Angoulême 2012, le palmarès



Grand Prix de la ville d’Angoulême 2012: Jean-Claude Denis

(Photo d'archives NR, Sébastien Gaudard)

La présidence d’Art Spiegelman semblait ouvrir un peu plus la porte de l’Académie des Grands Prix d’Angoulême à l’international mais c’est finalement le Français Jean-Claude Denis qui s’est vu sacré dimanche après-midi Grand Prix de la ville d’Angoulême, récompensant un auteur pour l’ensemble de son œuvre.

Jean-Claude Denis présidera donc la prochaine édition du festival d’Angoulême. Et celle-ci aura une saveur particulière puisqu’il s’agira du quarantième anniversaire de la manifestation charentaise, désormais devenue référence mondiale en matière de bande dessinée.

Après avoir étudié aux Arts Décoratifs où il côtoya notamment André Juillard et Martin Veyron, Jean-Claude Denis a d’abord travaillé dans la publicité avant de rejoindre le journal Pilote où il donna naissance à André Le Corbeau. Mais c’est surtout son héros Luc Leroi, créé dans la mythique revue (A Suivre) des éditions Casterman qui le révéla au grand public. Personnage atypique, anti-héros maladroit et touchant, Luc Leroi fut couronné du prix du public à Angoulême en 1987. Après cinq albums dans les années 80, Jean-Claude Denis donna un second souffle à la fin des années 90 à son personnage avec Bandes d’individus (1997) et Toutes les fleurs s’appellent Tiaré (2000).

Mais cet auteur complet, aujourd’hui âgé de 61 ans, a également signé des one-shots très remarqués à l’image de Les 7 péchés capitaux (1983), L’Ombre aux tableaux récompensé par le prix des libraires à Blois en 1991, Quelques mois à l’Amélie (Prix du dialogue et de l’écriture à Angoulême 2003), Un peu avant la fortune (2008) dont le scénario est signé Dupuy et Berberian ou le récent Nouvelles du monde invisible (2009).

Les deux tomes de sa dernière création, Tous à Matha! , sont sortis en 2010 et 2011 aux éditions Futuropolis. Fan de musique, il fit partie du groupe Les Hommes du Président, constitué de plusieurs auteurs ayant également intégré la prestigieuse académie des grands prix d’Angoulême (Dupuy & Berberian, Margerin, Vuillemin).

Déjà couronné pour l’ensemble de son œuvre en 2007 au festival de Blois dont il présida l’édition 2008, Jean-Claude Denis sera à l’honneur de la quarantième édition d’un festival d’Angoulême, référence mondiale du 9e Art et règnera donc durant quatre jours sur la planète bande dessinée.

Le palmarès

Prix du Meilleur Album: Chroniques de Jérusalem, de Guy Delisle (Ed. Delcourt)

Une belle récompense pour la BD « de reportage », même si le Québecois Guy Delisle réfute personnellement de se considérer comme un journaliste. En quatre tomes, Guy Delisle a créé une série totalement novatrice, dans laquelle il dépeint son quotidien d’expatrié dans des pays politiquement compliqués. Le premier tome, Shenzhen (Ed. L’association), est paru en 2001. D’un trait charbonneux, il dépeignait son morne quotidien à coacher une équipe de dessinateurs chinois. Le dessinateur suivit ensuite sa femme, travaillant pour l’organisation Médecins Sans frontières, dans ses missions. Et profitera de ces expériences pour dessiner d’autres livres. Vient donc Pyongyang (2003, Ed. L’association), superbe album, aussi froid que le pays où il se déroule, la Corée du Nord. Puis Chroniques Birmanes (2007, ed. Delcourt), qui poursuit la série. La reconnaissance vient finalement avec ce Chroniques de Jérusalem, superbe pavé dépeignant toute l’absurdité des situations de la vie quotidienne dans la ville se disputant les principales religions.

Prix spécial du Jury, Frank et le congrès des bètes, de Jim Woodring (Ed. L’association)

Une longue épopée sans parole dans un monde imaginaire, fantasmatique, hallucinatoire… L’imagination à l’état pur d’un auteur très apprécié d’Art Spiegelman qui lui a réservé une place dans son musée privé, à la Cité de la BD.

 

 

Prix de la série, Cité 14, saison 2, tome 1 : chers corrompus, de Pierre Gabus et Romuald Reutimann (Ed. Les Humanoïdes Associés)

Cité 14 est une sorte de mini-comic à la française lancé en 2007, et repris par les Humanoïdes associés l’année dernière. Des histoires animalières situées dans une cité démesurée, et qui mêlent aventure, humour, amour, espionnage…

 

Prix Révélation, TMLP – Ta Mère la Pute, de Gilles Rochier (Ed. 6 pieds sous terre)

Une fresque émouvante dépeignant la vie d’une bande de gamin d’une cité dans les années 70. Des gamins jouant joyeusement, écoutant de la musique, évitant l’arrêt de bus où leurs mères se prostituent occasionnellement pour boucler les fins de mois difficiles, et qui voient un jour leurs repères bouleversés…

 

Prix Regards sur le monde, Une vie dans les marges, de Yoshihiro Tatsumi (Ed. Cornélius)

La très forte autobiographie du mangaka japonais méritait bien un prix. Adaptée au cinéma, en version animée, par Eric Khoo, elle sort le premier février en France. Samedi soir à Angoulême, le film était projeté en avant-première. Les festivaliers ont pu découvrir une oeuvre très forte, cinglante, alternant des récits très adultes de Tatsumi, et des scènes de sa vie expliquant comment il a cherché à repousser les frontières du manga, afin que celui-ci conquiert un public adulte et ne s’adresse pas seulement aux enfants. Tatsumi avait déjà obtenu le prix spécial du Festival en 2005. Sera t-il le premier Grand Prix d’Angoulême japonais, lors d’une prochaine édition?

 

Prix de l’Audace, Teddy Beat, de Morgan Navarro (Ed. Les requins Marteaux)

Publié dans l’éloquente série BD Cul, cet album de Morgan Navarro compile six histoires érotiques explicites.

 

 

Prix Intergénerations, Bride Story Tome 1, de Kaoru Mori

La jeune japonaise de 33 ans a sorti un album émouvant, qui recevait un très bon accueil du public sur le stand officiel d’Angoulême. On y suit Amir, 20 ans, envoyée dans le clan voisin pour y être mariée à un garçon de huit ans son cadet. Une grande aventure pleine de tendresse et d’énergie, qui emmène son lecteur sur la route de la soie.

 

Prix du Patrimoine, La Dynastie Donald Duck, intégrale Carl Barks (Ed. Glénat)

Monstre sacré de la bande dessinée, le génial Carl Barks est considéré comme l’auteur le plus talentueux des aventures de Donald et surtout, créateur des personnages incontournables de la série tels que Picsou (Uncle Scrooge, 1947),  Gontran Bonheur (Gladstone Gander, 1948), les Castor Junior (Junior Woodchucks, 1950), Les Rapetou (The Beagle Boys, 1951), Géo Trouvetou (Gyro Gearloose, 1952) et Miss Tick (Magica de Spell, 1961). Les éditions Glènat rééditent depuis quelques temps une superbe intégrale de l’œuvre du maître. Prévue en 24 volumes et baptisée La Dynastie Donald Duck, cette belle et imposante collection est enrichie par de nombreux textes explicatifs. Chaque histoire est d’ailleurs précédée d’une courte fiche d’identité bibliographique permettant de la replacer dans le contexte de sa première publication. Pour l’occasion, la mise en couleur de l’ensemble des bandes a également été refaite. Seul bémol, dommage que l’ordre chronologique des histoires n’ai pas été respecté. Retrouvez notre chronique.

 

Prix de la BD Fnac: Portugal, de Cyril Pedrosa (Ed. Dupuis)

Un récit introspectif, dans lequel un auteur de BD, en panne d’inspiration, part à la recherche des ses racines portugaises. Somptueux.

 

 

Prix Polar, Intrus à l’étrange, de Simon Hureau (Ed. La boîte à bulles)

Belle reconaissance pour cet auteur tourangeau de 34 ans qui signe une enquête sensible et inclassable, et obtient ainsi une seconde récompense à Angoulême (Il avait obtenu le second prix Jeune Talent en 2001). Cet album avait déjà reçu le Prix La Nouvelle République du Centre Ouest lors du dernier Festival BD Boum, à Blois (41) en 2011. Retrouvez son interview réalisée à Blois.

Prix jeunesse, Zombillénium tome 2, d’Arthur de Pins (Ed Dupuis)

L’auteur, connu pour ses illustrations et BD très sexy, s’est lancée dans une série grand public plutôt réussie, prenant pour cadre un parc d’attraction tenu par des vampires, squelettes et autres zombies…

 

 

 

Prix de la BD alternative: Kus !, volume 9

Un périodique édite à Riga, en Lettonie.

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5 réponses à Angoulême 2012, le palmarès

  1. Titwane dit :

    Juste une petite rectif : Simon Hureau n’a pas 44 ans (né en 1977, je crois), il n’a jamais fait partie de l’atelier Pop. Et il n’habite plus Tours mais Langeais. En tous cas c’est chouette qu’il soit récompensé car c’est fort mérité.

  2. masseuro dit :

    Petite précision Arthur de Pins est surtout connu à la base par son court métrage sur la révolution des crabes. Un chef d’œuvre d’humour et d’animation.
    Qu’il a adapté en bd aussi je crois…

  3. Ping : Guy Delisle: avant le Prix du meilleur album, le blog | Case Départ

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