Incendie de Charlie Hebdo : « C’est monstrueux »



Après avoir travaillé pendant 10 ans à Charlie Hebdo, Daniel Fuchs fait désormais les salons. Il y vend des albums de bande dessinée. (Photo d'archives NR, Jérôme Dutac)

Le Loir-et-Chérien Daniel Fuchs a travaillé pendant dix ans à Charlie Hebdo. Il exprime sa colère après la destruction du journal.

« C’est une connerie monumentale. C’est monstrueux, on s’attaque à la liberté de la presse. Mais on ne sait pas qui a fait tout cela. Peut-être que c’est de la provocation. En tout cas, on n’est pas obligé de lire Charlie Hebdo si on n’aime pas. »

Mercredi matin en prenant connaissance de l’incendie des locaux de Charlie Hebdo à Paris après un jet de cocktail Molotov, Daniel Fuchs, qui habite Monteaux, a été ulcéré. La colère passée, il s’est dit qu’il devait acheter le numéro incriminé, rebaptisé Charia Hebdo. « Je suis allé à Onzain et c’était trop tard. Tous les numéros avaient déjà été vendus. Je pense que ce numéro va devenir collector. »

La crainte des dessinateurs

Charlie Hebdo, Daniel Fuchs connaît bien. Il y a travaillé pendant 10 ans, entre 1971 et 1981 (voir ci-dessous). De ces dix années, il se souvient bien sûr du meilleur mais également du jet d’abats dans la rédaction par un groupe punk : Les Crapauds Baveux. «C’est le pire que j’ai connu. Ils avaient jeté des tripes, des foies. Ca était fait dans un esprit potache. Rien à voir avec ce qui s’est passé ce matin (mercredi). Mais je me souviens qu’il y avait quand même des grilles aux fenêtres. »

Dans la journée, Daniel Fuchs a tenté de joindre Cavanna et Wolinski, en vain. Il a alors pensé aux dessinateurs qui travailleront peut-être désormais dans la crainte. « En apprenant la nouvelle, je me suis tout de suite demandé jusqu’où ceux qui ont fait ça pourraient aller. Les dessinateurs peuvent désormais se dire qu’ils peuvent être agressés dans la rue. »

Les atteintes à la liberté de la presse, Charlie Hebdo (qui s’appelait alors Hara-Kiri) en a déjà fait les frais avec le décès du général de Gaulle en 1970. Daniel Fuchs trouve quelques similitudes entre ces deux affaires, au moins dans les réactions : « L’attitude générale est la même qu’après la mort du général de Gaulle. Il y a un soutien au journal, mais aujourd’hui c’est quand même pire que la censure. »

Les 18, 19 et 20 novembre prochains, Daniel Fuchs sera à Blois pour bd BOUM. Il n’aura malheureusement pas de mal à trouver des sujets de conversation.

profil
> Daniel Fuchs a travaillé pour Charlie Hebdo pendant dix ans, de 1971 à 1981. A 25 ans, il a été embauché en qualité de comptable par le professeur Choron. « De la comptabilité, j’en ai fait peu. De temps en temps, je rassemblais des factures et c’était à l’expert-comptable de s’arracher les cheveux. »

> Daniel Fuchs a été homme à tout faire : il s’est occupé de la distribution des ouvrages auprès des libraires, il récupérait les chèques et posait même pour les fausses pubs. De ces dix années, Joub et Micouby ont tiré un album de bande dessinée « Mes années bêtes et méchantes ».

> En 1981, Daniel Fuchs s’est installé dans le Loir-et-Cher, à Monteaux, à la limite de l’Indre-et-Loire. C’est de là, qu’il écume les salons spécialisés pour vendre des bandes dessinées.

Jean-François Minot

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • Digg
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Actualités, avec comme mot(s)-clef(s) , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>