Mariage pour tous, vote des étrangers : ces députés qui montent au front pour les réformes sociétales



Il sont arrivés sur les bancs de l’Assemblée poussés par la vague rose qui a déferlé sur le Palais Bourbon le 17 juin 2012. Beaucoup siègent pour la première fois… Pas une raison pour rester en retrait. Les quadras en tête, ils s’emparent de cette tribune pour accompagner, parfois relancer, les promesses de François Hollande.

Au lendemain du 17 juin, 313 socialistes ou apprentés siègent à l'Assemblée.

Au lendemain du 17 juin, 313 socialistes ou apprentés siègent à l’Assemblée.

En s’engageant pour le mariage pour tous et le droit de vote des étrangers, ils entendent défendre leur vision de la société.

Les tribunes, relayées sur les réseaux sociaux (que les quadras du parlement maîtrisent parfaitement), sont devenues pour eux une arme d’opinion massive. Depuis septembre, à coup de pétitions et d’appels collectifs, des dizaines de députés interpellent le gouvernement. En quittant l’hémicycle, ils labourent leurs circonscriptions pour assurer le service « avant vente » de réformes sociétales pas toujours évidentes à faire passer.

En septembre, 77 députés répondent à l’appel de Razzy Hammadi, 33 ans, en signant dans Le Monde une tribune demandant l’examen rapide d’une réforme du droit de vote des étrangers.
En octobre, Jérôme Guedj, député de l’Essonne, 41 ans depuis le 23 janvier, prend la tête de la fronde contre le traité budgétaire européen, pourtant porté par la majorité : il demande une Europe plus sociale.
En novembre, alors que François Hollande semble revoir à la baisse ses ambitions pour l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels, cent députés, celui de l’Isère, Erwan Binet, 40 ans, en tête, «s’engagent pour l’égalité des droits». Dans une tribune publiée sur Mediapart, ils demandent – sans succès – à ce que la PMA soit incluse dans le projet de loi.
En janvier, alors que l’Assemblée nationale bruisse encore des invectives échangées pendant le débat sur le mariage pour tous, ces empêcheurs d’enterrer les promesses discrètement préparent la suite : ils fomentent des dizaines d’amendements pour «muscler» la réforme bancaire.

Isabelle Bruneau sous la lumière du Palais Bourbon.

Isabelle Bruneau, députée de l’Indre, sous la lumière du Palais Bourbon.

 

A propos de ces coups très médiatiques, tous parlent plus volontiers de «cohérence», «d’engagement», «de conviction» que de rappel à l’ordre. « C’est aussi une manière de montrer à nos électeurs qu’on existe, qu’on agit », ajoute Isabelle Bruneau, 48 ans, députée de l’Indre. Et pour certains, d’imposer son nom sur la scène politique nationale.

Mais c’est sur le terrain que les députés de la majorité sont les plus sollicités. En Indre-et-Loire, Jean-Marie Beffara, 50 ans, signataire de la tribune en faveur du mariage pour tous, a ainsi, répondu «à plus de 300 courriers» d’habitants de sa circonscription, inquiets de ce bouleversement à venir. «C’est notre rôle d’expliquer les réformes sur le terrain », abonde Isabelle Bruneau, députée de l’Indre, qui affirme passer 80% de son temps dans sa circonscription. Signataire des tribunes en faveur du mariage pour tous et pour le vote des étrangers aux élections locales, elle admet sans hésiter que la majorité des questions posées dans les réunions publiques ou pendant ses permanences «portent plus sur des enjeux économiques, sociaux, sur l’emploi ou le pouvoir d’achat, que sur des évolutions sociétales». Mais ces dernières, justement parce qu’elles ne font pas l’unanimité, sont les plus difficiles à mener. Sans le soutien de l’opinion publique, elles sont susceptibles d’être revues à la baisse.

« On avait le sentiment d’un petit affaiblissement de la volonté gouvernementale »

C’est le sentiment qu’avait Razzy Hammadi lorsqu’il a lancé la tribune en faveur d’une réforme rapide du droit de vote des étrangers : «A l’époque [en septembre 2012], on avait le sentiment d’un petit affaiblissement de la volonté gouvernementale sur ce point», explique-t-il avec retenue. Cinq mois plus tard, à force de relances médiatisées, les députés ont obtenu de Jean-Marc Ayrault qu’il «lance les consultations» des groupes parlementaires. Par peur de voir la réforme retoquée, la majorité mesure les soutiens à une réforme constitutionnelle qui nécessite les 3/5 du Parlement. 35 manqueraient à l’appel. «Il faut arriver à convaincre au delà du groupe socialiste», admet, réaliste, Jean-Marie Beffara. Là encore, les néo-députés socialistes sont en première ligne. «C’est un combat compliqué qui nécessite une large mobilisation», convient Razzy Hammadi, la voix cassée par le marathon parlementaire du mariage pour tous.

S’ils sont aussi mobilisés sur ces réformes sociétales, pourtant pas dans les priorités des Français, c’est qu’à leur hauteur de parlementaire, ils ont l’impression de participer à une petite révolution. Le 30 janvier, après le discours magistral de la ministre de la justice Christiane Taubira, anticipant de quelques jours un titre de Libération, le jeune député twittait : «#Veil, #Badinter…. #Taubira #mariagepourtous #DirectAN».  « Nous montons la société nouvelle que nous voulons », a affirmé, en leur nom à tous, le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone.

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2 réponses à Mariage pour tous, vote des étrangers : ces députés qui montent au front pour les réformes sociétales

  1. dupon dit :

    avez vous pensés un fois seulement aux enfants qui viendront de ces accouplements . il ne faut pas voir que son nombril et avoir du respect envers les futurs enfants s’y l’on peut envisager cette solution .quel avenir, y avez vous penser ,leur descendance ou sera t’elle pourront ils envisager leurs arbres généalogique ou faudra qu’ils disent » NEANT »

  2. Bafour Michel dit :

    La société est plus stable que le coup que cette loi lui porte. Certes, votée, elle s’appliquera à ceux qui la demandait créant satisfactions pour les uns, mais aussi souffrances et désespoirs pour les enfants sans parents.

    Preuve de cette stabilité, la réaction immédiate de la société: le million passé de manifestants aux Champs de Mars, et les 600.000 signatures recueillies par la pétition citoyenne qui permet de saisir le Conseil Economique Social et Environnemental de ce projet, une grande première.
    Oui la société évolue sous la pression de courants contradictoires, à chacun d’y tenir honnêtement sa place: être citoyen de plein exercice est un devoir.

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