Les emplois d’avenir professeurs : une « véritable chance » (Portrait 2/2)



Blandine Morlet n’a plus de doute : elle sera professeur d’Histoire-géographie. La jeune femme de (presque) 21 ans, étudiante en deuxième année d’Histoire, expérimente chaque semaine son futur métier face aux élèves du collège Alphonse Lamartine de Tours, en tant qu’emploi d’avenir professeur.

Blandine Morlet a déjà "une âme de prof", selon la principale du collège. (Photo NR, Chloé Bossard)

Blandine Morlet a déjà « une âme de prof », selon la principale du collège. (Photo NR, Chloé Bossard)

Il y a encore un an, sa vocation n’était pourtant pas si évidente. « J’ai longtemps hésité entre l’archéologie et l’enseignement« , explique-t-elle. « Un vrai dilemme », car Blandine est passionnée par les vestiges du passé « depuis toute petite ». C’est finalement sur un chantier de fouilles l’été dernier qu’elle est « revenue à la réalité », en découvrant que la filière archéologique était « ultra-bouchée ».

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Alors, quand un envoyé du rectorat est venu présenter le nouveau dispositif emplois d’avenir professeurs à la fac, Blandine n’a pas hésité. « C’était une bonne manière de confirmer mon choix », assure la jeune femme à l’allure très soignée.

Depuis le 14 mars, elle passe douze heures par semaine au collège, en plus de ses cours à l’université et de ses examens. Un emploi du temps chargé, qui ne lui a pas fait peur. « Il suffit de sortir un peu moins », dit-elle avec malice, « et d’accepter de travailler deux heures le soir après avoir passé la journée au collège ».

Officiellement, son rôle se cantonne à observer la vie dans la classe. Mais la jeune femme, très dynamique, n’hésite pas à prendre des initiatives. « Je suis incapable de rester sur une chaise ! », s’amuse-t-elle. Le plus souvent, elle circule dans la classe pour aider les élèves en difficulté à faire leurs exercices et répondre à leurs angoisses.

« Je puise dans mes propres connaissances pour enrichir les leurs »

« Ca me plaît de plus en plus ! » confie-t-elle, enthousiaste. Cet emploi lui permet de conjuguer parfaitement ses deux passions : « je peux transmettre aux élèves des données archéologiques, puiser dans mes propres connaissances pour enrichir les leurs ». Pour cela, l’étudiante a du adapter son langage universitaire au niveau des élèves. « Ca a été ma première difficulté », se souvient-elle.

Quotidiennement, Blandine participe également à l’aide aux devoirs le soir, et prépare plusieurs projets, comme la décoration de la bibliothèque en partenariat avec une professeur d’arts plastiques.

Dans un an, elle devra intégrer une Ecole supérieure du professorat et de l’enseignement pour préparer le CAPES. Et cet emploi au collège a décuplé sa motivation. « C’est une véritable chance que le gouvernement nous propose », assure-t-elle, « ça nous permet de tester le métier, de mettre notre vocation à l’épreuve ».

« Blandine a déjà une âme de prof »

Un avis partagé par la principale du collège Lamartine, Muriel Métivier : « Beaucoup trop de jeunes passent le concours et s’aperçoivent après coup qu’ils ne sont pas faits pour enseigner. Dans ce cas, c’est compliqué pour le jeune professeur de se résigner à changer d’orientation professionnelle après avoir tant travaillé pour obtenir son CAPES. C’est beaucoup de souffrance ».

Blandine, elle, « a déjà une âme de prof », assure Muriel Métivier. La principale ne tarit pas d’éloges sur sa jeune protégée, qui « apporte un oeil nouveau », « applique les conseils qu’on lui donne », et « adopte la bonne attitude face aux élèves ».

Cette expérience « extraordinaire » pour Blandine se double d’une rémunération « pas négligeable ». Le petit salaire perçu chaque mois en plus des bourses a permis de décharger ses grands-parents, qui lui envoyaient régulièrement de l’argent. « Je me pose moins la question de comment finir le mois », avoue la jeune femme. Et pour compléter, elle projette déjà de continuer les chantiers de fouille… pendant les vacances.

 

La promesse

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L’action

Outre les emplois d’avenir « classiques », lancés à l’automne dernier, le gouvernement a mis en place un dispositif spécifique pour les jeunes se destinant aux métiers d’enseignant. Contrairement aux premiers, les « emplois d’avenir professeurs » (EAP) s’adressent uniquement aux étudiants boursiers.

Les signataires s’engagent à passer les concours de l’enseignement. En contrepartie, ils reçoivent une bourse de service public de 217 euros, et effectuent des heures de travail rémunérées dans un établissement scolaire. En moyenne, un « EAP » gagne environ 900 euros par mois.

Il s’agit, selon le ministère de l’Education nationale, de donner une chance aux « étudiants issus de milieux modestes, qui sont moins nombreux à s’engager dans des études longues, faute de moyens financiers suffisants ».

Le gouvernement vise la signature de 18.000 contrats d’ici 2015. 4000 ont été recrutés dès le mois de janvier, dont 144 dans l’académie d’Orléans-Tours, et 40 dans l’académie de Poitiers.

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