L’autre cinéma Paradisio de Michaël Gisselère
Michaël Gisselère, ancien projectionniste devenu cinéaste de drones, vit désormais de sa passion de l’image. En prenant de la hauteur, avec talent !
Un cas dans la profession ! Ce Michaël-là n’est ni pilote de Formule 1 (Schumacher), ni acteur français (Lonsdale), encore moins tennisman (Tchang), basketteur (Jordan) ou politicien (Gorbatchev). Non ! Ce Michaël se nomme Gisselère et se drape de sa nouvelle notoriété au-dessus des toits et de nos paysages. Il a fondé Freeway Prod et sa filiale Freeway Drone, société de référence dans les prises de vues aériennes avec ces drôles d’engins volants, hélas commercialisés à tort et à travers… Lui, c’est un pro. Un vrai !
Flash back, retour en arrière. Michaël Gisselère concède tout de go, quand on lui parle de ses études : « A l’école, j’étais un sale gosse… ». Autrement dit un cancre, un batailleur avec une carrure d’athlète qu’auraient bien voulu les recruteurs, dans les commandos marines ou les parachutistes de nos armées. Mais justement, le ciel ne lui tombera pas sur la tête. Ce sera plutôt l’inverse, avec la création de Freeway Prod en 2009. En 2011, Michaël voit désormais le monde de haut en créant la filiale Freeway Drone, filmant des sujets avec ces nouveautés aéronautiques, à la fois puissantes et fragiles, là où l’homme ne peut se hisser, grâce à ces objets capables aussi bien de voler que de tomber d’un coup, de mettre en danger la vie d’un pauvre terrien.
Primé à San Francisco
Drôles de drones ! Sans doute faut-il remonter à son enfance pour qu’il nous explique le pourquoi de sa réussite. Le « sale gosse » trouve sa voie grâce au cinéma, dans des petites pièces de projection, d’un cinéma de style « Paradisio », en Alpes-de-Haute-Provence. Il accumule stage sur stage. Digne-les-bains. Digne de lui. À force de projeter des pellicules et ses images, Michaël se met à rêver. L’ancien berger cherche à tondre le mouton de la Félicité et comprend enfin ce que sera sa passion. « Je rêvais d’avoir une entreprise dans l’image… » confesse-t-il…
Comme toute vie est faite de rencontres, il se lie avec Christelle Bozzer, analyste financière. Celle-ci quitte ses fonctions pour se consacrer au pari aérien de Michaël. C’est elle qui, aujourd’hui, passe son temps à demander les autorisations nécessaires de survols des sites, auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Le tandem fonctionne, malgré les trous d’air liés aux marchés… L’entreprise, malgré tout, démarre. Michaël Gisselère et Freeway Prod se font remarquer par France Télévisions, très gros clients, encore plus présents, dans les actualités et le Tour de France , aujourd’hui. « Les émissions Télématin, Des Racines et des ailes, France 2 ou France 3, des commandes sur Arte ou comme sur celles du navire Ponant en Antarctique » sont nos gros clients. Le Graal viendra d’un tournage, entre 22 heures et 8 heures du matin, dans l’intimité du Palais Garnier, autour de la fresque filmée de Marc Chagall. « Nous sommes passés devant un jury de 15 personnes, pour les convaincre que le drone pouvait être un outil de prise de vue. Mais Chagall et son œuvre étaient sacrés. Il nous a fallus insister durement que cela ne présentait aucun risque, tandis que nous devions mettre au point un appareil totalement innovant, avec une caméra au-dessus des ailes… ».
Michaël Gisselère vient de remporter un prix international à San Francisco, dans l’un des premiers festivals d’images de drones. Avec ses sept télépilotes et cinq cadreurs – dont il fait partie – il concrétise son rêve d’enfant. De récompenses en récompenses, avec Freeway Prod et Freeway Drone, il révolutionne ainsi la prise de vues en renvoyant les pilotes d’hélicoptères à leurs chères études. Versailles, le Tour de France seront, dans les prochains mois, ses prochains sujets. Comme dirait le dialoguiste Michel Audiard dans l’un de ses films, « l’aigle va fondre sur la vieille buse… ».