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« C e vin est facile d’accès, avec de beaux arômes de fruits et d’épices, léger et rafraîchissant, tout en offrant une belle structure tannique et une grande longueur en bouche. Il va avec tout à table, et pourrait devenir le rouge à la mode, comme le fut le sancerre rouge à une époque… à condition que les gens d’ici y croient. »

On l’aura compris, le pineau d’Aunis a trouvé en Émile Hérédia un promoteur enflammé !

Pineau d'Aunis (7)

Le pineau d’Aunis, présent depuis le IXe siècle.
(photo Aziliz Le Berre)

Le vigneron bio du domaine de Montrieux à Naveil est une encyclopédie vivante de ce cépage, dont on trouve des traces dès l’an mille et qui tient son nom du prieuré d’Aunis à Dampierre-sur-Loire, près de Saumur.

« Il était très présent en Anjou et en Touraine, jusque dans le Chinonais. D’ailleurs, Rabelais le cite dans Gargantua , ajoute Émile Hérédia. Le cabernet franc, importé par les Anglais, l’a fait reculer. Sauf sur les terres plus pauvres, comme les coteaux du Loir, et un peu dans la vallée du Cher. »

Le raisin, vinifié en rosé« En Vendômois, on préfère dire gris » – ou utilisé en assemblage, alimente pour une grosse part le négoce. Mais, jusque dans les années 1930, il est aussi transformé en… champagne ! « Les Champenois achetaient la vendange sur pied, et se faisaient livrer le jus pressé par wagons entiers à la gare de Thoré-la-Rochette. »

Après-guerre, le déclin du pineau d’Aunis s’amorce, accéléré dans les années 70 par de grandes campagnes d’arrachage « avec pour consigne de planter du gamay et du cabernet, et même du côt ».

En 2001, l’AOC coteaux du Vendômois lui redonne quelques couleurs. « Mais le pineau d’Aunis continue d’être peu considéré par les vignerons d’ici, déplore Émile Hérédia. Rustique, moyennement sensible aux maladies, il a pourtant de grandes qualités si on le maîtrise. »

heredia

Emile Hérédia

Les pineaux d’Aunis du domaine de Montrieux ont au moins 50 ans et pour certains beaucoup plus, puisqu’ils ont été plantés en 1870, avant le phylloxéra. Rendements très faibles, travail de la vigne « au cheval sans une once de chimie », et vinification de même nature avec une longue cuvaison font la structure de ses vins rouges 100 % pineau d’Aunis. « On n’est vraiment pas nombreux à en faire, alors que ce cépage le mérite. »

La bonne nouvelle, c’est que la cave coopérative de Villiers-sur-Loir vient de s’y mettre. « L’actuel directeur y croit, lui, et il faut saluer le travail remarquable fait par la cave, véritable moteur de l’appellation. Il y a dix ans, une telle cuvée aurait été tout simplement impensable. »

L’heure de gloire du pineau d’Aunis vendômois est peut-être pour bientôt…

 

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