Immigration : « Un climat apaisé » depuis l’arrivée de Hollande



Toujours méfiants à l’égard des politiques, les défenseurs des droits des migrants ont vu les socialistes arriver au gouvernement avec circonspection. Au pouvoir, la gauche navigue entre promesses d’humanité envers les migrants et fermeté contre les clandestins. Sans noter de réels changements, sur le terrain, Georges Rondeau, le président de la Cimade 37, décrit un « climat apaisé ».

La "criminalisation" des sans-papiers a été beaucoup dénoncée sous le gouvernement précédent. (Photo archive NR, P. Lavaud)

La « criminalisation » des sans-papiers a été beaucoup dénoncée sous le gouvernement précédent. (Photo archives NR)

L’ange gardien des migrants échoués en Touraine, fait parti de ces gens dont, au premier regard, on ne sait s’il s’agit de lard ou de cochon. Après quelques minutes d’entretien, on découvre qu’il peut être un agneau, fier de frayer avec des loups. Dix ans que ce grand connaisseur de l’Afrique visite les sans-papiers dans les cellules des centres de rétention et épluche les dossiers des candidats à l’immigration depuis le minuscule bureau de la Cimade d’Indre-et-Loire, logé derrière un paravent d’une salle d’associations droit de l’hommistes. Des centaines de fiches couvertes d’une écriture appliquée. Des centaines « d’hommes et de femmes » dont le destin est suspendu à la politique d’immigration de la France. 

Depuis le 6 mai, de son terrain tourangeau, qui rayonne juste qu’au centre de rétention de Chateaudun, Georges Rondeau n’a pas vu « de changement drastique »… mais un allègement de la chasse au clandestin : « l’application de la déontologie a changé ».

Georges Rondeau, président de la Cimade 37, n'a pas constaté de "changement drastique" , depuis l'arrivée de Hollande. (Photo NR)

Georges Rondeau, président de la Cimade 37, n’a pas constaté de « changement drastique » , depuis l’arrivée de Hollande. (Photo NR)

Sans surprise, le président de la Cimade 37 est « de gauche », mais « pas encarté ». « Catholique » aussi, tient-il à préciser, avant de réciter la Chahada, profession de foi musulmane. Les engagements de François Hollande sur l’immigration, il les juge à l’aune des faits. Sans enthousiasme ni défaitisme. Point par point. Comme les dossiers juridiques de ces « gamins » qu’il faut extraire des centres de rétention.

Dans son cinquantième engagement, François Hollande avait promis de conduire « une lutte implacable contre l’immigration illégale et les filières du travail clandestin », de « sécuriser l’immigration légale » et affirmé que « les régularisation seront opérés au cas par cas ». En campagne, il avait aussi promis de « mettre fin dès mai 2012 à la rétention des enfants« .

« Il y a toujours des enfants dans les centres de rétention »

« Oui, affirme Georges Rondeau en sortant une feuille de ses dossiers, il y a toujours des enfants placés en centre de détention« . Entre mai et janvier, les défenseurs des migrants ont relevé trois cas. Une paille à côté des 351 mineurs placés en rétention en 2010, qui avait valu à la France une condamnation de la Cour européenne des droits de l’Homme. C’est mieux, mais « il faut qu’il n’y en ai aucun », martèle Georges Rondeau (sévère) « Il est vrai qu’on arrive quasi systématiquement à obtenir des assignations à résidence« , relativise-t-il (adouci). Encore faut-il que les associations puissent s’engager, au nom de la famille, sur un lieu de vie et une adresse stable.

C’est là qu’intervient une autre des promesses de François Hollande : la suppression du délit de solidarité. « Ca facilite l’accueil » constate Georges Rondeau, lapidaire. Une nécessité, à l’heure où la Coordination française pour le droit d’asile (CFDA) dénonce un système d’accueil des demandeurs d’asile à bout de souffle, des Cada (Centre d’accueil pour demandeurs d’asile) surpeuplés, des structures d’urgence dépassées et mal adaptées.

L’autre grand progrès pour cet adepte du droit « rien que le droit, tout le droit », c’est la circulaire Valls, datée du 28 novembre, qui comme promis par le candidat socialiste, précise « les conditions d’examen des demandes d’admission déposées par des ressortissants étrangers en situation irrégulière ».

Circulaire_Valls by

 

Du pain béni pour les défenseurs des migrants, qui peuvent monter des dossiers « irréprochables » et plaider droit pour droit, à armes égales. « Là par exemple, ce gamin », dit Georges Rondeau en désignant un jeune Africain en discussion avec l’un des bénévoles, « il est excellent cuisinier. On va tenter de le faire entrer dans le cadre des “motifs exceptionnels”  [circonstance humanitaire, services rendus à la collectivité ou talent exceptionnel], dans le domaine économique ».

« On a constaté une levée de la pression autour des lieux traditionnellement “vérifiés” par la police, les contrôles systématiques se sont raréfiés, le contrôle au faciès a légèrement infléchi »

Reste la « lutte implacable contre l’immigration illégale », à faire frémir le septuagénaire, pour qui « il n’y a pas d’étrangers sur cette terre ». Si le nombre des expulsions annoncées pour l’année 2012 – 36.000 – laisse penser qu’aucun coup de frein brutal n’a été donné après le 6 mai, comme le déplorait SOS Racisme fin janvier, le climat s’est adouci pour les clandestins. « On a constaté une levée de la pression autour des lieux traditionnellement “vérifiés” par la police, les contrôles systématiques se sont raréfiés, le contrôle au faciès a légèrement infléchi », énumère Georges Rondeau.

En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le nombre des expulsions de migrants avait bondi. Les associations espèrent un coup de frein. (Photo archives NR, P. Deschamp)

En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le nombre des expulsions de migrants avait bondi. Les associations espèrent un coup de frein. (Photo archives NR)

Même constat du côté du bénévole habilité au local de rétention de Tours – une cellule de transit dédiée au commissariat : plus personne ne passe par la cellule de rétention administrative de Tours.  « Il y a moins d’interpellations, et celles qui sont effectuées le sont dans le respect du droit », estime le président de la Cimade 37.
S’il reste attentif, vigilant, militant – « il faudrait que personne ne soit placé en rétention » – cet ex-baroudeur international reconverti à l’accueil national apprécie que le « dialogue soit rétablit ». « Il n’y a pas encore véritablement de traduction en acte, mais il y a du progrès« .

La promesse

50
 
L’action
 

Depuis l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, l’assignation à résidence des familles menacée d’expulsion est largement privilégiée pour lutter contre le placement des enfants en centre de rétention. Depuis le 6 mai, les associations ont relevé trois cas, contre plusieurs dizaines les précédentes années.

Le 28 novembre, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a arrêté une circulaire définissant les critères de régularisation.

Le premier janvier, le délit de solidarité a été officiellement supprimé.

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Une réponse à Immigration : « Un climat apaisé » depuis l’arrivée de Hollande

  1. VIANOLI dit :

    le droit de vote des étranger, moi je n’en veut pas, alors que l’on gomme doucement notre culture, le gouvernement veut nous imposer des lois donc la majorité des francais ne veulent pas, donnez la parole au peuple, il est souverain dans son pays!!!!

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