Pour ce deuxième samedi du mois d’août, Case Départ vous propose sa sélection de la semaine. Quatre albums sont passés au crible : L’ultime volume de la très bonne série jeunesse Sardine de l’espace signé Mathieu Sapin, Les patients d’Arkham : un recueil de mini-récits sur les personnages de l’asile de Gotham City, les deux premiers volumes du space opera manga Zelphy signé Etorouji Shiono et un album pour adultes Banana Games publié par Tabou BD. Bonnes lectures.
Tribu pirate déjantée
Le mange-manga est le treizième et dernier tome de la saga spatio-décalée Sardine de l’espace. Dans ce recueil, le jeune lecteur retrouvera avec un grand plaisir les héros de la tribu pirate : Sardine, Captaine épaule jaune, P’tit Lulu, Supermuscleman mais aussi l’odieux Docteur Krok. Ce volume est assuré par Mathieu Sapin, seul, qui avait pris la succession de Joann Sfar à partir du 8e tome.
– Le chevalier du goûter. Sardine, P’tit Lulu et leur tonton font une petite promenade sur un sentier. Alors que le petit garçon réclame un goûter, l’oncle leur promet une halte lorsqu’ils seront arrivés au château. Mais ils sont interrompus par le Chevalier du goûter qui leur interdit de manger s’ils n’ont pas effectués 30 minutes d’exercice. Si leur mamie avait préparé un en-cas, hors de question de le prendre. C’est ainsi selon le bon vouloir du souverain : ils ne peuvent que manger des biscuits fourrés, apportés par les BN (braves nains)…
– Le papier peint hanté. Krok a encore une idée de génie : il vient d’inventer un papier peint hanté. Après avoir collé les pans, les motifs se mettent à bouger dans le noir (fleurs carnivores, motos folles, rayures qui se changent en serpent ou montgolfières qui éclatent). En les plaçant dans les chambres d’enfants, ces derniers auront peur, seront fatigués pendant la journée et auront de mauvaises notes…
– Le vaccinfantile. Le docteur Krok vient de capturer le médecin Defamille. Accompagné de Supermuscleman, il s’apprête à délivrer les maladies infantiles afin de se débarrasser définitivement des enfants des rues de Babaal. Oreillons, rougeoles, rubéole et varicelle débarquent alors en ville et tous les enfants sont touchés. Sardine, P’tit Lulu et leur oncle sont surpris : il n’y a plus un seul gamin dans les rues…
– Le marathon des Lambins. Les gentils Pirates se sont arrêtés sur une drôle de planète : les Kourtoujours, les habitants, sont fous ; ils courent partout et tout le temps. Pour conjurer cette folie, ils organisent une course assez étrange : le marathon des Lambins. Ils doivent parcourir les 42 km, le plus lentement possible. P’tit Lulu, Sardine et Capitaine épaule jaune décident de participer à la course…
– Le jeu de l’oie sauvage. Nouvelle invention pour Krok : un jeu de l’oie grandeur nature. Il décide de gaver une oie de bonbons afin de la faire grossir ; ce qui permettra d’avaler les enfants qui gagneront la partie. En les laissant vainqueurs, une grosse main les attrapera et les enfournera dans le gosier du volatile. Les Sardine de l’espace arrivent alors et le parcours peut alors commencer…
– Les remplaçants. Branle-bas-de-combat : il y a le feu sur une planète voisine. Sardine, P’tit Lulu et leur tonton, se rendent sur place mais surprise, il y avait déjà trois personnages leur ressemblant comme deux gouttes d’eau : Omoplate marron, Crevette et P’tit Loulou. Ce trio a déjà sauvé les enfants. Quelques minutes plus tard, le code rouge est en alerte : Supermuscleman a encore fait une bêtise. Ni une ni deux, Sardine se dirige vers le vilain. Là encore, les trois zigotos sont sur place et ont déjà neutralisé le méchant…
– Le mange-manga. Manga, la cousine de Sardine a besoin d’aide : sa planète est en danger à cause du mange-manga, qui absorbe tous les personnages de bande dessinée. Après un transfert par le téléphone portable de la fillette, les trois héros se mettent en quête du monstre, sachant que la cousine a aussi disparu…
Clap de fin sur la saga cosmico-comique de Dargaud. Lancée au début des années 2000 et après treize albums, Mathieu Sapin met un terme à cette belle série pour enfants. Décalée et très amusante, elle faisait pourtant le bonheur des jeunes lecteurs. Très ancrée dans notre monde, elle multiplie les hommages ou les clins d’œil grâce à des thématique très actuelles. Les personnages sont pour beaucoup dans le succès de la saga : Sardine, héroïne, nièce de Epaule jaune, descendante directe de pirate de l’espace ; elle héberge un chat noir sur son chapeau. P’tit Lulu : la boule à zéro, ressemblant comme deux gouttes d’eau à Joann Sfar, il adore porter des t-shirt avec des têtes de mort. Capitaine Epaule jaune : oncle de Sardine, c’est le chef de la bande. Mal rasé et avec un bandeau sur l’oeil, il pilote l’Hectormalo, son vaisseau. Et enfin les deux affreux : Supermuscleman, fine moustacle et costume rouge ridicule, il est le président de l’Univers ; et Docteur Krok, savant fou et créateur d’inventions pour se débarrasser des enfants. Les mini-récits de Mathieu Sapin sont très réussis, les dialogues sont savoureux, les jeux de mots sont légion et le mélange bande dessinée européenne et manga fonctionne à merveille. Le découpage et le dessin donnent un rythme fou aux histoires.
A la fin de l’album : une galerie des copains de Sardine (voir ci-dessus Zep et Pénélope Bagieu) qui rend hommage aux héros de la série.
Sardine de l’espace : série SF jeunesse incontournable aux scénarios subtils et inventifs. C’est drôle, rafraîchissant et complètement décalé. Un vrai bonheur !
- Sardine de l’espace, tome 13 : Le mange-manga
- Auteur : Mathieu Sapin
- Editeur: Dargaud
- Prix: 11,99€
- Sortie: 13 juin 2014
Les fous d’Arkham
Case Départ vous a présenté le fabuleux Arkham Asylum, une sublime déclinaison de Batman, de Grant Morrisson et Dave Mc Kean paru en 1989. Le lecteur découvrait tous les plus grands criminels logés dans l’hôpital psychiatrique de Gotham City et en 2003, Dan Slott et Ryan Sook livraient une extension de la première histoire, Les patients d’Arkham, que publient les éditions Urban Comics en 2014.
Gotham City. Warren White, un milliardaire, comparait à son procès. Il est accusé d’avoir détourné d’énormes sommes d’argent de manière illégale. Le grand requin blanc, comme il est surnommé est alors envoyé à l’asile d’Arkham. Entouré des patients les plus dangereux dans le car qui le transporte, il est rapidement surpris lorsqu’il est pris à partie par l’ensemble des gardiens de l’hôpital : tous ont perdu de l’argent à cause de lui. Pourtant, seule, le docteur Carver, le médecin en chef, le prend en affection. Alors qu’il est menacé physiquement, elle réussit à le faire transférer dans une aile plus calme. Dans sa cellule, il fait la connaissance de Cri d’agonie, médium qui communique avec les morts. Ce sont ces derniers qui lui imposent de passer à l’acte…
Parmi les patients, il va croiser la route de :
– Jane Doe : tueuse en série, maîtresse dans l’art du déguisement. Elle étudie sous tous les angles ses futures victimes, puis après leur mort, prend leur place. Elle vole ainsi la vie des autres.
– Humpty Dumpty : sa vie est une suite de déconvenues plus fortes les unes que les autres. Malchanceux, il a perdu tous les êtres chers qui l’entouraient, ainsi que son travail. Puis un jour, il craque et des accidents surviennent sans qu’il sache vraiment pourquoi.
– Le chien errant : de son vrai nom Van Paulson, il était l’un des éditorialistes les plus sordides de Gotham ; allant jusqu’à fouiller dans les poubelles des plus grands criminels. Il cumule des trésors (de vieux parapluies truqués du Pingouin, des flacons inutilisés du venin du Joker, des Batarangs abîmés ). Sale et sentant fort, il n’a pas d’hygiène.
– Le griffonneur : artiste raté, il utilise les graffitis pour s’exprimer. Il adore détériorer les œuvres d’autrui. Pas très grand, il arbore des dreadlocks et des tatouages sur le corps qu’il a lui même dessinés. Sur son visage, il utilise du ketchup ou de la moutarde pour ses dessins tribaux.
Les patients d’Arkham est un recueil de mini-récits un peu à part dans l’univers de Batman. Il ne s’agit en effet pas d’un album de super-héros, d’ailleurs, on ne voit que rarement le Chevalier noir, il est juste suggéré ou apparaît que dans de rares cases. De plus, les grands criminels de Gotham sont absents aussi (à part Le Joker), Dan Slott fait émerger des malfrats de seconde zone, leur donnant de l’épaisseur grâce à des vies cabossées et complètement folles. Le scénario démarre d’ailleurs de la meilleure des manières, s’appuyant sur ces caractères forts ainsi que des membres de l’hôpital comme Cash, responsable des gardiens ou le Docteur Cover. Il les dépeint de manière méthodique afin que le lecteur soit au plus près d’eux et comprendre leur vrai rôle dans un final un peu attendu. Le début de l’histoire est accrocheuse, pleine de rebondissements grâce à l’entremêlement des personnages, tandis que la fin, par un artifice trop gros, nous déçoit légèrement. Le côté sombre empli de folie(s) d’Arhkam est bien rendu de la part de Ryan Sook. Son trait fin et simple est accompagné de grands aplats noirs d’une grande élégance. A noter les sublimes couvertures des mini-récits de Eric Powell, qui ouvrent chaque histoires.
Les patients d’Arkham : un très bel album sombre à part dans l’univers de Batman où la folie des patients est prégnante mais dont le final déçoit
- Les patients d’Arkham
- Auteurs : Dan Slott et Ryan Sook
- Editeur: Urban Comics, collection DC Nemesis
- Prix: 15€
- Sortie: 11 juillet 2014
Zelphy : space opera grandiose
Début juillet, les éditions Doki Doki (le label manga des éditions Bamboo) publiaient les deux premiers volumes de Zelphy, un grand space opera signé Etorouji Shiono.
1001 du calendrier de l’Aion. Les gardiens de l’Aion, une alliance militaire a mis la main sur tous les portails spatiaux, qui permettent de voyager dans l’univers.
Six ans plus tard, sur Phadzimaal. Lysja, jeune plombier, nettoie les canalisations de ce conglomérat de villes. Il pourchasse les tubicoles, vers géants qui se glissent dans les tuyaux. Armé de son sabre, il les tue puis avec ses deux collègues, il les détruit dans un incinérateur. Grâce à ces destructions, les trois hommes perçoivent des primes, avec lesquelles ils se paient un bon repas dans des restaurants. Les vers peuvent grossir et s’en prendre aux personnes. Leur travail est donc d’une grande utilité.
Pourtant Lysja n’est pas un garçon comme les autres : c’est un ancien prince. Descendant du trône du Royaume-uni de Zaysion, sa petite planète a disparu il y a six ans, au même moment que les Gardiens de l’Aion soient devenus les maîtres des portes. Déchu de son titre de noblesse, il a du apprendre à travailler et est devenu plombier.
Ixénis, gouverneur de Phadzimaal et général des portails, aime à parler à son peuple et notamment lors du sixième anniversaire de l’unification des portails. Il répète à l’envi que grâce à cet événement, tous les peuples sont en paix. Il encourage même les jeunes hommes à s’engager dans l’armée en contrepartie d’un Power Order, sorte de cœur artificiel, qui rend les possesseurs très dociles envers le gouvernement.
Lysja se laisse prendre au jeu et décide de passer les tests d’entrer dans l’armée comme il l’avait fait il y a quelques années. Alors qu’il obtient les meilleurs notes à l’écrit et qu’il a très bien su s’en tirer aux épreuves physiques, il semble trop frêle et est recalé. Il devra faire la demande au gouverneur en personne s’il veut enfin réussir à s’engager.
Ça tombe très bien, Ixénis se rend dans les bains de la ville pour se détendre et le jeune prince va s’arranger pour le voir. Il se murmure que lorsque que le gouverneur s’y rend, il est plus enclin à discuter et à promouvoir des carrières. Furieux, le général fait pourchasser le garçon par ses gardes qui doivent l’envoyer par l’incinérateur. Avec l’aide de Pico Pico, un mystérieux robot et Enoc, le chat-pirate, il va fausser compagnie aux soldats…
Prépublié au Japon dans le magazine Gekkan Young King, Zelphy était annoncé en grandes pompes en France, tant Etorouji Shiono est un très bon mangaka. Il avait signé l’excellente série Übel Blatt et son space opera était très attendu. Pourtant, si le récit est un subtil mélange de science-fiction, d’actions et d’aventures, mâtiné d’un bel humour, il peine à se mettre en place. La faute à un passé trop mystérieux du héros principal. Lysja, dont la condition d’ex-prince, laisse augurer de belles problématiques, est pour l’instant très (trop ?) détaché de l’histoire. Pourtant, les personnages qui l’entourent, ont eux du potentiel, tel Enoc le chat-pirate ou encore Pico Pico, robote à l’intelligence artificielle très surprenante. Tout cela devrait se décanter dans les prochains volumes. En revanche, côté graphisme, c’est magnifique. C’est le gros point fort de Zelphy. Les décors, notamment les engins spatiaux, fourmillent de détails et le trait du mangaka est soigné et précis.
Zelphy : un début poussif pour une histoire qui a beaucoup de potentiel narratif et graphique. Case Départ attend le troisième tome pour connaître les évolutions possibles de cette série signé de l’excellent mangaka Shiono.
- Zelphy, volumes 1 & 2
- Auteur : Etorouji Shiono
- Editeur: Doki Doki
- Prix: 7,50€ le volume
- Sortie: 2 juillet 2014
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Banana games, tome 3 : Téquilla frappée
(Album pour adultes)
Après Chicogo Balls, voici le troisième tome de la série pour adultes Banana games, signé Christian Zanier et intitulé Téquilla frappée.
San Millan Hospital. Alexia, une transsexuelle mexicaine est admise aux urgences de l’hôpital. Elle a de multiples hémorragies dues à une soirée qui s’est mal déroulée. La jeune femme au sexe masculin fut humiliée par plusieurs femmes.
Au commissariat, elle est ensuite interrogée sur la mort de La sénatrice, une politicienne vicieuse. Tout l’accuse et c’est pour cela qu’elle s’enfuit malgré une menotte accrochée au fauteuil. Afin de partir de la ville, elle décide de rencontrer deux italiens afin de gagner de l’argent rapidement.
Plus tard dans la nuit, elle se rend dans un bar, affublée d’une perruque blonde afin de ne pas être reconnue, elle croise de nouveau Simone, celle qui la faisait fantasmer…
Banana games est un album pour adultes très sombre où le sexe à tout va se mélange aux crimes de Chicago. Si les deux héroïnes sont hors-norme : Simone a la poitrine surdimensionnée et Alexia la transexuelle, les autres personnages sont tout a fait dans la norme, pensant tout le temps aux plaisirs charnels. Ce troisième volume bénéficie d’un trait réaliste de l’américain Christian Zanier, qui travaille à partir de photographies, ce qui renforce le côté « vrai » des personnages. Un album pour les amateurs de bandes dessinées érotiques noires.
- Banana games, tome 3 : Téquilla frappée
- Auteur : Christian Zanier
- Editeur: Tabou BD
- Prix: 15€
- Sortie: 21 juin 2014
