Dominique Postel, la plume des chefs
Baignée de souvenirs d’enfance à la pâtisserie Poirault de Tours, elle remet le couvert en passant des arrières cuisines au reportage.
Au bout de mes lèvres entrouvertes/pousse un framboisier rouge argenté/Pourrais-tu m’embrasser pour me le couper/… /Un jour je vais m’envoler/À travers le ciel à force de gonfler/Et je baillerai des éclairs/Une comète plantée entre les dents/Mais sur terre, en attendant/Je me transformerai en la femme chocolat… » Ainsi chantait la Tourangelle Olivier Ruiz dans le tube qui a probablement lancé sa carrière. Des paroles, un univers onirique et gourmand pas si éloigné du cantique loué à notre femme du mois. Dominique Postel est d’abord aussi Tourangelle comme l’artiste.
Mais en plus, elle a grandi dans une pâtisserie familière et célèbre de Tours du nom de Poirault. Son père, Serge, a en effet très longtemps contribué à la réputation de ce commerce gourmand, rendez-vous gourmet d’une clientèle gastronome en haut de la rue Nationale. Ainsi, lorsque vous allez, une fois apprêté(e), à l’école en traversant la boutique, la main droite se promène forcément sur une pâtisserie et des petits fours sucrés pour la pause de 10 heures, avant de tenir le crayon sur les cahiers. Dominique faisait là, sans le savoir, son premier devoir de la journée : goûter, imprimer, retenir. Tout ce qu’on lui demande à l’école puis, plus tard au collège, au lycée puis dans ces études supérieures : BTS de communication et diplôme de la prestigieuse École supérieure de journalisme de Paris.
Un chien ne fait pas un chat ! D’ailleurs, c’est au retour de l’école qu’il faut dire bonjour à papa, l’invisible de l’aube et du petit-déjeuner. Minauder ? Non ! Gourmandiser ? Oui ! L’enfance n’est plus qu’un souvenir gaufré dans le chocolat. Dominique joue encore un peu les prolongations. Elle aide le personnel pendant les fêtes de Noël, « chargée de faire le groom ». Et quand son père lui demande si elle veut reprendre l’affaire, elle répond : « Non, ce n’est pas du tout mon truc… »
Aux fourneaux et au moulin
Alors, la jeune fille quitte Tours. Journaliste en devenir, elle suit la Prépa à Sciences Po, rate les concours, s’oriente vers un BTS Communication et action publicitaire. Revient à Tours. Puis repart à l’ESJ à Paris. La femme chocolat part aux fourneaux : la radio, la presse écrite, l’édition pour des grands comptes comme EDF, France Télécoms ou l’Institut français du Pétrole la communication politique. Vient l’époque de la bande FM parisienne, Bayard Presse, le conseil général (départemental aujourd’hui) de l’Ain et son magazine. Un exercice très risqué quand on est journaliste dans l’âme. Ce qu’elle assume dans un premier temps, six années tout de même !
Sans doute pour avoir trop goûté aux mille-feuilles de la bureaucratie, elle fait carême. Quitte la politique pour monter son premier, puis second titre de presse. La première maison édition qu’elle dirige est plombée par un graphiste qui lui laissera une très grosse ardoise. 30.000 exemplaires par mois iront à la poubelle. Gâchis. La seconde lui sera jetée comme de l’huile sur le feu parce qu’elle est alors conseillère municipale. Nous sommes alors à la fin de l’année 2014.
Dominique Postel va retrouver l’appétit et son intégrité. Elle est appelée par Sandrine Kauffer qui cherche une collaboration journalistique en gastronomie pour le « Journal de Julien Binz » dans la région Centre Val de Loire. C’est là l’occasion de son retour aux sources en Touraine et de sa nouvelle notoriété. Car c’est ici, en Touraine, que Dominique fait saliver. Fait référence. L’intéressée y voit une bonne étoile venue de son père. Un appel. Le grand Dominique Morel lui fera la courte échelle dans les médias. Et la voilà aux manettes, aux fourneaux et au moulin, avec ces chefs dont elle sait si bien traduire la cuisine. Et dont elle acquitte à chaque fois l’addition. Honnête et tendre comme son père et ses gâteaux !
BIO EXPRESS
> Née dans le sucré.
> Diplômée de l’École supérieure de journalisme de Paris.
> Directrice de publication des Nouvelles Gastronomiques de Touraine, sur le site « Le journal de Julien Binz »
> Animatrice d’une chronique hebdomadaire sur RCF Touraine.