Sébastien Forest, prêcheur de la nouvelle économie
Sébastien Forest a créé AlloResto.fr alors qu’il était encore étudiant. Fortune faîte, l’entrepreneur investit dans les startups.
Dans la famille Forest, je voudrais le petit-fils… Comme son père Jean-Michel et son grand-père Jean-Louis, Sébastien aurait pu tout à fait faire une brillante carrière dans la presse. Mais le jeune homme a préféré suivre des études en sciences économiques car littéralement habité par l’envie de créer son entreprise. « Je devais avoir 14 ans. Je suis rentré d’un voyage scolaire en Angleterre avec l’idée d’ouvrir une boutique de nougatines Daim, très répandue à Londres… » se souvient-il. Il attendra dix ans avant de franchir le pas et de lancer AlloResto.fr
Sébastien Forest est alors étudiant. Alors qu’il préparait ses partielles, la faim le gagne et son réfrégirateur est vide. Il prend l’annuaire pour s’enquérir du restaurant qui viendra lui livrer un bon petit plat. « Ca a été très compliqué. Il fallait que mon interlocuteur me lise la carte au téléphone. C’est là que j’ai eu l’idée de créer un site où chacun pouvait commander en ligne. Internet en était encore à ses débuts… ». Dix millions de francs sont levés auprès d’investisseurs. Son affaire démarre très fort, boostée par la Coupe du monde de football alors organisée en France. Pourtant, en 2002, il est à deux doigts de tout laisser tomber avec l’éclatement de la bulle internet : « J’ai dû licencier 27 des 30 collaborateurs. Et je me suis remis au travail. Nos clients commandaient une fois tous les trois mois. On s’est dit qu’il fallait les faire revenir toutes les six semaines. Ça ne nous semblait pas improbable : après tout on mange trois fois par jour ! On a lancé alors une grande enquête auprès de nos clients pour comprendre leurs attentes et améliorer le service… ».
“ Les changements viendront
des jeunes générations ”
L’arrivée de l’ADSL va lui permettre de redresser et de pérenniser AlloResto. L’an dernier, la plateforme – qui fait vivre 70 personnes – a engrangé 100 millions d’euros de volume d’affaires. 4.000 restaurants sont référencés. « Ils seront 10.000 d’ici cinq ans » prédit Sébastien qui vient de quitter la direction opérationnel et vendu l’affaire à Just Eat, groupe anglo-saxon avec lequel un joint-venture s’était réalisé en 2012.
Son histoire, Sébastien Forest la raconte volontiers maintenant qu’il a du temps pour s’intéresser aux startups, aux jeunes qui créent leur boite alors qu’ils sont encore au lycée ou à l’université. Il aime faire partager sa vision des marchés et des stratégies. Et sa propre histoire. « C’est pour cela que j’investis dans des projets essentiellement dans le domaine du numérique. Ce que j’aime avec les créateurs, c’est qu’ils s’appuient beaucoup sur des expériences vécues. Comme eux, je crois beaucoup au pragmatisme… » prêche-t-il.
De ses erreurs et de ses succès, Sébastien Forest s’est forgé des valeurs nouvelles. Un jour qu’il participe aux TedX à Tours, manifestation où les talents sont inviter à partager leur passion, il développe deux notions communes : l’entreprise et l’amour. « Le premier besoin d’un patron qui prend des coups, c’est la douceur. Il doit pouvoir compter sur sa base arrière : famille, amis, proches. Pour les collaborateurs et notamment ceux de la génération Y qui a vu leurs parents se faire virer, on est dans le deal permanent : OK, je bosse mais en quoi je vais m’épanouir. Le bon patron n’est pas celui qui a de l’autorité mais celui qui va montrer l’exemple. Il y a de l’affectif là-dedans. Ca nécessite de la transparence. Enfin, il y a les clients. On va vous envoyer un sms pour vous prévenir du retard du train et on va compiler des procédures comme remplir un formulaire papier pour demander un geste commercial. Ca manque de sincérité. C’est pourtant ce que le client attend. Ces valeurs seront de plus en plus centrales dans la société. Les changements viendront des jeunes générations qui maîtrisent les réseaux sociaux… ».
Sébastien Forest se donne trois ans pour remonter son entreprise. Son pari (sur l’avenir) est une fête.
BIO EXPRESS
> 42 ans
> Licence de sciences économiques à l’université François-Rabelais de Tours
> En 1998, crée AlloResto.fr, service de commande de restauration livrée.
> Quitte la direction opérationnelle d’AlloResto en juillet 2015 mais reste actionnaire.