La motivation au travail, source de bien-être
Comment faire en sorte de se lever heureux pour aller travailler ? C’est le sujet de cette enquête où la notion de bienveillance se révèle essentielle !
Ils sont experts-comptables, maçons, boulangers, couvreurs, médicaux, simplement salariés ou indépendants. Ils ne comptent pas leurs heures, sans regarder la montre. D’une pénibilité à l’autre, ces hommes et femmes dépendent de plannings, de chantiers mais aussi de directives de leurs chefs d’équipes, de directeurs et chefs d’entreprise capables (ou pas) de s’intéresser et de s’occuper d’eux avec bienveillance.
Ah ! La bienveillance ! Mais comment la définir ? Comment la mettre en pratique ? Faire en sorte de motiver ses équipes ? Les rendre plus productives, créatives et moins absentéistes ? Le sujet est sensible. Des livres se multiplient, comme pour mieux le rendre visible, d’un point de vue préventif et curatif. Mais comment le définit-on ? Sans doute par les témoignages qui seront nombreux ici ! Par un partage d’expériences vécues de la TPE à la grande entreprise, par des salariés, par des dirigeants !
Grand témoin de cette enquête et conférencier de ce mois pour le réseau Carnet Pro du groupe La Nouvelle République, le médecin urgentiste Philippe Rodet cosigne avec le DRH de Casino, Yves Desjacques, un livre salutaire pour répondre au questionnement sur le management bienveillant. Face au stress. Aux changements des modes de travail. À l’absence de reconnaissance… Ils se font donc l’écho du manque de motivation que chacun d’entre nous rencontre, par omission ou non de sa hiérarchie, de l’usure du sens de sa fonction. Et l’ouvrage commence ainsi : « La bienveillance en entreprise a-t-elle un sens ? Est-ce une contradiction dans les termes ? Ou un procédé manipulatoire pour faire écran aux difficultés ou apaiser un tant soit peu les souffrances au travail ? Beaucoup peuvent y voir un effet de mode, une sorte de gadget humaniste, de discours illusionnistes… »

Dans cette entreprise de travaux publics (Jérôme BTP à Ballan-Miré), les chantiers commencent par une séance d’échauffement musculaire.
Alors quoi ? Qu’est-ce-donc cette bienveillance ? Homme pragmatique dans son entreprise de moins de vingt salariés, le compagnon du devoir Yohann Lebeau, repreneur d’une boite de couverture et de charpente à Veigné, y ajoute un sentiment d’isolation. « Je serai quoi, moi, sans eux ? » se demande-t-il, vis-à-vis de ses collaborateurs ? Le gérant quadragénaire s’est engagé à communiquer régulièrement à ses salariés les chiffres, les résultats comptables. Il interroge chaque mois les chefs d’équipes sur leurs besoins matériels. Par ailleurs, cet expert-comptable veut remettre en selle des personnes en situation de handicap, depuis leur domicile, en leur faisant faire des tâches administratives digitales liées à l’activité ! Cet autre chef d’entreprise recrute, avec bienveillance, sur des postes profilés dans l’informatique. Et cet enseignant-chercheur recommande, à ses étudiants, des futures pratiques très éloignées du management de papa !
La bienveillance,
c’est manager respectueusement
La génération Y serait-elle donc à l’origine de cette révolution du coaching, d’une rébellion contre des modèles silencieux, assis et muets devant une hiérarchie aussi puissante qu’invisible, contre une disposition à la fonction qui veut qu’en échange de quoi, la reconnaissance équivaudrait, au gré de la négociation poussive, un point (virtuel) d’indice supplémentaire sans compliments ?
Nos interlocuteurs veulent ici croire à d’autres formules aussi humanistes les unes que les autres. Et donnent à la génération, qui arrive ou revient à l’emploi, une formidable envie de retravailler ! Cette motivation est liée à la confiance. À la reconnaissance et l’autonomie ! Cettte bienveillance… Au Réseau « Entreprendre Val-de-Loire », les engagements apparaissent comme une évidence. Benoît Pontroué appuie sur le sujet, page suivante. D’autres chefs d’entreprises, comme lui, témoignent de la difficulté à gravir la montagne mais porte la beauté du belvédère que donne son sommet lorsque l’on a accompagné un salarié à se repérer de nouveau. Pour entreprendre ou à retravailler comme salarié !
Le management bienveillant serait donc t-il une utopie? Il intéresse et concerne cependant les étudiants, les dirigeants de n’importe quelle taille d’entreprise. Sous condition qu’ils en aient envie. Et pour les inviter, Philippe Rodet les convie, non seulement à relire Aristote et Saint-Thomas d’Aquin dans son livre « Le management bienveillant » paru aux éditions Eyrolles, mais aussi à méditer sur « les bases d’une nouvelle société, de bâtir un avenir à nos enfants, avenir où les maîtres mots sont justice, goût de l’effort et enthousiasme ! Tout cela est possible parce que les modes de management inspirées du passé ont perdu de leurs certitudes ! Dans une société non pas idéale, mais dont l’humain se trouverait véritablement au cœur… » Pour aujourd’hui et pour demain !