Le design, valeur ajoutée de l’économie
Vecteur d’innovation et de développement économique, le design bouleverse les codes du marketing, quels que soient les supports.
Ergonomie. Esthétique. Éthique. Émotion. Économie. Voilà en cinq mots ce que regroupe la notion de design. Avec lui, l’objet n’a de sens que dans le besoin et l’usage. Il crée aussi la transition entre les acquis du passé et les promesses de l’avenir.
Responsable Design chez Peugeot, Mathieu Riou-Chapman déclarait en conférence de presse « Les Français ont tendance à confondre design et décoration. Et la France, par son ancrage fort dans la mode, raffole de la culture du nom, du génie créateur. Ainsi pour l’entreprise, la question se pose de faire appel à des noms connus ou bien à une agence dont la mission est de distiller des codes et des valeurs formulés par l’entreprise elle-même. Le design n’a pas vocation à devenir entièrement virtuel. Plus il y a de virtuel, plus les consommateurs souhaitent une expérience forte à travers des choses simples ou extrêmement sophistiquées (lumières, confort)… ».
Le design passe donc par une identité avec les matières. Le bois de Paule Guérin, la dentelle et les textiles d’Elodie Michaud, les fibres de carton de Catherine de Colbert, le tramway tourangeau et les installations Régine Charvet-Pellot et de Daniel Buren, les objets lumineux d’Annie Goupil ne sont que quelques exemples, dans des activités particulièrement représentées en Indre-et-Loire. On y ajoutera ceux de deux autres grands professionnels parisiens, invités du rendez-vous Carnet Pro du groupe La Nouvelle République : Ionna Vautrin et Marc Venot.
La première, diplômée de l’école de Nantes, collabore désormais avec différentes marques et éditeurs tels que Foscarini, Moustache, Kvadrat, Christian Dior Parfums, SNCF, Lexon, Serralunga, JCDecaux… « Mon travail est une rencontre entre poésie et industrie. Je dessine des objets du quotidien dont l’ambition est d’être simple, évident mais surprenant. Des projets dont les formes sont à la fois géométriques et organiques, dont l’esprit est espiègle et coloré, dont les usages sont intuitifs et fonctionnels, dont la présence est chaleureuse et familière… ».
Marc Venot cherche à faire naître un lien particulier et durable entre l’usager et l’objet. Que ce soit pour des produits de grande distribution ou des objets plus signés, le geste et le rapport au corps sont au cœur de ses recherches. « Mon but est qu’une personne ressente une surprise quand elle touche et utilise un de mes objets pour la première fois, puis qu’elle se l’approprie. Mon travail commence par un processus de maquettes de plus en plus précises et finalisées. Ce travail permet de valider et d’affiner une gestuelle, un confort, une prise en main ; pour moi l’objet est finalisé au moment ou une évidence s’en dégage. »
C’est de la contrainte d’un cahier des charges
que naît l’objet
Un objet réussi c’est aussi un objet qui se révèle par son usage. Cette révélation peut être magique ou inattendue, une expérience intime entre l’objet et son usager. Certains designers, comme Stéphanie Ghérissi relookent les entreprises ou les bâtiments publics. Elle a ainsi mené une assistance à maîtrise d’ouvrage sur l’ancien lycée professionnel de la Chartrie, à Descartes. L’établissement, aménagé en hébergements, locaux d’entreprises et associations, pôle petite enfance (crèche et accueil de loisirs) a été transformé : réhabilitation énergétique, ravalement avec des plaques de danpalon très colorés (vert, bleu, orange, jaune, rouge, bronze)…
Alors, le design, c’est faire une œuvre d’art ? Le tramway voulu par les équipes de Régine Charvet-Pellot y ressemble. Le designer tourangeau Jean-Paul Marzais, qui a conçu une banquette modulable pour le Centre de création contemporaine Olivier-Debré, marque les différences : « Le design accompagne une fonction. On a moins de liberté quand il y a un cahier des charges. Mais c’est de cette contrainte que naît l’objet. Dans l’art contemporain, c’est l’artiste qui se crée ses propres contraintes ».
« Toutes les marques recherchent un plébiscite que ce soit pour leur produit, leur magasin ou leur service, conclut le responsable design de Peugeot. Pour générer une identité forte perceptible par leurs clients, générer des valeurs autour de cette identité. Ici est la fonction première du design : concevoir et formaliser une stratégie esthétique pour faire adhérer les clients par une équation émotionnelle… ».
Ergonomie. Esthétique. Éthique. Émotion. Économie. La boucle est bouclée !