1 mar 2012
mariellaesvant

Hollande à Londres : « I’m not dangerous »

Pour The Independant, c’est en « rock star » que François Hollande a été accueilli à la gare de St Pancras mercredi à Londres. Même s’il n’a pas été accueilli au 10 Downing street, comme le relève le Time, son opération séduction auprès des 300.000 Français de Londres, pourtant majoritairement plutôt à droite – et travaillant dans la finance, semble avoir porté ses fruits. Si l’on en croit les quotidiens britanniques, le candidat socialiste a été plutôt bien accueilli dans la « sixième ville française »… même s’il reste peu connu des sujets de la Reine.

Pour les quotidiens conservateurs, comme le Daily Mail, c’est « l’ennemi de la finance » qui venait draguer sur les bords de la Tamise. Avec en plus cette proposition, propre à « chasser les riches hors de France », de taxer les très hauts revenus à 75%… Même leur homme de gauche, Ed Milliband, qui a accueilli son camarade socialiste hier, n’irait pas si loin. « Nous n’irons pas au-dessus de 50%. Les solutions sont différentes dans  chaque pays » a glissé le leader du Labour lors de leur déclaration commune organisée loin des feus de la rampe, dans le bureau des travaillistes au Parlement.

Reste que Hollande, après avoir préparé le terrain dans une interview au Guardian le 13 février dernier, se l’est joué aussi rassurant que possible pour les Français (et  autres) de la City. « I’m not dangerous » a-t-il déclaré dès sa descente de l’Eurostar.  Ce qu’il veut, c’est « une finance au service de l’économie ». Mais une finance tout de même.

Là où il était certain de ne pas se tromper, en s’adressant aux expat’s, c’est en prenant la parole sur de thème de l’Europe qui procure de l’emploi, de la croissance et des opportunités pour la jeunesse… « Il prêche des convertis », s’amuse le Guardian. Car tous les Français de Londres ne sont pas des banquiers, et tous ne vivent pas à South Kesington. Contrairement à ce qu’aurait pu penser le reporter de The Independant avant de se rendre sur place. Près d’un tiers travaille dans le secteur public, l’éducation en particulier. Résultat, il y avait un peu plus de monde que prévu sur le quai . Même si des sujets de sa Majesté, pris au piège par la cohue, se demandaient qui était cet homme entouré de dizaine de photographes, accueilli par des jeunes propres sur eux arborant une rose à la poitrine. Sondés par le journaliste du Guardian, les Français de Londres se sont montrés plutôt bienveillants.

En « jouant des coudes », le journaliste de The Independant, Michael McCarthy a réussi à approcher la « rock star » au sourire Colgate « de celui qui vient de gagner à la loterie ». Et à lui demander si la présence à Londres de « 400.000 Français » ne s’expliquait pas par le « dynamisme du modèle anglo-saxon » par rapport à la « léthargie du modèle social français« … « Non », lui a répondu Hollande. « Ils sont là pour travailler au service de l’économie européenne et c’est une bonne chose qu’il y est de jeunes gens qui mettent leur talent et leurs compétences à travailler pour une bonne cause ».

S’il ne soulève pas encore les foules au royaume de Shakespeare, et reste ignoré des responsables du gouvernement, Hollande, « plus charismatique, meilleur orateur et plus habile à contrôler un parti fragmenté » que son alter ego travailliste, selon le Guardian, représente pour « la Grande Bretagne et pour l’Europe  la promesse d’une « nouvelle approche ».

Après sa visite – express – François Hollande aura en tous cas laissé une trace à la gauche de la gauche. Selon le Daily Mail, le chef du Shadow Cabinet d’Ed Milliband, aurait invité ce dernier à suivre l’exemple du candidat socialiste… Selon lui la preuve vivante que la gauche « a retrouvé son dynamisme et son chemin après une longue période de marasme » et ajoute que Hollande n’a pas peur de passer outre les réactionnaires, l’austérité de l’aile droite et le statut quo ». Si après ça Jean-Luc Mélenchon l’accuse encore de jouer un double-jeu…

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