L’APS doit « faire comprendre aux élèves violents les conséquences de leurs gestes »



Portrait d’APS (2/2). Assistant prévention et sécurité dans un collège difficile d’Indre-et-Loire, Romain Granger doit désamorcer les conflits et redonner aux élèves le goût de l’école.

C'est son premier poste : Romain Granger est assistant prévention et sécurité à Joué-les-Tours.

C’est son premier poste : Romain Granger est assistant prévention et sécurité à Joué-les-Tours.

Le collège de La Rabière à Joué-les-Tours (Indre-et-Loire) est ce qu’on appelle « un établissement difficile ». Les élèves de cette ZEP viennent de 29 nationalités, et 75% sont boursiers. « Les parents ne sont pas forcément allés à l’école et parlent mal français, l’appétance scolaire n’est pas très présente chez les enfants », explique Michel Gendron, le principal adjoint. « Tout ce qui peut nous permettre de la stimuler est une bonne chose. »

Cette « bonne chose », c’est Romain Granger, le nouvel assistant prévention et sécurité. Avec ses lunettes et sa chemise, le jeune homme de 25 ans dénote dans le décor. Arrivé dans l’établissement le 2 octobre, il a bénéficié de la création par l’Etat de 500 postes pour ce nouveau métier.

Sa mission principale sera de renforcer le lien avec les parents d’élèves, qui se désintéressent souvent de la scolarité de leurs enfants. Romain Granger a notamment mis en place un dossier de suivi pour les élèves les plus perturbateurs. « J’appelle d’abord les parents pour les informer de ma démarche, et je reviens vers eux à chaque bilan », explique-t-il.

Je comprends leur vocabulaire, je connais leur univers

Mais avant tout, il doit s’attacher à gagner la confiance des élèves. Un travail de longue haleine pour lequel sa jeunesse est un atout. « Je comprends leur vocabulaire, je connais leur univers », fait-il valoir. Etre à la fois ferme, mais proche, voilà son crédo. Même s’il rappelle souvent aux jeunes qu’il n’est « pas leur copain ».

Et pour désamorcer les situations explosives, Romain Granger mise sur le dialogue. Il a notamment mis en place un « un contrat de pacification », pour « pallier la punition ». Chaque élève est invité à expliquer les raisons qui l’ont poussé à la violence.

« L’avantage de mon poste, c’est que j’ai du temps pour leur parler », estime-t-il. « Si un élève tire la sonnette d’alarme du collège, je peux prendre deux heures pour l’emmener chez les pompiers afin qu’ils lui montrent les conséquences de son geste« .

Romain Granger l’assure, il a « trouvé sa place » entre la CPE, les surveillants et les enseignants. Mais les débuts n’ont pas toujours été simples. « J’ai d’abord été pris pour un surveillant », raconte-t-il. Puis les élèves ont surtout retenu le mot sécurité. « Quand j’arrivais j’entendais : c’est la police ! » Le jeune homme a du expliquer son rôle au fur et à mesure des rencontres avec les adolescents.

Il est difficile de se projeter

Du côté de la direction également, on était sceptiques avant son arrivée. « Notre établissement n’est pas une jungle ! » justifie Michel Gendron, qui juge « le terme sécurité assez anxiogène ». Finalement, le principal se dit « content d’avoir Romain » car « dans le cadre de la prévention, ce poste a une réelle utilité. »

La définition du poste par le ministère avait des contours flous. Romain Granger s’évertue à le construire, avec l’aide de ses collègues, et d’une formation qu’il a suivie pendant deux mois. Une journée par semaine, les 21 APS de la région Centre ont pu rencontrer des chefs d’établissement, des psychologues, et se former notamment à la gestion des conflits et aux dangers d’Internet.

Ce premier boulot doit permettre au jeune homme d’acquérir « une expérience avec les jeunes ». Il a postulé pour ce CDD d’un an après trois ans en fac de sociologie et un BTS en économie sociale et familiale. Il attend à présent de savoir si le gouvernement pérénnisera son poste. D’ici là, « il est difficile de se projeter ».

Lire aussi : « De nouveaux agents de prévention dans les collèges »

 

La promesse

 

Les déclarations de campagne

En janvier 2012, le candidat Hollande avait déclaré que « des personnels de l’Education nationale » seraient formés à ce « nouveau métier de la prévention et de la sécurité. »

« La violence augmente et s’intensifie », avait-il dénoncé, faisant valoir que sur les deux dernières années, le nombre d’incidents avait « progressé de 20% » et que « 5% des établissements concentr(ai)ent à eux seuls un tiers des incidents ».

« Face aux phénomènes de violence », il faut « agir avec tous les personnels concernés : école, justice, police« . « C’est un travail de coproduction pour qu’il y ait compréhension de la situation et intervention commune », avait ajouté le candidat socialiste.

 

L’action

Cinq-cent assistants chargés de prévention et de sécurité sont en poste dans autant d’établissements du secondaire depuis le 1er octobre. Le ministère de l’Education nationale les a affectés aux établissements qui ont connu le plus d’incidents sur l’année scolaire 2011-2012.

Ces nouveaux assistants, recrutés à bac+2 par les chefs d’établissement, ont reçu une formation de huit semaines avant d’entrer au contact des élèves. Ils doivent contribuer à créer un climat favorable à l’apprentissage, notamment en renforçant les actions de prévention contre les phénomènes d’incivilités et de violences.

Ils sont dix dans l’académie de Poitiers, et 21 dans celle d’Orléans-Tours.

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