27 fév 2012
Presidentielle 2012

Agriculture : ce que proposent les candidats à la présidentielle

Des contrats et la réciprocité. Ce sont les deux « mamelles » du volet agricole de Nicolas Sarkozy. Depuis 2007, il estime avoir redonné au secteur une réelle compétitivité. Même si le président de la FNSEA a regretté que les 600.000 exploitations agricole ne puissent pas bénéficier des avantages de la TVA sociale. Pas question, en effet, d’alléger les charges patronales du secteur, a confirmé Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture. Trop coûteux.

Pour le président sortant, il faut d’abord instaurer un système de réciprocité, au niveau européen, pour que les produits importés respectent les mêmes contraintes imposées à nos producteurs. Pas forcément simple de convaincre tous les partenaires européens et pas simple de dégager une « norme » puisque tous les pays européens ne font pas peser les mêmes contraintes ou traçabilité des produits. « Sur ce point, nos idées progressent de plus en plus, car les gens voient bien que la situation n’est pas normale. L’Europe a tout à perdre du protectionnisme mais aussi tout à perdre de la naïveté » explique-t-il lors d’une interview au magazine la France agricole et repris sur son site de campagne.

Nicolas Sarkozy lors d'une visite en Charente sur le thème de l'Agriculture. Il hume une préparation alimentaire pour bovins. (photo NR)

L’autre grande ambition est de développer les contrats et les « paquets » afin de permettre aux producteurs d’un même produit, d’établir un prix moyen et ensuite de signer des contrats avec des distributeurs. Pour se protéger. « Je crois au contrat parce qu’il met à la charge du distributeur des règles qui vont protéger le producteur. J’y crois parce qu’il permet d’inscrire la production agricole dans l’avenir. L’agriculteur est mieux à même d’investir parce qu’il est assuré que sa production sera achetée. De plus, le contrat oblige les différentes filières de production à s’organiser.  L’éparpillement reste un problème pour certaines d’entre elles. »

Sur sa définition des paquets, il précise : « Pour négocier un contrat il faut qu’au sein de chaque filière on définisse un prix moyen de production. L’Etat sera résolument du côté des producteurs pour les aider dans leurs négociations avec la grande distribution. Nous avons également soutenu le développement de la vente directe car il faut que le producteur soit au contact du consommateur. »

> François Hollande. Rapport de force et développement durable.

Le candidat socialiste, François Hollande rejoint en partie Nicolas Sarkozy dans son désir de protéger les producteurs face aux distributeurs.  » Je donnerai aux producteurs les moyens de s’organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières face à la grande distribution  » explique le programme PS.

En revanche, il se démarque en mettant au coeur de son action le développement durable et les circuits courts.  » En lien avec les collectivités territoriales, nous encouragerons les agricultures durables, notamment l’agriculture biologique. Les circuits courts, du producteur au consommateur local, seront favorisés à travers des mesures concrètes et expérimentées avec succès par plusieurs régions et départements à direction socialiste.  » L’agriculture biologique serait aussi encouragée ainsi que les secteurs stratégique et en devenir de l’agro-alimentaire et des dérivés industriels de l’agriculture.

 » Se tourner vers l’avenir, c’est choisir les nouveaux facteurs de la compétitivité agricole : l’environnement, la sécurité sanitaire et le développement de la qualité. Ce sont les nouveaux facteurs de la compétitivité agricole.  »

> François Bayrou. Ne pas oublier le facteur social.

Fils d’exploitant agricole, ancien exploitant agricole lui-même, François Bayrou veut qu’on n’oublie pas le volet social et historique de l’agriculture en France, comme maillon démographique et de désenclavement notamment.  » Le but politique n’est pas seulement d’avoir des productions aux meilleurs prix, c’est aussi de sauvegarder des agriculteurs et des exploitation en nombre suffisant.  »

Face aux distributeurs tout puissant, il prone lui aussi  » des organisations de producteurs  » afin qu’ils « puissent se défendre eux-mêmes face aux grandes surfaces, face à leurs clients industriels, pour défendre leurs droits.  »

Il ajoute : « L’agriculture en France, a une fonction sociale autant qu’une fonction de production. Nous avons besoin d’un tissu agricole familial, de taille moyenne. Avec quelques fois plusieurs familles associées, dans lesquelles il y a de la sérénité et où les gens peuvent penser l’avenir.  »

> Marine Le Pen. PAF et lutte contre la manipulation des marchés.

La Politique agricole commune – et ses 10 milliards d’aide aux agriculteurs français – telle que nous la connaissons, vit ses dernières heures. Avant d’envisager une réforme de la PAC, Marine Le Pen vise déjà la PAF (politique agricole française).

La candidate frontiste, dans son programme, explique que l’argent que ne mettra plus la France dans l’Europe, servira en partie à financer cette nouvelle politique. Elle vise une loi de programmation agricole pour fixer les prix à moyen terme et permettre aux agriculteurs d’avoir  » une visibilité à moyen terme leur permettant de prendre des décisions d’investissement « . Elle milite aussi pour une réduction de la  » bureaucratie agricole  » et une « simplification des procédures « .

Enfin, outre une loi  » Achetons français » sur les produits de l’agriculture, elle veut elle aussi mettre en place « Une lutte renforcée contre les ententes entre centrales d’achat et les abus de position dominante de la grande distribution sera menée, grâce à un renforcement des moyens de l’Autorité de la Concurrence à laquelle la loi fixera en outre une mission plus ambitieuse et l’adoption – enfin- d’une loi sur les recours collectifs.  »

> Eva Joly. Monstres qui vampirisent et SRU de l’agriculture.

Lors de son long discours à Caen sur l’agriculture , Eva Joly s’en est prise aux monstres qui  » vampirisent les peuples, l’agriculture et les subventions publiques « . Désignant « Monsanto, Cargill, Syngenta ou Dupont de Nemours. Ils ne se sont jamais aussi bien portés qu’aujourd’hui, à l’heure où le peuple, dans sa grande majorité, se serre la ceinture ! » Elle milite pour que la production des biens agricoles soit  » organisée à l’échelle continentale, là où des règles sociales communes et cohérentes régissent les droits des travailleurs de la terre !  »

Pour la candidate EELV (qui a écrit à Xavier Beulin),  » la concurrence libre et non faussée n’aurait de sens que si l’on utilisait les mêmes règles du jeu social, économique et environnemental.  »

En France, c’est une véritable loi SRU (obligation faite aux communes de compter 20 % de logements sociaux) de l’agriculture que souhaite instaurer Eva Joly :  » je veux inciter les collectivités et l’ensemble des acteurs locaux à atteindre, sur leur territoire, 20 % de surface agricole utile en bio d’ici la fin du nouveau mandat.  » Le bio, pierre angulaire d’un programme qui veut  » 100 % de bio dans les cantines, voilà un objectif que je souhaite atteindre pour que nos enfants puissent accéder à cette alimentation saine. 100 % de bio dans les crèches et les maternelles d’ici la fin du quinquennat, voilà mon engagement « .

« Le lien entre la multiplication des cancers et des maladies neuro-dégénératives est suffisamment démontré pour que des mesures drastiques de prévention soient appliquées pour garantir la santé publique « , estime-t-elle.

Enfin, elle n’oublie pas le facteur humain dans sa politique agricole et désire que les services publics soient plus présents dans le monde rural.  » un village ne doit se trouver à moins de dix minutes d’un service public de transport qui lui permette non seulement de se désenclaver et de diminuer son empreinte carbone, mais aussi de diminuer le coût du transport : bus, taxis collectifs, covoiturages, transports à la demande… Les subventions à la route et au transport aérien iront désormais vers ces alternatives.  »

> Corinne Lepage. Produire local et haute productivité environnementale.

 Corinne Lepage a présenté vendredi 24 février son programme sur l’Agriculture. La candidate écologiste le décline autour de quatre axes.

Le premier est l’encouragement au développement d’une agriculure à  » haute productivié environnementale «  qui fait la part belle au bio. Cet aspect s’appuie sur le développement d’une chimie verte via la recherche et la sélection, notamment, de variétés adaptées à notre climat. De même, son deuxième axe veut privilégier l’aide à l’installation et la formation vers ce domaine de haute productivité environnementale.

Corinne Lepage aimerait également qu’on organise l’espace rural autour de la valeur  » produire local «  en développant au maximum les circuits courts et mieux gérer les espaces fonciers.

Enfin, elle veut que la nouvelle Pac soit assortie à une condition de « verdissement » de l’agriculture, en modulant le niveau des aides selon le côté éco-compatible des productions. Au niveau national, elle veut revenir sur le  » décret nitrates  » et l’annuler, autoriser l’utilisation de la semence paysanne et interdire la culture du maïs Mon810 de Monsanto.

> Jean-Luc Mélenchon. Produire autrement.

Le volet agricole du projet humaniste du Front de Gauche est inclus dans le volet intitulé  » Produire autrement ».

Le parti de Jean-Luc Mélenchon veut, au travers notamment de  » pôles publics de l’industrie « , instaurer un « plan national de transition écologique de l’agriculture » en révisant le « mandat des Safer « , en soutenant « l’installation des jeunes agriculteurs  » et  » une agriculture responsable « . 

Concernant la Pac, il prône l' »adoption d’une nouvelle politique agricole commune fondée sur l’objectif de souveraineté alimentaire et centrant la production sur les besoins intérieurs « .

Plus loin sur la transition écologique, il explique vouloir faire  » de l’agriculture française un modèle d’agriculture de qualité, sans OGM, largement autonome en ressources non renouvelables, relocalisée, participant à la santé publique des consommateurs et contribuant à la lutte contre le réchauffement climatique. Aides publiques, recherche agronomique, conseil technique, politique de crédit et enseignement agricole seront repensés en fonction de cet objectif. Nous stopperons et inverserons le processus de concentration de l’agriculture et recréerons des emplois en agriculture.  »

> Nicolas Dupont-Aignan. Protectionisme.

Sur ses 31 propositions pour la France, Nicolas Dupont-Aignan en consacre une (la 14e) à l’agriculture intitulée  » Permettre à nos agriculteurs de vivre de leur travail « . Le candidat gaulliste estime que : « Notre agriculture meurt malgré le courage de nos agriculteurs, puisque les bas prix se font au détriment de la qualité et de la sécurité sanitaire des aliments.  »

Favorable à une dose importante de protectionnisme, il ajoute : « Il est inadmissible d’avoir abandonné nos agriculteurs au « dumping salarial » et sanitaire des marchés. Il faudra donc rétablir des prix de soutien minimaux (notamment un prix minimal garanti pour le lait), assortis si besoin de quotas pour éviter les surproductions.  »

Sa proposition : « Je restaurerai les aides directes aux agriculteurs et j’encadrerai les importations pour protéger notre production et la qualité de notre alimentation. »

> Jacques Cheminade. Juste prix.

Jacques Cheminade entend lui se battre pour « un juste prix pour les produits agricoles et l’Europe devrait y revenir, faute de quoi, il n’y aura plus en France que 150.000 exploitations « compétitives » avec une surface de 500 à 1000 ha. chacune.  »

Plutôt que du protectionisme, il souhaite que la France négocie avec les grannds pays producteurs mondiaux afin qu’ils prennent – via des prêts à longue durée et à faible taux d’intérêt – des engagements pour répondre aux demandes de plus en plus exigeantes des consommateurs.

> Philippe Poutou. Désindustrialisation et prix minimum.

Le candidat du NPA, Philippe Poutou, fustige le quasi-monopole de grands groupes industriels privés qui bénéficient d’une ultra libéralisation… tout en sachant bénéficier de subventions publiques. « Leur crédo, c’est la libéralisation totale des échanges. Les paysans en sont réduits à fournir le produit de base, pas cher, mais indispensable à la transformation qui génère la plus-value des industriels. »

Son crédo est de contrer la tendance à la concentration, à l’industrialisation pour préserver une agriculture plus paysanne et pour les éleveurs notamment, il veut  » une politique de garantie des prix de vente devrait lui être appliquée, pour soutenir le revenu « . Il ajoute : « Il s’agit de distribuer l’outil de travail le plus justement possible, au plus grand nombre. Chacun connait dans ses environs, un exploitant accapareur qu’aucune commission départementale n’arrête. Les dents longues, il a faim de terre. Son agrandissement, ferme après ferme, par tous les moyens, est la cause de l’impossibilité d’installation pour d’autres. Il draine l’aide publique, trouvant là le concours financier de la collectivité pour poursuivre sa conquête d’hectares. Les volumes aussi sont à arrêter à des fins de redistribution… »

Il propose : « les producteurs n’ont pas à être les victimes des faiblesses et effondrements de cours, rôle souvent partagé d’ailleurs, avec les consommateurs. Leur revenu doit être protégé des aléas des marchés. L’idéal serait que ces prix soient négociés sous l’autorité de l’Etat, avec les professionnels de la filière, et les producteurs.  »

> Chez les autres candidats, Nathalie Arthaud parle de « comédie pastorale » mais ne s’étend pas sur l’agriculture enfin, Dominique de Villepin qui se déplace vendredi 2 mars au salon de l’Agriculture, n’a pas inclus de volet purement agricole dans son projet.

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