Les emplois d’avenir, c’est aussi pour les enseignants (Portrait 1/2)



Driiiiiiiiiing ! Il est 11h30, la sonnerie retentit dans la cour de l’école élémentaire Marie Curie, à La-Ville-aux-Dames (Indre-et-Loire). Tandis que les élèves filent à la cantine, Grégory Clerc s’offre une pause bien méritée dans la salle des profs après une matinée passée en classe.

Grégory Clerc, en licence de lettres, travaille à l'école douze heures par semaine. (Photo Chloé Bossard)

Grégory Clerc, en licence de lettres, travaille à l’école douze heures par semaine. (Photo Chloé Bossard)

Le jeune homme n’est ni stagiaire, ni enseignant. Il est « emploi d’avenir professeurs », un nouveau dispositif mis en place par le ministre de l’Education nationale en janvier. Ces contrats, de douze heures hebdomadaires, s’adresse aux étudiants boursiers qui se destinent à l’enseignement.

« A chaque fois que je réfléchissais à l’avenir, je me voyais face à une classe », se souvient Grégory, un peu timide. Devenir prof était « comme une évidence » pour cet étudiant inscrit en troisième année de lettres modernes à Tours.

« Je préfère largement travailler ici qu’à MacDo ! »

Quand une amie lui a parlé des emplois d’avenir professeurs, il n’a pas hésité à postuler, malgré le lourd dossier qu’il a dû constituer en moins d’une semaine (« alors qu’ils ont mis trois mois à donner une réponse »). « Avoir une expérience professionnelle tout en gagnant de quoi payer mes études, c’était une chance », explique-t-il. « Je préfère largement travailler ici qu’à MacDo ! »

Depuis le 5 mars, Grégory est présent à l’école deux jours par semaine, en plus de ses heures de cours à l’université. Entre les phases d’observation dans les classes, il anime quelques ateliers. Ce matin, il a supervisé trois groupes d’élèves qui devaient confectionner un petit dessin animé sur le thème de l’astronomie. Et, bientôt, il devra préparer avec les enfants une pièce de théâtre, qui sera jouée devant les parents le 1er juin.

Ces nouvelles responsabilités font « un peu peur », même si le jeune homme estime avoir pris de l’assurance depuis son arrivée. Son rêve serait à présent d’animer une séance d’anglais ou d’orthographe, comme un pro. « Chaque chose en son temps », tempère Jacques Biringer, le directeur, « ça va se faire ».

« Les jeunes se font souvent des illusions sur le métier »

L’école, qui compte 366 élèves, a également du s’adapter à l’arrivée de Grégory… parfois difficilement. « Il m’arrive d’être un peu désoeuvré », confie l’étudiant, « car certains profs ne pensent pas à demander mon aide ». « Nous acceptons son aide avec plaisir », répond Jacques Biringer, « il faut juste que chacun trouve ses marques« .

En six mois, renouvelables, l’étudiant devrait se faire une idée de sa future profession. « Ce n’est pas un métier facile. Les jeunes se font souvent des illusions car ils voient le bon côté des choses, comme les vacances », prévient le directeur. « Si son travail ici lui plaît, Grégory sera d’autant plus motivé pour passer les concours. »

En signant son contrat de six mois renouvelable, le jeune homme s’est engagé à se présenter aux concours de l’enseignement. Tant pis pour le voyage humanitaire d’un an qu’il comptait s’offrir à l’issue de sa licence. En septembre prochain, Grégory intégrera l’école supérieur du professorat et de l’éducation de Blois, qui le formera. Avant de devenir prof, pour de bon.

 

La promesse

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L’action

Outre les emplois d’avenir « classiques », lancés à l’automne dernier, le gouvernement a mis en place un dispositif spécifique pour les jeunes se destinant aux métiers d’enseignant. Contrairement aux premiers, les « emplois d’avenir professeurs » (EAP) s’adressent uniquement aux étudiants boursiers.

Les signataires s’engagent à passer les concours de l’enseignement. En contrepartie, ils reçoivent une bourse de service public de 217 euros, et effectuent des heures de travail rémunérées dans un établissement scolaire. En moyenne, un « EAP » gagne environ 900 euros par mois.

Il s’agit, selon le ministère de l’Education nationale, de donner une chance aux « étudiants issus de milieux modestes, qui sont moins nombreux à s’engager dans des études longues, faute de moyens financiers suffisants ».

Le gouvernement vise la signature de 18.000 contrats d’ici 2015. 4000 ont été recrutés dès le mois de janvier, dont 144 dans l’académie d’Orléans-Tours, et 40 dans l’académie de Poitiers.

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2 réponses à Les emplois d’avenir, c’est aussi pour les enseignants (Portrait 1/2)

  1. Ping : Les emplois d’avenir professeurs : une « véritable chance » (Portrait 2/2) | Hollande, ses promesses et moi

  2. iara dit :

    Un dispositif intéressant. Cela permet à l’étudiant d’avoir une vision du monde de l’enseignement et de mieux l’orienter.
    On devrait renforcer ce type d’emploi dans différent domaine.

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