culture de l’outrance » de son adversaire. « Le candidat sortant, qui sort d’un quinquennat de l’excès, ne devrait pas faire une campagne qui soit celle de l’excès », a-t-il déclaré. Quant à l’épuration, « le mot est tout sauf approprié et renvoie à des périodes de l’Histoire qui n’ont aucune signification par rapport à ce qu’on été mes propos », s’est-il défendu.
 
Nicolas Sarkozy, en déplacement à Bruxelles en tant que président, répondra à ces critiques, demain lors de son grand meeting à Bordeaux. Mais son arrière-garde est déjà sur le champ de bataille. Jean-François Copé, en ligne de front, a réclamé les excuses de François Hollande pour les « casseurs » socialistes. Le secrétaire général de l’UMP a diffusé des vidéos de la visite du président-candidat, où l’on voit parmi les manifestants des militants socialistes agiter des programmes du candidat PS. « Pire, des élus socialistes étaient présents », affirme-t-il, en égrenant les noms de neuf d’entre eux. « Cette opération était donc totalement préméditée. C’est absolument scandaleux. »
 
Moscovici, démission !

Le député UMP Damien Meslot en est même arrivé à demander la démission de Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande. Si ce dernier ne prend pas de sanctions contre les militants impliqués à Bayonne, « tout le monde aura compris qui en était l’instigateur », écrit-il dans un communiqué.

Guillaume Lambert, directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, a choisi une méthode plus soft en écrivant directement à Pierre Moscovici. « Je forme le voeu que vous puissiez veiller à ce que les élus et les militants du parti socialiste ne reçoivent plus de consigne, comme cela était le cas à Bayonne, de prendre part à ce genre de pratique antidémocratique visant à entraver par la force la campagne électorale de Nicolas Sarkozy », peut-on lire dans la lettre ci-dessous

 

« Diffamation », a répondu l’équipe de campagne de François Hollande. Ces propos « traduisent de la part du candidat UMP à l’élection présidentielle, et de son entourage, une perte de sang froid. À moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie délibérée destinée à noyer la campagne présidentielle dans la polémique et dans l’invective pour éviter le débat sur le bilan du quinquennat », écrit Bernard Cazeneuve, porte-parole de François Hollande. Il n’hésite pas à comparer la campagne à un « massacre à la tronçonneuse » qui « abaisse le débat politique ».

« Un combat de coqs »

« Il faudrait que le président de la République tienne un peu ses nerfs », a renchéri Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS, selon qui Nicolas Sarkozy « surjoue l’indignation ». « Il est un peu en difficulté, donc il s’accroche à toutes les occasions de rebondir ». Le directeur de la communication de François Hollande, Manuel Valls, avait assuré jeudi qu’ « aucun militant socialiste » n’était impliqué dans les incidents de Bayonne.

Quant aux autres candidats, ils essaient tant bien que mal de se placer en arbitres plutôt qu’en spectateurs. « Qui sème le vent récolte la tempête, je suis stupéfait de la bassesse de la campagne« , a notamment dénoncé Nicolas Dupont-Aignan, « la faute à la bipolarisation ». Un argument partagé par Dominique de Villepin, qui décrit « un dialogue de sourds » dans lequel les deux candidats « prennent les Français pour des gogos ». Quant à François Bayrou, il préfère parler d’un « combat de coqs« . Reste à savoir qui chantera le plus fort.

Prochain épisode à suivre demain lors du meeting de Nicolas Sarkozy à Bordeaux…

2 Comments

  • Et ça continu, les coups bas et l’agressivité : de la part de Najat BELKACEM , porte parole de Hollande, qui écrit (dicté probablement par l’intéressé ! ) :  » Le Nicolas SAKKOZY qu’on cherche à vendre aux français est un faux, une contrefaçon, un produit de contrebande imaginé par des cerveaux d’extrème droite et revendu par des valets sans morale comme Xavier BERTRAND….. » .
    Mais où va s’arréter le brillant gestionnaire de Corréze ( qui « gère » le département le plus endetté de France…) ! et qui veut nous donner des leçons….pauvres socialistes ….

    • Toujours les mêmes discours, nicolas le petit et ses supporters ne savent que dénigrer, surenchérir sur les propositions du front national et crier au loup. A Bayonne l’organisation ump a eu des ratés, elle a oublié de commander les bus pour transporter la claque qui entoure habituellement le président candidat. Il est vrai qu’habitué à se déplacer dans des périmètres truffés d’électeurs ump, tous les opposants ou manifestants maintenus à 3 km ns a fini par croire qu’il était populaire. Mais c’est vrai qu’avoir à grand peine 1/3 des français qui satisfaits de son action c’est être populaire.
      Qui a viré le préfet de la Manche quand lors d’une visite à St Lô la foule l’a hué et sifflé?Le locataire provisoire de l’Elysée, qui a donné des consignes pour que les manifestants arborant des pancartes le moquant ou dénonçant son action soient poursuivis en justice? Toujours le même. Etre le seul président ayant endetté son pays de 500 milliards en 5 ans c’est être un super gestionnaire. Gardez votre calme vos caricatures sont à votre image

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