Chroniques alpines : Wolfsmund



Suisse, XIVe siècle. Le passage alpin est difficile, d’autant plus qu’il est gardé par des communautés rassemblées en cantons qui prélèvent un lourd impôt à chaque voyageur. Lorsque les Habsbourg, à la tête du Saint-Empire Romain Germanique, décident de mettre fin à ce monopole, une guerre éclate et bientôt les rebelles, éparpillés de part et d’autre des Alpes, tentent de résister à l’envahisseur. Pour s’organiser, ils doivent réussir à franchir la passe du Saint-Gothard, Wolfsmund ou « Gueule de loup », gardée par le perspicace Wolfram, capable de déceler les fraudeurs de façon quasi surnaturelle.

On aurait tort d’être surpris d’en apprendre en matière d’histoire médiévale européenne dans un manga : le genre a une longue tradition qui a su produire de grands succès, au premier rang desquels La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda (connu aussi sous le nom de sa version animée, Lady Oscar), sur la chute des Bourbons et la Révolution française. Bien évidemment, tout récit qui prend l’histoire pour objet prend également des libertés avec cette dernière, et l’on découvre dans Wolfsmund une sorte de suite des aventures de Guillaume Tell d’autant plus libre que le personnage relève  d’avantage du mythe que de l’histoire.

Wolfsmund n’oublie pas sa cible éditoriale : quoique le Moyen-âge n’ait jamais été réputé pour sa finesse, des scènes sanglantes attendent le lecteur au détour des pages. De même, les plans serrés sur des héroïnes plantureuses et une propension – raisonnable, il faut l’admettre – du scénario à attenter à l’intégrité de l’habillement féminin en font un seinen (manga pour jeunes (hommes) adultes) qui confine parfois au ecchi (manga vaguement coquin).

Cependant le tout est bien balancé : un récit de montagne au trait sombre et maîtrisé (l’auteur est après tout l’ancien assistant de Kentaro Miura de Berserk), qui prend pour toile de fond une part de l’histoire européenne méconnue – la fondation de la Suisse, et parvient à susciter l’envie du second tome. Déjà parce que l’histoire commence à peine à se mettre en place, mais aussi parce que la subdivision en chapitres laisse supposer un récit de chroniques, qui passe facilement d’un personnage à l’autre, tout en parvenant à en installer quelques-uns. La lecture en est plaisante, et l’essai ne demande qu’à être transformé dans les tomes suivants.

  • Wolfsmund (vol. 1 sur 3 – public averti. Voir la bande annonce)
  • Auteur : Mitsuhisa Kuji
  • Éditeur : Ki-oon
  • Sortie : 12 avril 2012
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