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RENDEZ-VOUS Partons en voyage ! Loin, dans le Midwest et plus précisement à travers le Wiscosin. Aux Etats-Unis, donc. Notre guide ? Nickolas Butler. Auteur du très réussi « Retour à Little Wing », ce jeune auteur de 36 ans est de retour avec ce recueil de nouvelles.
Né en Pennsylvanie, ses écrits ont paru dans diverses revues. Diplômé de l’Université du Wisconsin et de l’atelier de l’écrivain Iowa, Nickolas Butler vit actuellement dans le Wisconsin avec sa femme et leurs deux enfants.

Dix histoires, dix parcours de vie, d’hommes et de femmes confrontés à la maladie, à l’alcool, à la peur, à la violence, à l’abandon, à la solitude, au temps qui passe et à l’amour qui s’émousse. Les aléas de la vie les confrontent à leurs idéaux. Pas simple.

La virée nous emmène sous la glace avec Kat et Pieter, dans une virée entre vieux amis, dans les bois chercher des champignons avec Deere, Coffee et Rimes, dans un élevage de chiens clandestin où Aida vit dans le crainte des coups de Kruk, dans une cabane où se tient, pendant des dizaines d’heures une terrible confrontation entre un vieil idéaliste condamné par la maladie, Foreman et Hazelwood, le patron confronté à ses démons…

Un recueil de nouvelles vraiment réussies sur l’Amérique profonde. J’avais beaucoup aimé son premier roman. Ce deuxième opus confirme son talent de « raconteur » d’histoires. Une jolie découverte.

 

Extraits

Page 89 ( dans « Rendez-vous à Crawfish Creek ») : « Un jour, elle avait donné un coup de téléphone anonyme à la police, du magasin où elle travaillait. Elle avait signalé une opération illégale de combats de chiens dans une grange proche de Crawfish Creek. C’étaient les derniers jours du printemps, et elle voulait en finir. Elle espérait que la police ferait peur à Bret et qu’il déciderait lui-même de mettre un terme à ses activités. Le policier l’avait écoutée et lui avait demandé son nom. Elle avait répété les renseignements sur les chiens et raccroché. Le lendemain, un véhicule de police avait débarqué sur leur allée en gravier et deux policiers avaient frappé à la porte. »

Page 139 (« dans « Sous le feu de joie ») : « Ils allaient au parc d’attractions car l’entrée était gratuite pour les anciens combattants et un psy avait dit à Duane que ce n’était pas un mauvais endroit pour essayer de “ressentir” quelque chose sans rien dans les veines, les narines ou les poumons. Ils s’y rendaient donc quatre fois par semaine, comme s’ils allaient au boulot, premiers arrivés, derniers partis. Ils emballaient parfois des filles et les suivaient ensuite dans un dortoir, un motel ou une maison. Ils avalaient des cochonneries : palmiers saupoudrés  de sucre glace, saucisses sur bâtonnet, boissons gazeuses, friandises et fritures. Ils portaient un uniforme : baskets, short et débardeur mettant en valeur les biceps et les tatouages de l’armée, les balafres de shrapnel, les marques de briquets chauffés à blanc, les lunes sombres de brûlures de cigarettes et les endroits de leur corps qu’ils désignaient ainsi quand ils étaient soûls : “C’est ici que Titus m’avait attrapé l’avant-bras. Sa main était là, exactement. Il avait une poigne tellement forte que j’ai cru qu’il allait me casser le bras en deux.”

Mais en dépit des bonnes intentions du psy de Duane, ils n’éprouvaient jamais grand-chose. »

Pages 244-245 (dans « Lenteur ferroviaire ») : « Je ne me disputais jamais avec Sunny. Elle en avait bavé dans le passé et je voulais que sa vie avec moi soit facile. Il lui arrivait de me malmener, parfois même de me coller un oeil au beurre noir, mais elle en valait la peine. Tout était mieux avec Sunny. Même lorsqu’elle balançait de la farine plein la cuisine ou mettait accidentellement le feu aux rideaux. Etre amoureux d’elle revenait à ça : un combat à mains nues. Elle se lançait dans toutes ses relations, armée d’un coup-de-poing américain et, en matière d’amour, j’avais une mâchoire de verre. J’étais prêt à me faire écraser pour ces soirées où elle revenait en rampant dans notre lit après avoir trainé dans les bars, son visage sur ma poitrine, ses cheveux enfumés, sa voix rauque, à vif.

« Je t’aime, disait-elle toujours. Tu devrais nous quitter, tu sais. C’est pour ton bien que je te dis ça, tu devrais nous quitter. »

 

« Rendez-vous à Crawfish Creek », de Nicholas Bulter, Autrement, 19€.

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