Et si les chasseurs faisaient la différence ?
En suspend, l’écologie punitive. La France compterait 1,3 million de chasseurs, pour un poids économique de 2,2 milliards d’euros, et plus de 24 000 emplois, selon le sénateur PS Jean-Jacques Mirassou. Trop peu pour chambouler le résultat de l’élection présidentielle, mais bien assez pour se faire chouchouter par les candidats.
Nicolas Sarkozy a dégainé le premier, la semaine dernière, avec une série de mesures pro-chasse. Le président a d’abord levé le moratoire en vigueur sur certains oiseaux, dont le courlis et l’eider à duvet. Ils ne seraient « plus en danger », selon le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage.
Pour continuer dans cette voie, le Sénat a adopté jeudi une proposition de loi sur la modernisation du droit de la chasse. Au menu notamment, la possibilité donnée aux préfets d’imposer aux propriétaires le prélèvement d’animaux sur leur terrain. Il faut « permettre aux chasseurs l’accomplissement de leur passion dans les meilleurs conditions, tout en leur reconnaissant une contribution importante à la préservation des territoires », indique le préambule, qui décrit les chasseurs comme « des acteurs à part entière en matière de gestion de la biodiversité ». « La préservation de l’environnement, ça n’est pas empêcher quiconque de faire quoi que ce soit », avait également déclaré Nicolas Sarkozy le 17 janvier lors d’un déplacement.
« Hérésie ! » répondent les écologistes. Dominique Voynet, porte-parole d’Eva Joly, a notamment dénoncé un « braconnage électoraliste ». Une vision repris en écho par la Ligue de protection des oiseaux : « A la veille des élections, les voeux des chasseurs de chasser toujours plus, plus longtemps et tout de suite ont été exaucés par le président Sarkozy », déclare-t-elle dans un communiqué.
Ce midi, c’était au tour de Nicolas Dupont-Aignan de caresser les chasseurs dans le sens du poil. « Il y a une différence entre certains chasseurs qui sont des viaidards », et ceux « qui aiment leur terroir, et qui sont emmerdés par un certain nombre de normes, qui les empêche de pratiquer leur tradition qui ne gène personne », a-t-il déclaré sur RMC.
Qu’on arrête de « prendre les chasseurs-électeurs pour des pigeons ! », a aussitôt réagi Frédéric Nihous. Et le candidat de Chasse pêche nature et tradition de rappeler sur son site de campagne que Nicolas Dupont-Aignan a reçu de la Fondation 30 millions d’amis une récompense pour service rendu à la cause animale, et qu’il a signé le pacte écologique de Nicolas Hulot en 2007. « Les 13 millions de ruraux qui souffrent ne se reconnaissent pas du tout dans ce discours », assure-t-il.
Car le candidat de CPNT, ne supporte pas que l’on touche à sa chasse gardée. La ruralité, c’est lui. Il n’a donc pas tardé à dénoncer une « grande drague ». Mais, « même s’il y a eu du mieux depuis quelques années », « la chasse ne va pas bien, et seul CPNT le défend vraiment au quotidien ». Celui qui rame encore à dépasser les 250 promesses de parrainages et qui stagne à 0% d’intentions de vote dans les sondages appelle ses électeurs potentiels « à ne pas se laisser endormir, à ne pas écouter le chant des sirènes ».
Mais pour Nicolas Dupont-Aignan, « Frédéric Nihous est aux chasseurs ce qu’est Eva Joly à l’écologie. Ce sont des épouvantails, qui feraient mieux d’être un peu silencieux ». Et vlan.