A Poitiers, les quatre jours et demi font déjà l’unanimité



Son cartable sur le dos, Thibault, trois ans, se rend à l’école deux mercredis matin sur trois. Une aubaine pour ses parents, Mélanie, infirmière, et Chi-Toan, opticien, qui travaillent tous les deux. « L’après-midi, il va chez ses grands-parents », précise Mélanie.

Thibault est en petite-section à Saint-Benoît. Comme toutes celles de l’agglomération de Poitiers, son école a toujours connu la semaine de quatre jours et demi. Lors du passage aux quatre jours 2008, une dérogation leur a permis de conserver leur rythme. Dans le département de la Vienne, 40% des écoles sont dans ce cas. La réforme des rythmes scolaires passera donc inaperçue.

 

Dans la Vienne, 40% des écoliers prennent le chemin de l'école le mercredi. (Photo archives NR)

Dans la Vienne, 40% des écoliers prennent le chemin de l’école le mercredi. (Photo archives NR)

 

« Je ne savais pas que Poitiers était une exception ! » s’étonne Mélanie. « Quand j’étais enfant, j’avais école le mercredi aussi, ça me paraît tout à fait normal ». Et cette organisation lui convient parfaitement. La jeune maman a donc du mal à comprendre pourquoi les enseignants râlent contre le retour de la semaine à quatre jours et demi, prévue par le gouvernement.

En contrepartie d’une matinée d’école en plus, Thibault sort de classe à 16 heures tous les autres jours. Mélanie l’assure, se lever le mercredi ne fatigue pas son fils outre-mesure. Le mercredi après-midi, « il fait la sieste, il a besoin de se poser un peu ». Mais il n’est « pas plus fatigué que le samedi quand on l’emmène à droite et à gauche ».

Un mercredi libéré sur trois

Florence, maman d’Antonin, 9 ans, est du même avis. « Un mercredi libéré sur trois lui permet de changer de rythme, de rester un peu au lit », fait-elle valoir, même si son fils « n’est pas fatigué les jours où il doit se lever ». Le recteur a promis que les mercredis libérés seraient conservés.

Les enseignants de l’agglo partagent le même point de vue. « On allège les journées, ce qui permet moins de fatigue, plus de concentration et d’attention », estime Jacques Clavaud, professeur d’une classe de CE2 à l’école Jacques Brel de Poitiers. Et d’ajouter : « c’est évident ».

Le mercredi matin, les enfants sont pleinement réceptifs entre 9h et 11h. C’est le créneau que choisit Jacques Clavaud pour leur faire travailler le vocabulaire, l’orthographe, la géométrie et la lecture. Des exercices qui nécessitent beaucoup de concentration. En fin de matinée, les élèves ont droit à des activités plus ludiques.

« L’école est d’abord faite pour les enfants »

« On essaie de coller à ce que les chronobiologistes ont remarqué », explique le professeur, qui a du mal à comprendre la grogne de ses collègues. « C’est normal de prendre l’avis des enseignants », explique-t-il, « mais l’école est d’abord faite pour les enfants ».

L’école Jacques Brel, où il travaille, est à la pointe en matière de politiques éducatives, et fait figure de laboratoire pour la prochaine « refondation de l’école ». L’équipe éducative travaille depuis longtemps déjà avec les acteurs associatifs, comme le préconise le ministre de l’Education nationale. Le directeur de l’école rencontre le centre social et les associations de manière à proposer des animations aux élèves pendant la pause de midi, et le soir après la classe.

« Ce travail demande énormément de temps », fait remarquer Jacques Clavaud, qui plaide pour « un temps de décharge plus important pour le directeur afin que les projets ne soient pas parachutés sans préparation ». Avant qu’un tel système voit le jour dans tous les établissements, il faudra « l’octroi d’un temps de concertation aux équipes par l’administration ». A bon entendeur.

 

La promesse

38

L’action

Dès l’été 2012, le ministre de l’Education Vincent Peillon a installé une commission destinée à formuler des propositions pour « refonder l’école ». Parmi elles figurait la semaine à 4,5 jours pour tous les écoliers. La mesure a été promulguée par décret le 26 janvier 2013.

Il prévoit une semaine de 24 heures d’enseignement sur cinq jours à l’école primaire, chaque journée de cours ne pouvant pas excéder 5h30. Les pauses méridiennes doit être au minimum de 1h30.

Les communes ont la possibilité de reporter l’application de la réforme à septembre 2014. Dans ce cas, elles ne toucheront pas d’aides. Elles ont jusqu’au 31 mars pour se déterminer.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Vie de tous les jours, Vie en famille, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.