Ferrandez: Des bulles qui s’inscrivent dans l’histoire algérienne



Dans la casbah d'Alger. - (dr)

bd Boum, qui démarre vendredi à Blois, offre des expos étonnantes. Dont celle, déjà visible, de Jacques Ferrandez. Plongée au coeur de la Guerre d’Algérie.

Les planches originales sont là, éclatantes de couleurs et d’émotion. Mais l’exposition qui occupe l’espace dédié au fond du rez-de-chaussée de la bibliothèque Abbé-Grégoire, à Blois, propose au visiteur de nombreux autres documents. Sylvain Gache, commissaire de l’exposition, a cherché documents historiques, témoignages et photos de l’époque, pour mettre en perspective le travail artistique de Jacques Ferrandez. « Je n’ai volontairement pas fait d’analyse de la guerre d’Algérie. L’auteur introduit des journaux, des tracts dans ses planches. J’ai fait pareil, j’ai montré les planches et retrouvé des documents autour. J’ai voulu respecter l’auteur dans sa méthode et replonger le spectateur dans une ambiance. »

On entre, en effet, avec Jacques Ferrandez au coeur de la BD historique. Il est né en Algérie en 1955, ses parents en sont partis six mois après. Il a lancé cinq carnets d’Orient sur la période 1830-1954, puis après avoir fait tout autre chose, il y est revenu dans les années 2000 pour s’attacher à la Guerre d’Algérie, en en réalisant cinq autres. Ceux qui se retrouvent au coeur de l’exposition. Ferrandez montre l’horreur des deux côtés, sans prendre parti. « Il y a des salauds dans les deux camps, des gentils aussi. C’est pour cela que j’ai mis en scène en vis-à-vis la torture de l’armée française et les exactions du FLN. » Ferrandez évoque également Camus dans ses planches, qui se retrouve tout naturellement dans l’expo, avec sa volonté farouche que cette guerre épargne les civils, européens comme arabes.

« Un sujet difficile »

Le spectateur évolue dans le désert, en ressent son aridité. Sur une cabane d’Algériens se trouvent épinglées des lettres de jeunes appelés français. « De l’expo qui a été lancée aux Rendez-vous de l’Histoire, beaucoup ressortent les larmes aux yeux. C’est un sujet difficile, je pense n’avoir jamais travaillé sur un fait historique qui nous soit aussi proche. Il y a ceux qui ont connu cette époque et dont l’émotion empêche parfois d’être objectifs. Et les jeunes de la 3 e génération qui méconnaissent souvent l’histoire de leur famille. » Sylvain Gache entraîne enfin ses spectateurs dans la casbah d’Alger. Plus sombre, avec ses cafés chaleureux mais où des bombes sont déposées sous les chaises… Les unes de Paris Match s’affichent encore que, déjà, au loin, un bateau part. Sur le quai, il n’y a que deux valises par personne. Pour une fin qui n’en est pas une. D’ailleurs, Jacques Ferrandez s’est arrêté en 1962, mais peut-être poursuivra-t-il ses précieux carnets.

Béatrice Bossard

> Retrouvez le dossier complet réalisé par la Nouvelle République sur l’édition 2011 de BD Boum à l’adresse suivante.

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Une réponse à Ferrandez: Des bulles qui s’inscrivent dans l’histoire algérienne

  1. Ferrandez, également auteur d’un magnifique « Miles Davis » en deux volumes chez BD Jazz, éditeur présent à bd Boum. Parce que le jazz, ça va bien aussi avec les bulles ;-)

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