Un pavé monumental pour tout savoir sur l’histoire de Pif et des journaux Vaillant



Le dessin de Jacques Kamb représente les dessinateurs et scénaristes de la période la plus créative de Pif Gadget (1969-1973). Chaque dessinateur présente la série qu’il a créée pour le journal: Hugo Pratt avec son Corto Maltese, Gotlib et Gai-Luron, Arnal et Pif, Raffaello Marcello et Docteur Justice, André Chéret et Rahan…

Cet article est désormais disponible sur Comixtrip très précisément ici: Pif, l’histoire complète

Voilà un ouvrage passionnant et indispensable pour tous les amoureux du 9e Art.

En 560 pages d’un récit inédit, Richard Medioni, ancien de Vaillant et qui fut rédacteur en chef de Pif Gadget, raconte pour la première fois dans sa continuité et dans sa totalité l’histoire de tous les journaux de bande dessinée issus de la mouvance socialiste-révolutionnaire et communiste.

Une histoire qui commence en 1901 avec la naissance de Jean-Pierre et s’achève dans la tourmente en 1994 avec la liquidation de Pif Gadget.

Ce livre dense et passionnant, fruit de dix années de recherche et de travail, comporte 72 chapitres, 1 350 000 signes et 1 150 documents, dont beaucoup sont présentés pour la première fois.

L’auteur, Richard Medioni. Ancien rédacteur à Vaillant et rédacteur en chef de Pif Gadget, il lui a fallu dix ans pour réaliser cet ouvrage.

Richard Medioni nous fait découvrir le premier journal pour enfants issu de la gauche révolutionnaire, Jean-Pierre, qui paraît en décembre 1901. On y trouve déjà des bandes dessinées ainsi que des textes et des illustrations qui en font le premier journal pour enfants diffusant des valeurs que l’on retrouvera par la suite dans Vaillant et Pif Gadget. Une révélation !

Une des premières couvertures de Jean-Pierre. Créé en 1901, ce journal socialiste-révolutionnaire est l’ancêtre de tous les journaux issus de la mouvance communiste. Il sera publié jusqu’en 1904.

Son successeur déclaré est Les Petits Bonshommes, créé en 1911 par la Ligue ouvrière de protection de l’enfance, proche du courant syndicaliste révolutionnaire de la C.G.T., qui perdure jusqu’en 1914. Ce journal publie, outre des articles, de nombreuses illustrations engagées ainsi que des bandes dessinées.

Créé en 1911, Les Petits Bonshommes est le successeur déclaré de Jean-Pierre. À partir de 1922 il bénéficie du soutien du Syndicat national des instituteurs. Il disparaît en 1926.

Huit ans après la disparition de la première formule, Les Petits Bonshommes reparaissent en 1922. Animé principalement par des communistes, ce journal qui comporte de nombreuses bandes dessinées connaît 159 numéros et s’éteint en 1926.

Une bande dessinée parue dans Les Petits Bonshommes en 1922.

Le Jeune Camarade, plus directement lié aux Jeunesses communistes, paraît entre 1921 et 1929. Très militant, souvent sectaire et anticlérical, il diffuse des idées révolutionnaires, y compris au moyen de la bande dessinée.

Le Jeune Camarade qui paraît entre 1921 et 1929 est le premier journal à se réclamer ouvertement du Parti communiste.

Une bande dessinée très militante parue dans Le Jeune Camarade en 1928.

Puis c’est la naissance du premier grand journal de bande dessinée proche des communistes : Mon camarade. Pour la toute première fois est présenté en détail ce journal dirigé par Georges Sadoul et dans lequel ont été publiées entre 1933 et 1939 (année de son interdiction) des séries d’une qualité remarquable…

Dirigé par Georges Sadoul, Mon camarade paraît entre 1933 et 1939. Ici, l’un des tout premiers numéros où est publiée en «une» une bande dessinée anticolonialiste.

Les exemplaires de Mon camarade étant rarissimes, un chapitre important est consacré à la description des 198 numéros, avec de nombreux extraits, plus de 120 illustrations et reproductions des bandes dessinées, afin de permettre à chacun de se faire une idée précise du contenu de ce journal. Jamais une telle somme d’informations et un tel nombre de reproductions n’avaient été consacrés jusqu’alors à Mon camarade, journal de bande dessinée d’exception… mais bien méconnu !

Mon camarade est un journal à la fois remarquable par sa qualité et révélateur d’une époque particulièrement riche sur le plan social et politique. Ici, l’une des grandes bandes dessinée du journal: Pat’ Soum de Robert Fuzier, alors militant socialiste travaillant pour Le Populaire.

L’une des séries vedettes, Jim Mystère, où le héros lutte contre le Ku Klux Klan. Antiraciste, antifasciste et antinazi, Mon camarade est une exception dans le monde de la bande dessinée d’avant-guerre.

Publié par les Jeunes du Front national, proche du Parti communiste, Le Jeune Patriote paraît entre 1940 et 1945. D’abord clandestin, il est ronéoté puis imprimé. À la Libération, 30 numéros du journal sont publiés, comportant de nombreuses illustrations et bandes dessinées. Mais cette publication est plutôt destinée aux adolescents, aussi est-il décidé de la transformer en un journal de bande dessinée pour les 8-13 ans : ce sera Vaillant.

Le premier numéro de Vaillant de juin 1945. Il prend la relève du Jeune Patriote créé dans la clandestinité en 1940.

Jamais Vaillant n’avait été raconté de façon aussi vivante et complète. L’auteur fait revivre la genèse et le développement de toutes les séries, il apporte un éclairage nouveau sur tous les auteurs de cette période, il raconte le fonctionnement des Éditions Vaillant, les relations avec le Parti communiste, en n’occultant rien de l’histoire mouvementée du journal.

Un numéro historique de Vaillant: la première apparition de Pif dans le journal, en décembre 1952.

On trouve dans cette partie du livre des centaines de documents et de reproductions de bandes dessinées, d’innombrables témoignages et interviews, des anecdotes et des révélations à foison !

Le premier numéro de Pif Gadget paru le 24 février 1969.

La partie consacrée à l’histoire complète de Pif Gadget (1969-1994) et les documents présentés vont bien au-delà de tout ce qui était paru à ce jour. Dans ce récit truffé d’anecdotes, de témoignages et de révélations, toutes les grandes séries et leurs auteurs sont étudiés, de même que les stratégies éditoriales et le fonctionnement du journal.

Ce numéro de Pif Gadget paru en avril 1970 a été vendu à 1 million d’exemplaires. Il propose une poudre contenant les fameux Pifises (Artemia salina).

La période allant de 1974 à 1994, qui n’avait jamais été abordée jusqu’à présent, est l’objet d’une étude expliquant l’évolution, la lente dégradation de la qualité du journal qui va de pair avec la chute des ventes. L’auteur met en lumière les nouveaux liens qui sont créés avec le Parti communiste à partir de 1974, et dévoile les conditions exactes de la faillite du journal, jusqu’à présent restées dans l’ombre.

Ce numéro contenant quatre Pois sauteurs du Mexique et daté de septembre 1971 a laissé un grand souvenir chez toute une génération. Il a été vendu à 1†million d’exemplaires.

Durant les premières années de son existence, Pif Gadget vendait en moyenne 550 000 exemplaires par semaine, comme ce fut le cas pour ce numéro proposant un véritable appareil photo à monter soi-même.

Tous les journaux étudiés dans ce livre sans équivalent se distinguent par leur engagement et les références nombreuses aux événements du moment. Aussi Richard Medioni replace-t-il ces titres dans leur contexte. En lisant ce livre, on accomplit ainsi un prodigieux voyage à travers la France sociale, culturelle et politique des années 1901 à 1994.

Un numéro de 1990. Lentement, à partir de 1974, Pif Gadget se met à perdre des lecteurs. En 1973 il vend 600 000 exemplaires par semaine, en 1980: 300 000; en 1985: 235 000; et en 1994, descendu à 70 000 exemplaires, il cesse sa parution.

  • Mon camarade, Vaillant, Pif Gadget, L’Histoire complète 1901-1994
  • Auteur: Richard Medioni
  • Editeur: Vaillant Collector
  • Prix: 39 €
  • Sortie: octobre 2012
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À propos de Nicolas Albert

Nicolas Albert est journaliste à La Nouvelle République - Centre Presse à Poitiers et passionné de bande dessinée. Auteur de plusieurs livres sur ce sujet (Atelier Sanzot, XIII 20 ans sans mémoire…) ou de documentaires, il est également commissaire d’expositions (Atelier Sanzot, Capsule Cosmique, Boule et Bill, le Théâtre des merveilles…) et coordinateur des concerts de dessins pour le festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Sur twitter: @_NicolasAlbert
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