De nouveaux agents de prévention dans les collèges



Portait d’APS (1/2). Ni chiens de garde, ni pions, les nouveaux assistants prévention et sécurité ont pour mission d’instaurer un climat apaisé dans leurs établissements scolaires. Rencontre avec une jeune femme fraichement recrutée à Niort.

Perrine Callone, 28 ans, prend ses marques comme APS au collège Pierre et Marie Curie de Niort.

Perrine Callone, 28 ans, prend ses marques comme APS au collège Pierre et Marie Curie de Niort.

 Il est 11h à Niort (Deux-Sèvres), par une froide journée de décembre. Au collège Pierre et Marie Curie, Perrine Callone s’active dans le bureau de vie scolaire. La jeune femme fait partie de l’équipe depuis seulement trois jours : elle est assistante chargée de prévention et de sécurité. Un nouveau métier qui reste à inventer.

 

Sur le papier, les APS doivent mettre en place « une politique de prévention des violences scolaires », pour « rétablir les conditions nécessaires au bon fonctionnement de l’établissement ». Une définition bien floue de la part du ministère. Mais à 28 ans, Perrine Callone a une vision très claire de sa mission.

Au collège Marie Curie, une trentaine d'élèves sur 600 posent problème, selon le principal.

Au collège Marie Curie, une trentaine d’élèves sur 600 posent problème, selon le principal.

Cette éducatrice spécialisée de métier veut d’abord « amener les élèves à réfléchir sur leur comportement en les impliquant au maximum et en les laissant s’exprimer« . Chaque midi, elle dialogue avec les collégiens dans le foyer commun. Ils viennent lui poser des questions, raconter leur matinée, évacuer tout simplement. L’endroit est également stratégique : « c’est là où il peut y avoir le plus de bousculades », précise-t-elle, « on peut avoir de l’autorité tout en étant à l’écoute ».

Une trentaine d’élèves sur 600 posent problème

Le collège Marie Curie n’a pas eu à demander. Le rectorat l’a doté d’office d’un poste d’APS. « Nous avons fait six conseils de discipline l’an dernier, et nous avons du prendre beaucoup de sanctions pour non-respect du règlement », explique le principal Denis Roussel. Des chiffres qui n’ont pas échappé au ministère. « Ce n’est pas un établissement difficile », se défend le principal, puisque « seule une trentaine d’élèves sur 600″ posent problème.

Néanmoins, Denis Roussel se dit très satisfait de l’arrivée de son APS. Depuis qu’il a recruté Perrine Callone, le 1er octobre, la jeune femme a passé deux mois en formation. Les visites de maisons de quartier, les contacts avec la police municipale, les cours sur la psychologie de l’adolescent ou encore la gestion des conflits ont été « indispensables », estime-t-elle. « Comme nous sommes les premiers à exercer ce métier, nous avions besoin d’échanger entre APS sur une question : que fait-on de cette nouvelle fonction ? »

Quelques journées d’imprégnation dans l’établissement lui ont permis de se présenter, et de couper cours à des idées toutes faites. « Le mot sécurité fait peur. Au début, certains enseignants pensaient que j’étais un agent de sécurité ! », se souvient-elle, « donc j’ai plutôt appuyé sur le terme de prévention ».

En tous cas, ce n’est pas une surveillante !

Au sein du collège, Perrine ne doit pas empiéter sur le travail de la Conseillère principale d’éducation et des surveillants. « Le tout est de trouver ma place », confie-t-elle. La CPE, Yasmina Mhamdi, estime qu’elles sont « très complémentaires » : « je lui confie des tâches ou des situations problématiques à gérer. Sa présence est cruciale ».

Mais les élèves, eux, ont encore du mal à comprendre ces nuances. « En tous cas, ce n’est pas une surveillante ! », s’exclame Enzo, élève de quatrième, qui s’empresse d’aller lire l’affiche décrivant les missions de Perrine.

L’APS est déjà très populaire auprès des adolescents. Et pour cause, elle projette de monter un club de hip hop. « Je le fais à la demande des élèves, pour les valoriser et leur redonner confiance en eux », explique-t-elle, « pour leur montrer ce qu’ils savent faire au lieu de leur montrer tout le temps ce qu’ils ne savent pas faire ». Mais elle admet volontiers qu’elle n’a « pas de recette miracle ».

La promesse

 

Les déclarations de campagne

En janvier 2012, le candidat Hollande avait déclaré que « des personnels de l’Education nationale » seraient formés à ce « nouveau métier de la prévention et de la sécurité. »

« La violence augmente et s’intensifie », avait-il dénoncé, faisant valoir que sur les deux dernières années, le nombre d’incidents avait « progressé de 20% » et que « 5% des établissements concentr(ai)ent à eux seuls un tiers des incidents ».

« Face aux phénomènes de violence », il faut « agir avec tous les personnels concernés : école, justice, police« . « C’est un travail de coproduction pour qu’il y ait compréhension de la situation et intervention commune », avait ajouté le candidat socialiste.

 

L’action

Cinq-cent assistants chargés de prévention et de sécurité sont en poste dans autant d’établissements du secondaire depuis le 1er octobre. Le ministère de l’Education nationale les a affectés aux établissements qui ont connu le plus d’incidents sur l’année scolaire 2011-2012.

Ces nouveaux assistants, recrutés à bac+2 par les chefs d’établissement, ont reçu une formation de huit semaines avant d’entrer au contact des élèves. Ils doivent contribuer à créer un climat favorable à l’apprentissage, notamment en renforçant les actions de prévention contre les phénomènes d’incivilités et de violences.

Ils sont dix dans l’académie de Poitiers, et 21 dans celle d’Orléans-Tours.

 

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