Violette Nozière: autopsie d’un faits divers



violette 1C’est l’un des plus célèbres faits divers des années trente que revisitent en bandes dessinées la jeune et talentueuse illustratrice Camille Benyamina et le journaliste Eddy Simon. Leur album, « Violette Nozière, vilaine chérie », fait le buzz depuis quelques semaines, a eu sa part de succès au dernier festival d’Angoulême et fait déjà l’objet d’un second tirage. Disons-le tout net, cette notoriété grandissante est justifiée.

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D’abord l’histoire. Elle va tenir en haleine la France entière pendant des semaines, mobiliser les écrivains, les poètes surréalistes, les journalistes… Violette Nozière, belle jeune fille issue d’un milieu populaire, rêve d’une autre vie. Elle n’aime ni les études ni le travail, préférant à cela la vie facile, les fêtes, l’argent et les bijoux, le vol, les mensonges, la manipulation. La belle enjôleuse utilise ses charmes pour arriver à ses fins. Mais il lui en faut toujours plus. Pour arriver à ses fins, elle ira même jusqu’à empoisonner père et mère, à quatre reprises… Son père y laissera finalement la vie, sa mère en réchappera.

Condamnée puis réhabilitée

L’album démarre avec le procès de celle que l’on surnomma « l’empoisonneuse de la rue de Madagascar », en octobre 1934, au tribunal de Paris. Assise sur un banc, la jeune femme attend son procès. Elle sera déclarée coupable, sans circonstances atténuantes et condamnée à mort. Elle sera finalement grâciée avant de voir sa peine commuée en douze années de réclusion en août 1942. En août 1945, elle sera libérée, commençant, conclue Eddy Simon, « une nouvelle vie dans l’anonymat et la simplicité. » L’originalité du parcours de Violette ne s’arrête pas là.

violette 2Son cas est unique dans les annales judiciaires puisqu’elle sera le seul auteur d’un crime de droit commun à être réhabilitée. Après la guerre, elle refera discrètement sa vie dans la région de Rouen où elle tiendra un hôtel puis un café. Mariée, mère de six enfants, elle décédera d’un cancer en 1966, à l’âge de 51 ans.

« Violette, c’est l’histoire d’une jeune fille qui veut tout simplement de l’argent pour consommer! » explique Eddy Simon. Mais ce bel album, ce portrait hors normes magnifiquement dessiné par Camille Benyamina ( son trait léger et ses jeux de couleurs sont captivants) c’est aussi l’histoire d’une société des années trente encore insouciante qui ne voit rien des dangers qui la menacent. A lire absolument!

Le récit est prolongé par un dossier de huit pages illustré de photos d’archives.

  • Violette Nozière, vilaine chérie.
  • Scénario: Eddy Simon
  • Dessins: Camille Benyamina
  • Editeur: Casterman
  • Prix: 20 €

   

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À propos de Jean-Michel Gouin

Jean-Michel Gouin est journaliste à La Nouvelle République du Centre- Ouest depuis une quinzaine d'années. Il s'intéresse tout particulièrement à la BD à travers ses relations avec l'univers du polar et de l'histoire...
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