18 nov 2011
mariellaesvant

Les nouveaux défis idéologiques de la gauche

Solidarité, tolérance, services publics à gauche ; travail, ordre, innovation à droite. Au-delà des mots, le dernier sondage commandé par la Fondation Jean-Jaurès esquisse les clivages qui posent le nouveau décor idéologique dans lequel va se jouer la présidentielle 2012.  Pour Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès, s’il veut jouer gagnant, le Parti socialiste va devoir réactualiser ses classiques… et transcender les âges et les classes sociales.

Le nouveau paysage idéologique (Source IPSOS)

Le nouveau paysage idéologique (Source IPSOS)

L’égalité, « étoile polaire » de la gauche

Si les Français ne croient plus vraiment au clivage idéologique entre la gauche et la droite, près des deux tiers acceptent pourtant de se positionner. D’autant plus lorsqu’ils sont sondés sur le regard qu’ils portent sur la société. Deux conceptions émergent qui se cristallisent, à gauche, autour de la notion d’égalité, à droite autour des préoccupations sécuritaires. Ainsi, 43% des sympathisants socialistes  estiment que les inégalités sociales comptent parmi les principaux problèmes que rencontrent notre pays, contre seulement 20% à droite. Les chiffres se renversent sur l’insécurité, qui préoccupe 20% des sympathisants de gauche et 34% à droite. A gauche, 62% estiment que le fonctionnement de la société aggrave les inégalités, alors qu’à droite, ils sont autant à estimer qu’il permet de les corriger.

Ouvriers / cadres, l’écart se creuse

Dépassés les clivages de classes ? Le nouveau paysage idéologique dessiné par l’enquête Ipsos semble prouver le contraire. 42% des ouvriers estiment en effet que, sur certaines choses, il faudrait revenir en arrière, et seulement 14 % chez les cadres. Ces derniers sont 61% a estimer au contraire qu’il faut transformer radicalement la société, contre seulement 28% chez les ouvriers. Moins d’un quart des cadres et des ouvriers adoptent une position intermédiaire, jugeant qu’il faut aménager la société sans toucher à l’essentiel. Sans surprise, les ouvriers sont plus nombreux à redouter les effets négatifs de la mondialisation.

Interrogé sur leur appartenance politique, seulement un tiers des ouvriers se positionnent à gauche. La proportion semble grimper avec les revenus : 45% des professions intermédiaire se situent plutôt à gauche, et jusqu’à 60 % chez les cadres. S’il ne doit pas déplaire à son « cœur de cible », le PS doit donc mener un travail important s’il veut se rallier l’électorat populaire : ouvriers et employés représentent près de 13 millions d’électeurs. Sans compter qu’il y va de la vocation première de la gauche, accroché à l’étoile égalitaire…

Les séniors en embuscade

Autre poids lourds de l’électorat, les séniors représentent près de 15 millions de voix potentielles. Nicolas Sarkozy les a séduit à plus de 60% en 2007. A mi-chemin, il en a perdu la moitié, au profit de la gauche, qui a convaincu la moitié des séniors aux élections régionale de 2010. Reste que s’ils ne restent pas figés dans une position conservatrice – les séniors d’aujourd’hui sont les soixante-huitards d’hier – ils sont toujours 45% à se positionner à droite. Avec la morale comme étendard, quand les moins de 35 ans mettent en avant l’exigence de solidarité. Sauf que les plus de 60 ans sont aussi des parents, inquiets pour l’avenir de leur enfants. La réponse est peut-être à chercher dans un discours sur la solidarité… entre les générations.

La crise, mais pas seulement

Pour jouer gagnant, les partis doivent proposer des réponses à la crise, le sujet semble faire l’unanimité. C’est un objectif prioritaire pour 51% des sympathisants UMP, « même si cela demande de gros efforts ». Les sympathisants PS sont plus modérés, et estiment, à 57% que « c’est un objectif parmi d’autres problèmes ». Ce qui est aussi l’avis de 49% de la population totale .

Derrière les mots, une société

Le poids de mots.

Le poids de mots.

« Réforme », « classes populaires » semblent tombés en désuétude, à force d’être cuisinés à toutes les sauces. La « solidarité », la tolérance », les « services publiques » sont en revanche des notions qui comptent, et qui sont généralement associé à des valeur de gauche. Le travail domine l’ensemble, à peine marqué à droite. L’ordre apparaît en revanche comme fortement marqué à droite. Au socialistes de tisser sa toile autour de ce nouveau lexique.

Etude complète consultable ici

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