Et si le vrai Tintin avait vécu à Saint-Benoît?



En 1926, Robert Sexé réalise un tour du monde à moto. Un exploit parmi d'autres. (Collection Janpol Schulz)

Tintin revient au cinéma avec Spielberg. Le héros de Hergé aurait été inspiré par Robert Sexé, un reporter-photographe, qui a vécu à Saint-Benoît (Vienne).

Lui aussi mériterait que Steven Spielberg lui consacre un film. Robert Sexé est celui dont ce serait (en partie) inspiré Hergé pour créer Tintin. En découvrant, les photos en noir et blanc d’un jeune homme blond, à la mèche rebelle, portant un long manteau et juché sur une moto, il faut bien l’avouer, la ressemblance est troublante.

Robert Sexé était journaliste, circulait à moto et son meilleur ami s’appelait… René Milhoux

L’histoire de Robert Sexé commence en 1912, l’année où il passe son permis moto à Londres. En 1914, le jeune homme s’engage et porte à moto des messages entre l’état-major et le front. Une fois le conflit terminé, Robert Sexé devient grand reporter, photographe. Toujours à moto. Ses reportages dans toute l’Europe forcent l’admiration : 1924 Paris-Constantinople-Paris, 1925 Paris-Moscou. Mais c’est surtout en 1926 que Robert Sexé fait parler de lui en entamant un tour du monde à moto en compagnie d’un certain Henri Andrieux. Les deux motos (6,5 CV et 220 kg) sont préparées par la firme Belge Gillet-Herstal.
Dans son incroyable périple, le sancto-bénédictin traverse le pays des Soviets. Au Japon, il rencontre un certain Suzuki… qui deviendra par la suite le 3 constructeur mondial de moto. Aux États-Unis, il est l’un des premiers à prendre la mythique route 66 alors en construction. Le retour en Belgique des deux motards est un triomphe.

Envoyé au Pays des Soviets… comme Tintin

Au même moment, à Bruxelles, un certain Georges Rémi (le futur Hergé) travaille au quotidien « Le vingtième siècle » qui publie les exploits de Robert Sexé. La source du jeune auteur de BD? Peut-être. Les photos de Robert Sexé devant le Kremlin à Moscou ressemblent étrangement à certaines planches de Tintin au Pays des Soviets. Encore plus troublant, en 1928, Robert Sexé fait la connaissance d’un champion belge de moto, un certain René Milhoux. Les deux hommes devinrent amis et inséparables. Comme Tintin et son chien Milou. L’année suivante, en 1929, Hergé dessine les premières aventures de Tintin dans le supplément du « Petit Vingtième ».
Personne ne sait si Hergé et Robert Sexé se sont rencontrés. Après la deuxième guerre mondiale, Tintin devient une star mondiale alors que Robert Sexé continue sans faire de bruit ses périples en moto à travers le monde. Il participera à des rallyes de motos anciennes jusque dans les années 70, alors qu’il a plus de 80 ans. Un document étonnant de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) le montre sur sa machine lors d’un rallye de vieilles motos en Allemagne. Robert Sexé termina sa vie à Saint-Benoît. Une plaque commémorative figure toujours sur la maison où il est mort en 1986. Il avait 96 ans.

••• « Il était extraordinaire

et avait des connaissances sur tout »

En 1995, Janpol Schulz, un ami proche de Robert Sexé, redécouvre avec ses filles, Tintin au Pays des Soviets. La couverture lui saute aux yeux. Il y voit une photographie de Robert Sexé prise sur la place Rouge de Moscou en 1925. L’année suivante, il publie « Sexé au Pays des Soviets ». Jean-Noël Fourré, lui, a réellement rencontré le reporter. Dans les années 70, beaucoup de jeunes motards de Poitiers allaient le voir. « C’était quelqu’un d’extraordinaire, il avait des connaissances sur tout. Il nous racontait des anecdotes quand il dormait dans la neige en URSS ». A la mort de Sexé, Schulz devient légataire universel. « J’ai toutes ses archives ». Des centaines de photos, des carnets et deux motos. « Robert était quelqu’un d’assez simple. Il a montré qu’avec peu de moyens, on pouvait voyager ». Et faire rêver.

> Si le livre « Sexé au Pays des Soviets » est introuvable, on peut consulter le livre de Jean-Michel Caillé et Michel Cordeboeuf (Saint-Benoît, Mémoires complices, Ed. Cheminements) ou encore sur internet le site de Janpol Schulz.

La moto de Robert Sexe se trouve dans les réserves du musée de Châtellerault. (Photo Patrick Lavaud)

Il arrête la moto à 84 ans

  • 1890. Naissance à La Roche-sur-Yon. La famille Sexé part vivre à Paris puis fait construire une maison à Saint-Benoît.
  • 1907. Après son bac de philo, il étudie à London School of Economics. Il participe aux mouvements des Suffragettes et aide même des femmes à s’enchaîner aux grilles du parlement pour qu’elles obtiennent le droit de vote. Pendant ses études il fréquente un certain H.G. Wells.
  • 1912. Il passe son permis moto à Londres.
  • 1912-1913. Journaliste correspondant de guerre du « Daily Citizen » pendant la guerre des Balkans.
  • 1914. Durant la première guerre, il porte les messages de l’Etat-Major vers le front.
  • 1918. Il rencontre sa femme, Rosy.
  • 1924. Paris-Constantinople-Paris en moto.
  • 1925. Paris-Moscou en moto.
  • 1926. Tour du monde en moto.
  • 1939. En partance pour un périple en moto en Inde, il est intercepté au Liban.
  • 1961. Il participe pour la première fois au rallye des éléphants en Allemagne.
  • 1974. Il arrête la moto à 84 ans.
  • 1986. Robert Sexé décède à Saint-Benoît (Vienne) à l’âge de 96 ans.

Dossier réalisé par Bruno Delion pour Centre Presse.

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Une réponse à Et si le vrai Tintin avait vécu à Saint-Benoît?

  1. leMitch dit :

    Merci de parler de Robert Séxé, c’est un mythe dans le monde de la moto, c’est notre père spirituel nous les motards
    Mitch

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