18 jan 2012
Chloé Bossard

Education : ce que proposent les partis

L’Ecole. Tous les candidats s’accordent pour en faire une priorité du quinquennat à venir. Elle doit éduquer les futurs citoyens de la République, leur transmettre les valeurs de la nation et les savoirs fondamentaux. Dans son projet présidentiel, l’UMP décrit l’éducation comme « le creuset de la République, qui va permettre à nos enfants de sortir gagnants du monde nouveau ». Tandis que pour Jean-Luc Mélenchon, « Le savoir est le bien le plus précieux, car qui sait devient meilleur pour lui-même et pour les autres ».

François Hollande en visite dans une école de Tours, le 5 septembre.

Chacun s’accorde également sur le fait que les écoliers français perdent du niveau. Ils ne sont plus qu’à la 23e place mondiale pour la lecture, et la 24e pour le calcul. Quatre élèves sur dix ont également de grosses lacunes à l’entrée au collège. Et le nombre de jeunes qui sortent du système sans diplôme enfle chaque année. Les candidats veulent y apporter leurs solutions, toutes très différentes.

L’UMP mise d’abord sur la maîtrise des savoirs fondamentaux. Le parti majoritaire propose notamment de mettre en place des évaluations tout au long de la scolarité, dont les résultats seront rendus publics par établissement. Il souhaite également poursuivre l’autonomisation des établissements, amorcée sous Nicolas Sarkozy, afin de « responsabiliser les directeurs ». Ces derniers auront donc une maîtrise plus forte des budgets, de l’évaluation des enseignants et du recrutement. Par ailleurs, lors de son déplacement à Poitiers le 5 janvier, le président – presque – candidat a demandé aux professeurs d’être plus présents dans les établissement, en contrepartie d’une rémunération augmentée. Cette mesure figure aussi dans le projet présidentiel de l’UMP. Enfin, le parti se prononce pour une diversification des pacours dès le collège.

Au Parti socialiste, la proposition portée par François Hollande de recréer 60.000 postes dans l’éducation en cinq ans a fait mouche. Elle est devenu l’une des idées fortes de la campagne. D’autre part, un pacte éducatif « entre les enseignants et la nation » fait partie des trente propositions dévoilées en novembre par le PS. Grosso modo, il inclurait une refonte des rythmes scolaires et des programmes, une personnalisation accrue des enseignements, et la revalorisation du métier d’enseignant. François Hollande doit préciser ces mesures lors de la présentation officielle de son programme dimanche.

Pour le MoDem, François Bayrou s’est d’ores et déjà engagé à préserver les moyens de l’éducation, et à « remplacer poste pour poste tous les départs à la retraite ». Sans programme précis pour le moment, il a néanmoins rendu publiques les grandes lignes de son projet. Aux élèves rebelles, il propose « une scolarité particulière, qui vise non pas à bannir » mais à leur rendre « les chances nécessaires pour reprendre le cours de la scolarité normale ». Pour lui, la classe de terminale doit par ailleurs devenir « une propédeutique », soit une véritable préparation à l’enseignement supérieur.

Marine Le Pen, sous les couleurs du Front National, défend bec et ongles la préparation à la citoyenneté. « Elle doit être instillée dès l’école maternelle (…) par une éducation civique élémentaire et par la formation à la morale républicaine« , écrit-elle dans son projet. Ainsi, elle milite pour que l’accent soit mis sur l’apprentissage du français et de l’histoire nationale. « L’insécurité à l’école doit être traitée de la même manière que l’insécurité en général : tolérance zéro », écrit-elle encore, fidèle à elle-même. Les établissements les plus dangereux seront ainsi équipés de portiques de détection des métaux. Le collège unique serait aussi supprimé, et les filières techniques et manuelles revaloriséesL’intégralité des départs à la retraite sera remplacée.

Europe écologie-Les Verts a pour ambition de créer une école « fondamentale », qui « rompra avec la culture de la performance, du résultat et du contrôle généralisé ». Le parti souhaite encourager chaque jeune de 16 à 25 ans à vivre une « expérience choisie ou un engagement fort » pouvant prendre la forme d’un service civique, avec la garantie de pouvoir reprendre ses études au niveau auquel il les a laissées. Comme d’autres, les écologistes s’engagent également à arrêter les suppressions de postes, mais il vont plus loin en promettant de titulariser les personnels précaires. Eva Joly a appelé à la tenue d’États généraux de l’école dès 2012 pour définir les moyens précis de cette transformation.

Jean-Luc Mélenchon, au Front de Gauche, s’est prononcé pour une « éducation populaire, républicaine et laïque ». Sa mesure-phare sera d’instaurer l’école obligatoire de 3 à 18 ans (elle l’est de 6 à 16 ans aujourd’hui). Sans avoir de programme précis pour le moment, il se déclare contre l’autonomie des établissements, contre l’abrogation de la carte scolaire, et contre l’enseignement privé.

Dans le projet du Nouveau Centre, l’Education tient une grande place. L’idée : « passer de la massification à la démocratisation ». Pour cela, le parti d’Hervé Morin compte poursuivre l’autonomisation des établissements, comme l’UMP. Il promet également de rénover les rythmes scolaires, en réduisant les vacances d’été et de fait la journée scolaire. Les après-midi seraient réservés intégralement aux pratiques culturelles et sportives, ainsi qu’au soutien individualisé. L’alternance, possible dès 14 ans, devra par ailleurs devenir une voie d’excellence, « parce que c’est un sésame pour l’emploi ».

Tout comme Jean-Luc Mélenchon, le mouvement de Dominique de Villepin République solidaire propose que chaque élève soit suivi dans un parcours continu de 3 ans à 18 ans. A part ça, tout le système actuel serait chamboulé. Le candidat prévoit de créer des cités scolaires, qui réuniront sous une même direction tous les établissements de la maternelle au lycée. Mais son cheval de bataille reste la sortie du collège unique. Dominique de Villepin souhaite le remplacer par l’Ecole du Socle, commune jusqu’à 14 ans, et l’Ecole de la détermination qui offrirait une spécialisation progressive jusqu’à 18 ans.

 

Quant au Parti chrétien-démocrate, il veut tout simplement supprimer le ministère de l’Éducation nationale au profit d’un ministère de l’Instruction publique. Le parti de Christine Boutin prône un retour aux bonnes vieilles méthodes : lecture syllabique, conjugaison, dictées, bases chronologiques en histoire. Tout comme Dominique de Villepin, la candidate soutient la suppression du collège unique. Elle souhaite revaloriser l’apprentissage et créer différentes fillières d’excellence. Enfin, les « rites et symboles » de l’autorité seraient remis au gout du jour : estrades, lever des élèves au début des cours, renforcement de l’instruction civique, et… port de l’uniforme encouragé.

Le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République, propose comme presque tous de mettre fin à la règle de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Il veut créer des établissements spéciaux pour élèves difficiles, avec des conditions disciplinaires plus dures, uniformes et encadrement de type militaire. Les élèves renvoyés de leur établissement y seront affectés automatiquement. Le programme comporte aussi un renforcement des dispositifs d’orientation dès la 6ème pour éviter la concentration des élèves dans la filière générale et la section S en particulier.

Pour le Nouveau Parti anticapitaliste, Philippe Poutou souhaite mettre en place un « plan d’urgence ». Il « exige » notamment une totale gratuité des études, et une scolarité obligatoire de 3 à 18 ans, âge avant lequel aucune orientation ne sera possible. L’ensemble des programmes devra être décidé à l’issue d’un débat « public et démocratique ».

Les programmes de Lutte ouvrière (Nathalie Arthaud) Cap21 (Corinne Lepage) et CPNT (Frédéric Nihous) ne sont pas encore finalisé sur ce thème.

2 Comments

  • Les propositions de Monsieur Mélenchon et de Monsieur Poutou sont très graves. Ils veulent instaurer l’école obligatoire de 3 à 18 ans et je dis bien l’école ! Actuellement, seule l’instruction est obligatoire et de 6 à 16 ans.
    Ils sont contre l’enseignement privé et du coup contre l’instruction en famille (environ 3000 familles actuellement)
    Donc, s’ils étaient élus, terminé la diversité pédagogique et scolaire, plus d’écoles Montessori, Waldorf, plus d’école Freinet et plus d’écoles associatives. De plus, les programmes seraient votés démocratiquement, donc…dictature de la majorité :-(.

    C’est vraiment scandaleux pour des partis qui visent soi-disant à libérer les citoyens. Quelle liberté sans diversité pédagogique en fonction des choix et des valeurs familiales ?
    Serions-nous condamnés à avoir tous les mêmes valeurs, les leurs ?

  • Ce sujet semble vraiment central dans la présidentielle…
    Beaucoup de candidats, et d’acteurs de l’élection en tous genres publient un ouvrage sur la question : http://www.myboox.fr/actualite/presidentielles-2012-l-ecole-livres-ouverts-11711.html

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