L’Affaire des affaires : la BD des BD



Durant trois ans, Laurent Astier s'est astreint à un rythme soutenu pour pouvoir coller à l'actualité. - (Photo NR, Patrick Gaïda)

Le dessinateur castelroussin, Laurent Astier, vient d’achever le dernier tome consacré à l’affaire Clearstream. Retour sur une aventure de trois ans.

J ‘ai dû faire 25.000 visages de Denis Robert, je le connais par coeur ! J’en avais un peu marre au bout d’un moment… C’est avec une pointe de soulagement que Laurent Astier, auteur installé à Châteauroux, a mis un point final à une aventure entamée il y a trois ans. Ce quatrième tome, intitulé L’Affaire des affaires, Clearstream – Justice, est sorti fin novembre. Une date qui coïncide avec la fin du procès Clearstream ; la Cour de Cassation vient en effet de blanchir le journaliste Denis Robert de toutes les accusations portées à son encontre.

Cet ultime volet revient sur l’aspect judiciaire qui clôt dix ans d’enquête, de procès et de rebondissements. « C’était vraiment chouette mais à la fin, j’étais épuisé. J’étais content d’avoir fini parce que c’était un rythme soutenu. Un auteur qui travaille vite fait deux pages par semaine ; ceux qui font de l’hyperréaliste en font quatre à cinq par mois. Pendant trois ans, j’en ai fait une par jour. C’était super-dense mais on était obligé de travailler à ce rythme-là pour coller à l’actualité. »

Laurent Astier a ainsi dû adapter son trait. « J’ai modelé mon dessin pour être capable de produire autant. Sur du récit long comme ça, on élague le décor, on épure. Ce n’est pas le même type de dessin ; on est plutôt dans les rapports humains ; le décor est moins important. »

« J’ai modelé mon dessin »

Malgré le cadre très strict – les avocats de l’éditeur, Dargaud, et de Denis Robert, ont examiné avec attention chaque détail pour éviter tout risque de procès -, Laurent Astier a su trouver une certaine liberté. « Il fallait coller aux faits mais c’était quand même super-créatif, parce qu’il y avait des parties d’enquête, des scènes avec des copains, des parties fantasmées qui correspondaient aux cauchemars de Denis Robert. En terme graphique, comme pour le découpage et la narration, c’était vraiment un laboratoire.»

Laurent Astier va désormais achever sa série Cellule poisson avant de se lancer dans de nouveaux projets. « Chez Dargaud, ils aimeraient bien que je continue dans cette veine de la BD de reportage, parce qu’ils trouvent que mon dessin correspond bien ; mais je crois que je vais faire un peu autre chose, pour souffler, quitte à y revenir après. Et je pense que je ne ferai plus de récits aussi longs. »
Reste quatre tomes à dévorer sans modération.

Thierry Roulliaud

(article initialement paru dans La Nouvelle République du Centre-Ouest, le journal où est apparu pour la première fois dans la presse française le terme « bande dessinée » en 1949)
  • L’Affaire des affaires, T. 4 Clearstream-Justice
  • Scénario : Denis Robert
  • Dessin : Laurent Astier
  • Editeur : Dargaud
  • Prix : 16,95 €
  • Sortie: le 25 novembre 2011
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