Tribune Nord (5) : le pouvoir du foot, par Jérôme Boissel
Dans sa chronique (lire les précédentes très intéressantes ici et là et encore là et là), Jérôme Boissel, notre spécialiste marketing, s’arrête cette fois sur le pouvoir politique et quasi guerrier du football. Et cela montre bien l’importance de ce sport.
Noël oblige, petite séquence « émotion » dans les Pieds Carrés aujourd’hui.
Chaque année, à l’approche de la trêve des confiseurs, les annonceurs multiplient les campagnes de communication créatives – plus ou moins réussies – où gros budgets et créativité ne sont pas toujours corrélés. Cette année, marque un Noël un peu particulier puisqu’il y a 100 ans, les soldats de la 1re Guerre mondiale fêtaient leur premier Noël sur les champs de bataille et Sainsbury’s nous le rappelle dans un magnifique clip publicitaire :
Ce spot de Sainsbury’s nous rappelle cet épisode mythique de la première mondiale où soldats allemands et britanniques auraient disputé une partie de football amicale dans les tranchées. Au-delà, Sainsbury’s souligne peut-être que le pouvoir du football est tel qu’il peut donc déclencher – ou arrêter – un conflit armé !
« Le football, c’est la guerre sans les coups de fusils »
En 1941, George Orwell déclara que « le football, c’est la guerre sans les coups de fusils ». Aux vues de certains évènements autours des stades de foot, il serait difficile de ne pas être d’accord avec l’auteur de 1984. Outre les désastres, le football, plus que n’importe quel autre sport, a toujours été utilisé à des fins de propagande, ou encore récupéré par certains régimes dictatoriaux.
On peut penser à l’organisation de la deuxième Coupe du Monde de football dans l’Italie mussolinienne de 1934, à la participation du Zaïre de Mobutu à la Coupe du Monde de 1974, ou encore aux deux décennies passées par Uday Hussein, fils du dictateur irakien, à la tête de la fédération irakienne de football ou au rôle du fils kadhafi dans le foot lybien.
Football against the enemy de Simon Kuper est un excellent recueil qui compile bon nombre d’exemples sur le rôle du football dans les relations internationales. Il est un conflit moins connu qui montre à quel point le football peut être « l’étincelle qui allume une situation d’ores-et-déjà inflammable » (Cable, 1969).
La guerre du foot entre le Salvador et le Honduras
L’animosité avait toujours marqué les relations entre le Salvador et le Honduras mais les incidents survenus autours autour des trois matches opposant les deux équipes nationales comptant pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 1970 eurent des conséquences sans précédent. Après avoir gagné la première manche à domicile, le Honduras perdit la seconde manche au Salvador, principalement (mais certainement pas exclusivement) parce que des supporters locaux avaient défilé toute la nuit devant leur hôtel.
L’incident diplomatique aurait pu être évité si Le Honduras n’avait pas perdu la dernière manche décisive, sept jours plus tard à Mexico City. Des soulèvements populaires intervinrent à la frontière honduro-salvadorienne et les troupes du Salvador en profitèrent pour envahir une partie du territoire hondurien. La guerre entre les deux pays dura quatre jours et a aussi bien été surnommée la « guerre des cent heures » que la « guerre du football ».
Le football peut aussi apaiser…
Si le football peut être l’étincelle qui embrase une poudrière, nombreux sont ceux qui voient en lui un moteur de développement dans les pays en situation de crise politique ou humanitaire, notamment quand « les politiques, les agences internationales et les ONG » (Levermore, 2008, p. 183) ne suffisent plus. C’est le cas du FIFA Goal Project, des initiatives de la FA (fédération anglaise de football), des programmes « outreach » de certains clubs professionnels, voire même de l’investissement de certains joueurs, à titre personnel, auprès de communautés défavorisées.
Justement, l’un des exemples les plus émouvants quant au pouvoir du football est certainement le mythe de la « trêve de Noël » dont le centenaire sera commémoré en Belgique en 2014. Le capitaine Nevill aurait encouragé ses troupes à prendre part à une rencontre de football contre les soldats allemands en plein no man’s land entre les tranchées, interrompant ainsi le conflit pour quelques heures. Un match qui a été rejoué il y a peu, pour commémorer la chose.
David Conn note, dans son article du 28 mai 2013, que la « trêve de Noël » de 1914 était faite de chants traditionnels de Noël, de discussions entre soldats sur le « no man’s land », où les hommes échangeaient alcool et cigarettes, et de plusieurs parties de football improvisées.
Le football est aujourd’hui très souvent pointé du doigt pour les dérives qui lui sont inhérentes, mais l’exemple du match joué dans les tranchées en décembre 1914 prouve la place particulière qu’occupe ce sport sur les cinq continents…
C’est l’occasion pour nous tous de vous souhaiter un Joyeux Noël, particulièrement aux soldats qui ne passeront pas les fêtes chez eux.
la planete foot
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