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Prix du meilleur roman Points 2016. Acte I

Un prix pour déterminer, dans une collection, le meilleur roman de l’année 2016 ? Voilà une bonne idée. La collection Points organise, depuis plusieurs années déjà, ce prix. J’ai reçu un courrier et un premier roman, au coeur de l’été. J’ai postulé et j’ai été retenue. Je fais donc partie des quarante lecteurs passionnés (auxquels s’ajoutent vingt libraires) qui sous la présidence de l’auteur Philippe Delerm, vont d’ici le mois de mai, recevoir dix romans à lire, à décortiquer et à noter.

Juste avant Noël, le premier colis est arrivé. A l’intérieur, quatre titres, tous écrits par des auteurs étrangers :

« Retour à Little Wing » de Nicholas Butler

« Les réputations », de Juan Gabriel Vasquez,

« Passent les heures », de Justin Gakuto Go

– et enfin « La vie amoureuse de Nathaniel P. » d’Adelle Waldman.

Voici le premier roman lu. Je l’ai dévoré durant mes vacances, l’été dernier. De quoi me donner envie de suivre cet auteur qui a récemment publié un recueil de nouvelles dont Quatrième de couv a parlé ici.

RETOUR LITTLE WING Dans « Retour à Little Wing », on suit les histoires de quatre amis autrefois inséparables : Hank, Kip, Ronny et Lee. Ils ont grandi à Little Wing., une petite ville agricole du Wisconsin.

Devenus adultes, certains sont partis. D’autres sont restés. Et puis il y a ceux qui auraient aimés sans aller.

Dix ans se sont passés depuis que la bande s’est un peu perdu de vue. Le mariage de Kip, l’ex-trader installé à Chicago qui voudrait racheter la fabrique désaffectée de Little Wing va les réunir. Pour le meilleur et pour le pire.

Hank n’a jamais quitté la ville. Agriculteur, il a épousé son amour de jeunesse, Beth.

Ronny, lui, était un as du rodéo jusqu’à ce qu’un accident le laisse sacrément diminué. Hank veille sur lui.

Enfin, il y a Lee, plus connu sous son nom de scène, « Corvus ». Rock-star, il aime à revenir à Little Wing.

Le tout est un roman choral sur l’amitié et le Midwest américain. Une belle surprise. Ce premier roman, écrit par un trentenaire inspiré, sorti à la fin de l’été 2014 aura été un succès de librairie. On se plonge dans l’histoire, on suit les personnages. Un roman idéal pour les vacances et découvrir l’Amérique rurale.

Extrait

 Page 171 : « J’étais gêné. Gêné d’être en instance de divorce à trente ans à peine. On dirait que Hank et Beth sont ensemble depuis toujours, eux. Je ne les ai jamais vus se disputer. Pas même se chamailler. Dans leur super maison, avec leurs super enfants. Toujours tous dehors, en train de jouer ou de travailler sur quelque chose. Quand je passe, je les trouve autour de la table de pique-nique devant la maison, ils dînent et se passent des plats de je-ne-sais-pas-quoi, comme s’il n’y avait rien de plus naturel au monde. »

 

REPUTATIONS OKOK  Autre univers avec « Les réputations », un roman qui nous conduit plus au sud, en Colombie.

A Bogota, nous suivons, avec gourmandise, la vie et la plongée dans le passé d’un célèbre caricaturiste politique, adulé ou détesté.

Javier Mallarino a, des décennies durant, fait la pluie et le beau temps avec ses crayons et son papier. D’un trait à l’encre de Chine, il fait et défait les réputations. Qu’en est-il de la sienne ? Est-il déjà allé trop loin, jusqu’à provoquer la mort d’un homme ? Alors qu’il est convié à une cérémonie d’hommage, tout son passé refait surface car une jeune femme, ancienne camarade de sa fille devenue adulte est là, dans la salle. Elle se souvient. Elle veut comprendre, poussant Mallarino à une introspection sur son métier à laquelle il ne s’attendait pas.

Un très beau roman, sorti à la rentrée littéraire de septembre 2014, sur le pouvoir des médias.

Extrait

 Page 126 :« Ce qui dérangeait le plus les victimes de ses caricatures, Mallarino l’avait constaté avec le temps, n’était pas de voir leurs défauts étalés, mais que les autres les découvrent : comme un secret qui sort au grand jour, comme si leurs os étaient un secret bien gardé brusquement révélé par Mallarino. Adolfo Cuellar ressentait-il cela ? Sa femme le regardait, les journalistes le regardaient, Mallarino le ragardait des millions de gens dans tout le pays le regardaient… Il était devenu visible, trop visible ; Mallarino s’imagina sur les hauteurs, la ville s’étendant à ses pieds, et songea à la satisfaction que devaient ressentir les humbles, les hommes et les femmes trop petits, trop insignifiants pour être remarqués par lui et ses semblables. »

PASSENT LES HEURES  Le troisième roman lu est aussi le plus long de ce premier envoi. « Passent les heures » compte 595 pages et deux histoires à suivre en parallèle. Je suis entrée rapidement dans l’histoire et me suis rendue compte, tout aussi rapidement, que la quête de Tristan était vraiment « cousue de fil blanc ». L’histoire ? Elle est double, donc.

La première mène Tristan, un étudiant américain de San Francisco en Europe (Angleterre, France, Allemagne, Suède, Islande…) sur les traces de ses aieux. En jeu, une immense fortune, celle d’Ashley Walsingham, mort tragiquement alors qu’il tentait, en 1924, de faire l’ascension de l’Everest. Si Tristan arrive à prouver ce qui le lie à ce dernier, il sera riche. Immensément. En France, il rencontre Mireille, dont il tombe amoureux.

Ashley a vécu une histoire d’amour courte mais passionnelle avec Imogen, jeune femme libre et déterminée dont on suit les épisodes au fil des mois. Entre les codes de la société d’alors et les carcans familiaux, Imogen et Ashley vont voir leur amour mis à (très) rude épreuve alors que la Première Guerre mondiale fait rage dans les tranchées qui avalent Ashley et ses frères d’armes.

Pas de grande surprise à lire ce roman qui prend le double aspeuct d’une enquête et d’une fresque sur des amants tragiques. On s’attend au dénouement.

Extrait

Page 482 : « Je n’ai pas à fouiller dans le passé des gens. D’ailleurs je ne peux rien faire quatre-vingts ans plus tard pour ces deux amants morts depuis des années et qui auraient dû sombrer pour toujours dans l’oubli. Il serait peut-être plus charitable de ne plus y penser, de laisser les événements aller en poussière. Peut-être est-ce ainsi que le monde adoucit un souvenir aussi cruel que celui d’Ypres et Regent’s Park se confondent au bout de quatre-vingts ans sous la boue flamande. Je repousse ma couverture et sort mon carnet. »

  VIE AMOUREUSEIl en faut bien un ! C’est tombé sur lui. Dans cette première sélection, voici mon premier caillou ! Avec « La vie amoureuse de Nathaniel P. », je me suis retrouvée en difficulté. Voici un roman dont le sujet m’indiffère. Je me suis accrochée… et j’ai finalement abandonné. Ce qui a dû m’arriver qu’une poignée de fois depuis que je suis en âge de lire. Un échec donc. Ce qui ne doit pas vous empêcher de vous y plonger. L’histoire écrite par Adelle Waldman qui, à 37 ans, a ainsi signé son premier roman ? La vie de Nathaniel, dite Nate, fils d’immigrés roumains installé à Brooklyn. Jeune écrivain qui vient de décrocher un juteux contrat, le jeune homme multiplie les aventures amoureuses, sans trop savoir ce qu’il cherche, visiblement. Bref, on plonge dans les atermoiements d’un narcissique évoluant dans le petit monde de l’élite littéraire à New-York.

Désolé, mais je n’ai pas réussi à m’intéresser à ce jeune type hype. Alors je l’ai laissé aux mots d’Adelle Waldman. Même pas, de fait, vous proposer un extrait ! On oublie…

Une Réponse à “Prix du meilleur roman Points : première salve”

  1. Sans attente dit :

    Hello, merci pour votre article très captivant! Je suis de bordeaux et je suis intrigué par ce sujet. Grâce à votre site que je viens découvrir au hasard d’un surf, je vais en connaître davantage. Amicalement.

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