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Messieurs-Dames (s’il y en a) de Jazz or Jazz à Orléans, y a un truc qui ne va pas du tout avec votre festival !

Que la prog’ joue l’apartheid, avec grosses têtes d’affiche internationales d’un côté, musiques contemporaines et improvisées de l’autre, soit. Si c’est la condition pour avoir un budget.

Mais comment expliquez-vous qu’on n’ait pu compter que sur une petite cinquantaine de spectateurs pour le concert de Régis Huby & The Ellipse, par ailleurs enregistré par France Musique ?

Et à peine une centaine le lendemain soir, alors que sur scène c’était quand même l’ultime création de l’ONJ d’Olivier Benoit, avec le batteur et compositeur américain Mike Reed et son quartet ?

Ces deux soirées de concert ont pourtant tenu toutes leurs promesses.

  • The Ellipse, mariant musique contemporaine et jazz tout aussi contemporain, écriture précise et escapades improvisées, a dessiné des horizons étonnants, tantôt chatoyants, tantôt austères, mais toujours emprunts d’une belle sensibilité. C’était comme une succession de tableaux de sable, l’esquisse d’une forme évoluant par petites touches vers un un paysage, qui pouvait soudainement être balayé par une tempête, ou bien figé comme en suspens, avant que subtilement émerge un autre dessin, une autre direction…

Je ne suis pas du tout familière de la musique contemporaine, mais lorsque 15 musiciens talentueux comme ceux-ci me prennent par la main, je n’ai pas peur d’y aventurer mes oreilles. Et je suis sûre que bien d’autres amateurs de jazz contemporain, ou de musiques improvisées – ah, la poisse avec les étiquettes ! – auraient trouvé leur bonheur dans ce beau concert.

Les spectateurs des soirées Tricot à Orléans, les afficionados du Petit Faucheux à Tours,  où étaient-ils donc ?

Régis Huby & The Ellipse, jazz et contemporain à la fois

Régis Huby & The Ellipse, jazz et contemporain à la fois

 

  • Même question pour le concert du lendemain soir, avec l’ONJ d’Olivier Benoit à l’affiche, pour la 3e fois en 3 éditions du festival, mais à chaque fois avec une création différente.  Il y avait certes moins de densité qu’à l’ordinaire dans ce programme, confié au batteur et compositeur Mike Reed, pour un tour d’horizon de la scène jazz de Chicago  de ces 30 dernières années.

Mais après l’âpreté du quartet The Sync en première partie (j’y reviens plus loin), un peu de légèreté ne pouvait pas nuire. Et, les oreilles bien débouchées, on pouvait profiter avec bonheur des belles envolées cuivrées de Fidel Fourneyron (trombone) Christophe Monniot (sax alto et sopranino) et Fabrice Martinez (trompette), s’étonner de toute cette palette sonore que Sophie Agnel sait sortir d’un piano,  succomber au charme d’Eric « Elégance » Echampard à la batterie…

Rien de tout cela n’était hors de portée d’oreilles normalement constituées, encore moins de celles qui l’an dernier, s’étaient pressées bien plus nombreuses pour ce même ONJ et sa création Europa-Oslo. Alors quoi ?

l'ONJ d'Olivier Benoit, version Chicago avec le quartet de Mike Reed

l’ONJ d’Olivier Benoit, version Chicago avec le quartet de Mike Reed

 

Jazz or Jazz, je ne sais pas qui tient les rênes de la programmation, de ce côté-ci du jazz, mais si vous croyez dans ce que vous faites, prouvez-le. Trouvez les moyens de vous faire entendre, de rendre visible cette musique, de susciter la curiosité, d’attirer les amateurs de sensations inédites et d’aventures hors des sentiers battus.

Faites-nous un Teknival du jazz, tiens ! Sortez du cadre, faites exploser les murs, emmenez-nous ailleurs ! Laissez la communication bien léchée,  l’entre-soi déprimant, le culte du plus gros cachet et la satisfaction mercantile entre eux, et entrainez-nous sur des terres inconnues, au grand air, sans contraintes ni conventions, juste avec des talents, de l’énergie, de l’envie.

Comme l’a fait The Sync vendredi soir, moment de jazz improvisé radical, dérangeant, brillant et vivant. Un manifeste d’urgence, âpre et sans concession, qui effraie peut-être, qui questionne sûrement. Je ne dis pas que j’en écouterai toute la soirée, mais parfois, se faire bousculer dans ses petites habitudes, ça fait du bien.

Allez, on sort le camion et les murs de son l’an prochain ?

 

 

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