L’avocat des salariés comme des patrons
Spécialiste du droit du travail, Philippe Baron quittera ses fonctions de bâtonnier à la fin de cette année.
Il voulait être magistrat. Mais Catherine Lison-Croze, qui l’avait pris sous son aile, l’a finalement persuadé de poursuivre la carrière d’avocat. Avec juste raison car au fil des années, Philippe Baron va se révéler incontournable dans les prétoires et les dossiers prud’homaux.
En début de licence, il passe une vingtaine d’heures par semaine à rédiger des conclusions. Déjà, à l’âge de 24 ans, il se colle à la défense des salariés de SKF. Suivent les plans sociaux chez Tembrands à Joué-lès-Tours et la suppression des 250 emplois, Sprague, Vestil. Les syndicats remarquent ce jeune homme qui connaît ses dossiers sur le bout des doigts et fait valoir son humanisme. « Mon père était chauffeur routier et sapeur-pompier volontaire. Ma mère, secrétaire aux abattoirs. Je suis issu d’un milieu modeste et j’ai dû financer moi-même mes études en animant des bals. J’ai été pion au lycée Descartes. Je mettais un point d’honneur à suivre tous les cours de la faculté. Cela faisait des semaines bien remplies. Mais j’avais déjà l’habitude. Tous les étés, je bossais aux abattoirs. Le travail à la chaîne, je sais ce que c’est. On y apprend beaucoup sur la nature humaine… ». Ses parents lui offriront sa première robe. Tout un symbole et une revanche sur ses origines.
Philippe Baron en a plaidé des affaires Il en a même fait pleurer certains. « Quand je me décide à défendre, c’est que je suis convaincu. Et si je perds, je suis forcément déçu. Les dossiers plus marquants ne sont pas forcément les plus importants. Je me souviens de cette femme nommée déléguée syndicale puis licenciée. Je l’ai fait réintégrer. Les procédures ont duré six ans. Elle est aujourd’hui conseillère prud’homale. Ce sont aussi les adversaires que l’on admire. On a le temps de les écouter… ».
“ La loi Macron
est une demi-réforme… ”
Élu bâtonnier du barreau de Tours pour deux ans, il achèvera son mandat à la fin de cette année. Deux années que ce féru d’informatique a mises à profit pour écrire le cahier des charges du réseau privé virtuel des avocats (RPVA), site intranet et internet, avant de le mettre à la disposition de ses confrères. Philippe Baron fut de ceux qui combattirent la loi Macron, par solidarité avec les notaires. « Aujourd’hui, regrette-t-il, le Code du travail est une accumulation de textes et l’on assiste à une demi-réforme. Et dans le droit du travail, on va chercher la norme la plus favorable qu’on appliquera au salarié. Cela conduit au principe de faveur. Ca va multiplier les contentieux. La profession d’avocat a évolué. Elle compte aujourd’hui les agents sportifs, les lobbyistes, les agents immobiliers. La loi est votée, d’accord. Je suis quelqu’un de légaliste… ».
S’il entretient de bons rapports avec les journalistes, il n’en demeure pas moins discret et ne recherche pas la publicité. Pourtant, les occasions ne manquent pas. Car en plus de ses responsabilités professionnelles, de la gestion de son cabinet de dix avocats et du bâtonnat, Philippe Baron est élu au conseil municipal de Chambray-lès-Tours. « C’est une décision que j’ai prise en concertation avec ma famille. Et puis Christian Gatard vient comme moi du département des Deux-Sèvres. C’est quelqu’un que j’apprécie. Je précise aussi que je ne suis pas adhérent d’un parti politique. »
Au premier janvier 2017, Catherine Gazzeri lui succédera au poste de bâtonnier du barreau de Tours. Avec le sentiment du devoir accompli, Maître Baron envisage de poursuivre des activités au sein de la Conférence nationale des bâtonniers. Les vacances seront pour plus tard : une semaine de stage de photographie en immersion dans la nature qu’il réserve deux ans à l’avance.
BIO EXPRESS
> Né à Bressuire il y a 49 ans.
> Entre en faculté de droit en 1985.
> Sort diplômé de l’école d’avocat en 1990 et prête serment l’année suivante.
> Crée son cabinet avec Pascal Bellanger en 1993.
> Devient bâtonnier du barreau de Tours le 1er janvier 2015.