Paroles de designers
“ Le design n’est pas
seulement esthétique ! ”
Directrice commerciale et artistique, Annie Goupil a créé la marque Aliénor France qui conçoit et réalise des objets de la maison depuis Larçay. Mais la société est en train de négocier un nouveau virage en s’associant avec Alpha Test, entreprise de conception, industrialisation et production de produits à base d’électronique. Annie Goupil compose désormais ses produits avec le led, lui-même conçu sur-mesure en fonction des créations. Ses clients sont des architectes d’intérieur, des décorateurs ou des designers d’espace. « Nous répondons en fonction de la faisabilité des projets ou d’un cahier des charges… ». Aliénor France s’est ainsi distingué au Domaine de Thais à Sorigny ou pour des grandes marques de l’agroalimentaire. « Nous faisons un design sensoriel et pas seulement esthétique qui doit répondre à des solutions. Avec les luminaires, nous créons un design pour l’électronique. C’est une façon de mieux percevoir la matière… ». Aliénor France a réalisé un chiffre d’affaires de 300.000 euros pour son premier exercice. Elle a obtenu la prestigieuse labellisation S2E2 dont le pôle contribue à l’émergence de nouvelles solutions technologiques, de nouveaux produits et services dans les domaines de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.
“ C’est le métier
du présent ! ”
En trente années d’existence, l’agence RCP Design Global est devenue une référence internationale. Avec ses trois domaines d’expertises que sont le design, l’identité et le sensoriel, elle propose des solutions créatives dédiées aux usagers en s’inscrivant dans une réalité de faisabilité technique, économique et culturelle. Et s’appuie sur trois fondamentaux : « se différencier, définir le juste perçu, offrir une expérience positive aux utilisateurs et convenir à leurs attentes et besoins ». Design produit, ergonomie d’usage, design transport et mobilité, de services, aménagement intérieur, aménagement d’espaces ou mobilier urbain : rien ou presque ne lui échappe. Les Tourangeaux lui doivent leur tramway. « Designer, c’est le métier du présent. Sa vision est faite pour connaître les usages de maintenant. Moi, je parle à mes contemporains » affirme Régine Charvet-Pellot avec conviction. L’agence réalise son huitième tramway (Paris) et travaille sur les espaces des stations de Nantes qui accueilleront demain des rames restylisées. Avec Certesens, elle conçoit et fabrique des outils sensoriels, véritables plus-values au design traditionnel. Ce qui lui donne une place à part dans la profession.
“ Combiner les techniques
avec les matières ”
Élodie Michaud, 25 ans, vient tout juste de sortir de l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’arts (ENSAAMA), le diplôme « textiles et innovation » en poche. Elle vient de monter son auto entreprise et partage l’espace de co-working « Trajectoire » rue de Sébastopol à Tours, avec d’autres créateurs. Avec Kevin Rabillet, elle a donné au skateboard un nouvel habillage en créant la marque assez vintage « Minkaskateboard ». Sa démarche de départ : comment réinterpréter l’héritage textile et comment continuer à le faire exister. « J’ai une approche assez expérimentale en tant que designer textile matière surface. Avec Rebecca Fezard, nous travaillons actuellement sur le néoprène et voir comment y intégrer des motifs. Ce sont habituellement des vêtements techniques. Nous allons en faire quelque chose d’autre ».
“ Prendre en compte
les usages et les besoins ”
La séculaire cartonnerie Oudin, à Truyes, a diversifié sa production en se positionnement sur le segment de l’étui pliant, du coffret cadeau promotionnel et des boîtes de produits de luxe : champagne, parfums, spiritueux. « Ces activités représentent 70 % de notre chiffre d’affaires » témoigne Catherine de Colbert. L’entreprise, qui abrite son propre laboratoire de recherches et de développement, propose des amalgames de pâtes différences pour obtenir des « tendus » de surface. « La tendance est à l’emballage personnalisé et travaillé. Il possède aujourd’hui une dimension sensorielle. C’est pour nous de la valeur ajoutée et cela permet de nous différencier alors qu’avant, nous ne fabriquions que des cartons ordinaires. La matière va être transformée. Nous partons des besoins et des usages pour ensuite adapter les matériaux… ».
“ Une vocation
à être utile à l’entreprise ”
Paule Guérin a monté son agence de design après avoir travaillé dans le commerce équitable. De cette expérience, elle a retiré le besoin de se rendre ses talents utiles auprès de ses clients, essentiellement des PME industrielles. Avec son compagnon, elle a créé la marque de cycles Keim, caractérisés par leurs cadres en bois. « On a fait également le tableau de bord et la structure d’appui tête d’une concept-car imaginée par Renault. Nous organisons des work shops avec les designers pour nourrir la réflexion autour du bois… » Diplômée de l’école des arts décoratifs, Paule Guérin dessine aussi des gammes de portes classiques ou contemporaines. Elle a enfin prêté son concours à la start-up Rhéawave, lauréate 2015 du Top des entreprises, en designant le carter de la machine chargée de contrôler la viscoélasticité des matières.