Reprise : Témoignages vécus
Rodolphe Le Meunier a racheté à son père l’affinerie familiale tout en cédant à la Cloche d’Or le marché fromager réservé à la grande distribution. C’était il y a quinze ans.
Le tout juste quadragénaire puise son énergie dans les gènes de ses travailleurs de parents. Et comme il ne se voyait pas faire de la découpe toute sa vie, il a décidé de faire fructifier l’entreprise en vendant du fromage dans le monde entier. Sa boutique aux halles de Tours rappelle aux Tourangeaux l’excellence de ses produits. Rodolphe Le Meunier fut d’ailleurs champion du monde des fromagers affineurs en 2007. Cette même année, il reçoit le titre de Meilleur ouvrier de France de cette catégorie. Depuis, les portes s’ouvrent, grandes ouvertes. L’entreprise réalise un million d’euros à l’exportation (Japon, Australie, Hong Kong, USA, Europe du Nord) et deux millions avec le marché national. Ses quatre cents références se trouvent aujourd’hui à Rungis et, depuis La Croix-en-Touraine, Rodolphe ne s’interdit de se projeter vers d’autres reprises comme lancer un restaurant fromager, des boutiques et des franchises. La succession familiale est devenue, au regard de ses clients, une véritable marque !
Nicolas Budain fut salarié de l’entreprise Cap Vert Paysages qu’il dirige aujourd’hui à Montbazon. C’est aussi à la demande de son ancien patron, Vincent Popelier, qu’il prendra sa décision, entre l’été 2003 et début 2004. L’affaire sera conclue en six mois.
« J’ai racheté l’entreprise pour 200.000 euros. Tout est très rigide lorsque l’on a à faire aux banques. Il faut être convaincant pour se mettre les financiers dans la poche… Mais je me suis entouré en prenant par exemple un avocat… ». La Chambre des métiers et de l’artisanat et l’IDIL ont crû également en lui. Aujourd’hui, l’entreprise de Nicolas compte 23 salariés – dont quatre apprentis – contre 4 au moment de la reprise. Le patron ne pousse plus la tondeuse comme à ses débuts mais veille à la croissance interne et externe de Cap Vert Paysages. En interne, il a associé des collaborateurs avec des parts dans des entités (services à la personne, terrains de sports). Il forme aussi des BTS qui, comme lui, sont paysagistes ou commerciaux de produits ornementaux diplômés. La croissance externe passe enfin par la diversification de sa clientèle. Hier, Cap Vert Paysages ne répondait qu’aux particuliers. Ces derniers ne représentent maintenant que la moitié de sa clientèle.
Âgé de 33 ans, Julien Hébras a repris il y a quelques mois l’atelier de restauration et conservation de meubles anciens de Bernard Lemaire, à Saint-Cyr-sur-Loire.
« Cela s’est fait presque naturellement car M. Lemaire me parlait de cession depuis dix ans. Alors salarié, je lui ai dit que cela pouvait m’intéresser. Et depuis, il n’a pas cessé de me former… ». Titulaire d’un CAP Bac Pro Ébéniste, CAP Marqueteur, CAP Tourneur d’art sur bois, avec une formation de restauration de meubles, d’un BTMS de restauration de meubles en partenariat avec les Monuments historiques, Julien Hébras a contracté un prêt sur sept ans par le Crédit Agricole et a été soutenu par la Fondation du patrimoine. Les réseaux Ateliers d’art de France et Vieilles maisons françaises viennent de lui décerner le Prix du Savoir faire unique. Excellent début…
C’est en 2008 que Ludovic Fauvarque a repris les établissements Millet devenus Meltis, spécialistes des solutions bâti-responsables à Tours.
« Je travaillais comme dirigeant salarié dans une entreprise de peinture au sein du groupe Lafarge. Et à 40 ans, la reprise d’une entreprise me démangeait. J’ai rencontré mon prédécesseur Joël Magnan qui prenait sa retraite, par l’intermédiaire d’un ami… ». Ludovic Fauvarque s’entoure d’un expert-comptable et d’un avocat. Puis se tourne vers les banques. « J’ai eu la chance d’acheter avec la crise de fin 2008 grâce à des actions Lafarge qui ont ensuite perdu la moitié de leur valeur. Cela s’est joué à quelques mois près… ». Sa reprise se déroule avec un tutorat issu du Réseau Entreprendre Val-de-Loire et les conseils vertueux de la CCI Touraine. Depuis son arrivée, ce dirigeant a fait passer Meltis de 30 à 45 salariés.
Adrien Sérégé, 32 ans, a longtemps bourlingué dans la restauration, principalement en région parisienne. Venu en Touraine il y a six ans, il mûrit le projet de se mettre à son compte.
L’opportunité se présente à Ballan-Miré, sous la forme d’une pizzeria dont le local se situe à deux pas de la mairie. Il rachète le fonds de commerce l’an dernier et emprunte près de 25.000 euros et lance son entreprise individuelle, « Chez Primo ». Adrien convainc les banques, pour le prêt d’un montant de 25.000 euros et les fournisseurs. Il parfait également sa formation de repreneur à la Chambre des métiers et de l’artisanat en suivant moult stages : débit de boisson, première installation… Il décide aussi de s’entourer d’un comptable pour cette première année d’exploitation. Son affaire, tourne. Adrien est heureux. « Mais, dit-il, que l’administration est compliquée… ».