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L’année commence, la rentrée littéraire débarque avec 549 romans français et étrangers. On y reviendra dans les jours qui viennent, n’ayez crainte ! J’ai déjà quelques pépites à vous faire partager. En attendant, on commence 2015 avec un pas de côté…

Jusqu’au 2 février, le Grand Palais, à Paris, abrite une rétrospective consacrée à l’oeuvre et la vie de Niki de Saint Phalle. L’occasion pour moi de découvrir la vie d’une femme libérée à travers ses oeuvres évidemment, mais aussi une biographie, écrite par Bernadette Costa-Prades (Catherine Francblin est sa première biographe, notons-le ici).

 

NIKI

NIKI Niki de Saint Phalle en train de viser, photographie en noir et blanc rehaussée de couleur extraite du film Daddy, 1972. (détail)

Née en 1930, Catherine Marie Agnès Fal de Saint Phalle sera très tôt en révolte contre le milieu dans lequel elle évolue. Mannequin, elle devient artiste à la suite d’une grave dépression. Victime d’un inceste, elle n’aura de cesse, toute sa vie durant, de tenir ses démons à distance tout en faisant de sa liberté de femme un étendard.

Fille, femme, mère… l’exposition au Grand Palais permet d’aborder tous les aspects de sa personnalité. La biographie de Bernadette Costa-Prades, elle, permet de faire correspondre les oeuvres et les différentes périodes de sa vie.

 

 

 

 

 

 

 

NANAArtiste franco-américaine inspirée par Gaudi, Dubuffet et Pollock, Niki de Saint Phalle sera une artiste audacieuse.

Si son oeuvre arbore un caractère joyeux et coloré, elle est également violente et engagée.

Niki de Saint Phalle sera connue comme la seule artiste femme du Nouveau Réalisme en France.

Elle est décédée en 2002. Elle laisse derrière elle de nombreuses oeuvres dans les musées mais aussi dans les jardins, les propriétés. La lutte contre le sida a été également l’un de ses grands combats.

Une interview de Niki de Saint Phalle, en 1969, à découvrir ici

 

Extraits

Page 24 : « […] La femme ne règne que sur ses armoires ? Tu t’affranchiras de cette limite. “Je compris très tôt que les HOMMES AVAIENT LE POUVOIR ET CE POUVOIR JE LE VOULAIS. OUI, JE LEUR VOLERAI LE FEU”, écris-tu en lettres capitales dans une missive à ton ami Pontus Hulten. D’ailleurs tu ne comprenais pas vraiment pourquoi ta mère, que tu estimais plus forte que ton père, avait accepté de se fondre dans ce carcan. Tu mettais à juste titre ses colère sur le compte de la frustration et de l’amertume. N’était-elle pas beaucoup plus joyeuse quand elle était avec ses amies ? Elle riait et plaisantait, ce qu’elle faisait rarement à la maison. La vie des femmes de ta famille, des amies de ta mère, dont les plus jolies atterrissaient dans le lit de ton père, tu ne l’auras pas, tu te le promets. »

Page 35 : « Tu commences par utiliser des brindilles et des petits cailloux que tu trouves dans le jardin, puis, quand des amis t’apportent de la gouache et du papier, tu te mets à peindre du matin au soir, seul moyen que tu as trouvé pour tenir l’angoisse à distance. Tu as comme une illumination, tu ne seras ni poète, ni actrice, ni metteur en scène : tu seras artiste peintre. Quelques mois après ta sortie de l’hôpital, tu reçois une lettre de ton père. Culpabilisé certainement par ton internement, il veut faire amende honorable et confesser sa faute. »

Pages 53-54 : « […] tu es l’une des figures du mouvement d’art français le plus en vue de l’époque, la seule femme, qui plus est. Tu sais que c’est un atout : la combinaison blanche qui moule ta silhouette parfaite et te donne l’allure de Barbarella contribue à cette soudaine notoriété, dix ans avant le mouvement de libération des femmes. “C’était très scandaleux – mais on en parlait – de voir une jolie femme tirant avec un fusil et râlant contre les hommes dans ses interviews. Si j’avais été moche, on aurait dit que j’avais un complexe et on m’aurait oubliée.” Pour autant, même si la cause féminine ne te laisse pas indifférente – tu as en mémoire l’éducation des filles, les renoncements de ta mère –, tu refuseras d’être récupérée d’une quelconque façon par le mouvement féministe. Comme de nombreuses artistes femmes, tu penses que la création n’a pas de sexe et ne veux pas te laisser enfermer dans un genre dit “féminin”. D’ailleurs, par ta vie et par ton oeuvre, tu as sûrement plus milité pour l’égalité des sexes qu’en tenant des discours définitifs sur le sujet. Tu aimes la part masculine en toi, cette violence dont tu sais qu’elle est loin d’être l’apanage des hommes. Tu aimes encore la douceur de Jean, alliée à son machisme, lui qui te portait tous les matins ton petit-déjeuner au lit, mais surtout t’apportait et t’apportera un soutien sans faille tout au long de ta carrière artistique. »

 Mon avis

Après avoir visité l’exposition, j’ai dévoré cette biographie écrite à la deuxième personne du singulier. Une manière d’approcher le personnage de Niki de Saint Phalle au plus près. Et de « lire » ses oeuvres d’une autre manière. Plus intime. Plus sensible. Une véritable découverte.

« Niki de Saint Phalle », de Bernadette Costa-Prades, Libretto, 6,70€.

L’exposition est visible au Grand Palais à Paris jusqu’au 2 février.

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