Gastoon, le Petit Lagaffe déchaîne les passions



Coup marketing ou coup de génie? La sortie de Gastoon, l’album de gags mettant en scène le neveu de Gaston Lagaffe, n’en finit pas de déchaîner les passions.

D’un côté, les fans d’André Franquin, le génial créateur – entre autres – du célèbre héros sans emploi du journal Spirou ou du Marsupilami, de l’autre des lecteurs heureux de retrouver un personnage qu’ils connaissent bien même s’il celui-ci se présente sous des traits juvéniles et que ce retour s’effectue près de 15 ans après le décès de Franquin.

En avril dernier, lorsque le projet de couverture de cet album avait « fuité » sur le web, la polémique avait vite vu le jour… Les prises de positions, parfois sévères et violentes, avaient été tempérées par ceux qui attendaient la publication de l’album pour se forger un avis. Désormais disponible en librairie, Gastoon devrait alimenter de nombreuses conversations.

Il ne s’agit pourtant pas  d’un personnage créé de toutes pièces par Marsu Productions. Car c’est André Franquin lui-même, qui, dans les années 70 et 80, avait donné naissance au neveu de Gaston dans des gags publicitaires sans l’utiliser davantage.

La reprise est assurée par les Léturgie père et fils, auteurs de Spoon & White ou Polstar. Jean, le père, s’était déjà essayé au scénario de la jeunesse d’un autre grand héros de la bande dessinée franco-belge (Lucky Luke) avec Kid Lucky mais l’accueil de cette série dérivée avait été mitigé. Cette fois-ci, il est associé au talentueux Yann (Pin-up, Les Innommables, Odilon Verjus, Les Eternels…) pour trouver des gags que Simon sans chercher à plagier le trait de Franquin. Pas de doute sur le fait que ce trio connaisse l’esprit de Franquin, puisque Yann et Jean ont travaillé avec lui (le premier pour a oeuvré sur les scénarios des albums du Marsupilami, le second sur le dessin animé Les Tifous) tandis que Simon assure que sa vocation de dessinateur est née des rencontres et des dessins que lui faisaient André Franquin lorsqu’il répondait aux questions de son père.

Et puis Gastoon se différencie de son oncle en étant moins gaffeur et plus malin mais toujours aussi écolo. L’univers développé par le trio de « repreneurs » est en partie nouveau même s’il reste inspiré de Gaston à l’image des personnages enfants (Jeanne, Jules ou Demesmaeker) du style vestimentaire de Gastoon (ah ce célèbre pull vert et ces espadrilles, quel gamin porterait encore cela aujourd’hui?). Evidemment pas question de bureaux de Spirou à cet âge là, mais plutôt de cour d’école, tandis que le pion Lemat n’a rien à envier au flic retors Longtarin…

Avouons le, cet album reste un bon divertissement même si sa lecture laisse toutefois un sentiment diffus. Car Gastoon n’est pas Gaston. L’initiative est amusante mais on reste cependant sur sa faim avec ce personnage qui aurait mérité un autre nom plus francophone, ce qui aurait été davantage dans l’esprit de la série initiale. Non vraiment, le mieux ça reste quand même les Gaston. Les vrais. Aussi incontournables qu’indémodables… Et vous, qu’en pensez-vous?

  • Gastoon, gaffe au neveu!
  • Dessin: Simon Léturgie.
  • Scénario: Jean Léturgie et Yann.
  • Editeur: Marsu Productions.
  • Prix: 10,45 €.
  • Sortie: 26 août 2011.

> Voici la bande annonce réalisée par les éditions Marsu Productions pour présenter Gastoon.

> Aller plus loin avec ce documentaire passionnant sur André Franquin.
> Et puis petit moment magique exhumé des archives de l’INA, cette discussion en 1969 à la télévision entre Hergé, Franquin, Uderzo et Goscinny lors d’une émission animée par Pierre Tchernia.
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À propos de Nicolas Albert

Nicolas Albert est journaliste à La Nouvelle République - Centre Presse à Poitiers et passionné de bande dessinée. Auteur de plusieurs livres sur ce sujet (Atelier Sanzot, XIII 20 ans sans mémoire…) ou de documentaires, il est également commissaire d’expositions (Atelier Sanzot, Capsule Cosmique, Boule et Bill, le Théâtre des merveilles…) et coordinateur des concerts de dessins pour le festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Sur twitter: @_NicolasAlbert
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