C’EST POUR QUAND LE BONHEUR ?
On ne peut vivre qu’avec les gens qui vous aiment, qui vous entourent d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver… Cette magnifique citation d’Albert Camus n’inspire pas réflexion. Elle s’impose en vérité presque absolue, celle de la réalité des relations humaines. L’écrivain avait serti cette phrase d’un écrin intime. La question à se poser toutefois, c’est à savoir si cette pensée dans son exacte écriture s’applique également au monde de l’entreprise. Être aimé et respecté dans son univers professionnel, voilà un vaste sujet qui pêle-mêle invite à sa table parfois bancale tant le bonheur que la souffrance.
Et revoici ainsi l’infini et indispensable chantier de la qualité de vie au travail. Et cette éternelle question, essentielle, que tous les dirigeants devraient se poser chaque matin, « Comment penser le travail autrement ? ». Dans l’enquête que Cap Eco consacre à ce dossier apparaît un chiffre presque effrayant, révélé par l’une de nos interlocutrices tourangelles. Seulement 11 % des salariés reconnaissent être heureux dans leur environnement professionnel. Pour donner un coup de fouet à cette triste tendance, des entreprises locales, à l’image de SKF, soignent autant l’environnement professionnel que l’aspect très personnel de la vie des salariés. Salle de sport, crèche d’entreprise, autant d’éléments favorables au bien-être.
Mais au-delà de tout cela, il y a la reconnaissance des actions, des talents, des doutes et des souffrances. Un peu – voire même beaucoup – de psychologie à déployer au quotidien. Être entouré d’une affection aussi légère à porter que forte à éprouver… oui, la jolie phrase d’Albert Camus s’applique aussi bien à l’intime qu’à l’activité professionnelle. Mêler le personnel et le professionnel, l’un et l’autre étant intimement lié par un cercle vertueux ou vicieux, voilà une certitude que de nombreux pays européens, de la Suède à l’Allemagne, revendiquent : être bien dans sa vie, c’est être bien dans son travail et vice-versa. La France est à la traîne sur terrain-là. Mais fort heureusement, de plus en plus d’entreprises tourangelles prennent ce virage. Le début d’un changement… indispensable.
Jean-Yves Le Nezet