11 jan 2012
mariellaesvant

Partie de campagne avec Corinne Lepage

Avec à peine 1% d’intentions de vote, moins de la moitié des parrainages exigés, Corinne Lepage, la présidente de Cap 21, a pris le départ de la deuxième manche de la campagne. Le temps de parole des candidats est décompté depuis le 1er janvier, et elle compte bien occuper le temps médiatique qui lui est dû.


Lundi, c’était « inauguration du siège de campagne » et « vœux à la presse dans la foulée ». De quoi mettre l’équipe de campagne – une grosse poignée de bénévoles, des stagiaires, un « encadrant » – et leur candidate sur les rotules. Le lancement « s’est bien passé », selon François Damerval, bras droit de Corinne Lepage, chauffeur, répondeur téléphonique et attaché de presse le temps d’une campagne.

François Damerval, l'attaché parlementaire de Corinne Lepage, est en parti détaché pour la campagne.

Le marathon médiatique commence doucement. Quelques entrefilets pour annoncer l’ouverture du « pas-de-porte boutique » du 49, rue Liancourt, quelques secondes d’audience pour les vœux, une ou deux images presque volées. Mais les rendez-vous sont pris pour la semaine, et les suivantes. Les téléphones sonnent.

« – Pour Ruquier, c’était déjà vu avec François, non ?

  • (…)

  • C’est avec Morin je crois ?

    (François Damerval chuchote : « Demande comment se passe la transition entre vous deux » )

  • Et la transition ?
              (En apparté, à son fidèle François ): » Il n’y a rien, je parle juste après lui ») »

Pour Ruquier, c’est calé, donc. Il y aura aussi une matinale « avec Bourdin », « peut-être Des Paroles et des actes », le magazine Marie-Claire va faire un long portrait. « On fait aussi radio Orient, RCJ et radio Notre Dame », énumère François Damerval. « C’est dommage qu’il n’y est pas radio athée, ça m’aurait bien plus ça », plaisante Corinne Lepage. Puis, presque sérieuse, « il faudrait peut-être en créer une… ». Parce que le dogme, ce n’est pas son truc à Corinne Lepage. Elle est pragmatique. « Rien n’est tout noir ou tout blanc », précise-t-elle. Des fois qu’on n’aie pas bien compris. Parce que parler aux médias, c’est tout un art. Que la présidente de Cap 21 maîtrise. Etre avocate, ça aide. En être à sa troisième campagne présidentielle aussi.

Devant une caméra, Corinne Lepage joue le jeu.

Phrases millimétrées quand un micro se tend, gestuelle engageante quand une caméra s’approche, coiffure rajustée devant un appareil photo. L’enjeu est gros. Elle a quelques semaines pour convaincre. Les maires, déjà, qui préféreraient garder leur signature pour eux : « C’est beaucoup plus dur d’obtenir des parrainages que pour les précédentes présidentielles », estime Corinne Lepage. « Après 2007, certains ont eu des sanctions pour avoir parrainé le FN. Même si moi je n’ai rien à voir avec le FN – je ne suis pas le diable – quand on est élu sans étiquette, ça peut être contre-productif de soutenir un candidat. »

Les électeurs aussi, il faudra les convaincre. Même si sa seule réaction à l’évocation d’une possible victoire, même simplement d’un second tour, est un sourire indulgent. De ceux qu’on fait aux enfants ou aux simples d’esprits. « Ce n’est pas une candidature de témoignage, précise-t-elle aussitôt. C’est une candidature de proposition. »

Celle qui a fondé le Modem avec François Bayrou se ralliera-t-elle a lui ? « Hors de question. Il est imperméable à l’écologie, il a un programme finalement très traditionnel » – elle ne dit pas consensuel. Nicolas Sarkozy peut-être, au second tour, elle qui a été ministre de l’Environnement dans le gouvernement Juppé ? « Sa présidence a été catastophique, d’un point de vu républicain et économique ». Reste la gauche. Le « centre gauche » précisément. En tous cas le camp de ceux qui ne seront pas du côté de Sarkozy. C’est dit.

Reste a marteler ses idées pendant des semaines, en espérant que les citoyens, les candidats, les attrapes au vol. Il y a la sortie du nucléaire, « pas du jour au lendemain, et par pragmatisme économique ; le « produire local » plutôt que « français » ; la « décentralisation énergétique », le rééquilibrage de pouvoirs, « l’écomodulation« , qu’elle a encore du mal à prononcer… Et la justice sociale, la lutte contre la précarité. Celle des femmes notamment. Et pour ça, elle vient de s’engager en signant le Pacte pour l’égalité. Juste après Eva Joly, et avant tous les autres.

Après Eva Joly, Corinne Lepage a signé le Pacte pour l'égalité entre hommes et femmes.

Le 16 mars, si elle n’a pas obtenu ses 500 parrainages, au moins aura-t-elle eu l’occasion de « diffuser ses idées ». Et pour elle, ça compte.

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