ENQUÊTE : Les réseaux d’entreprises, accélérateurs de business
Clusters, clubs ou associations : des communautés se forment au gré des secteurs d’activités. Ils incitent aux rencontres et au partage des savoirs.
L’union fait la force. Tous les chefs d’entreprise le diront, les réseaux les rendent non seulement moins seuls mais ils accélèrent leurs activités et leur visibilité. Ils sont aussi de vecteurs de cohésion dans le monde sportif où les clubs et leurs partenaires ne font souvent qu’un, les seconds participant financièrement au fonctionnement des premiers « Ce sont des leviers simples et peu coûteux sauf en temps » définit d’emblée Catherine de Colbert, vice-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie Touraine.
Impliquées dans près de 2.000 réseaux (réseaux filières sectoriels, réseaux de territoires, réseaux thématiques…), les CCI accompagnent les entreprises dans leur mise en réseau, les aident à collaborer, à partager de l’information, à accéder à des biens et services à coûts partagés, à mutualiser leurs ressources.
La notion de réseaux d’entreprises est vaste. Si chaque type de réseau (clubs, associations de zones d’activités, grappes, pôles de compétences, clusters, pôles de compétitivité, réseaux virtuels…) a ses propres spécificités, il existe un certain nombre de conditions indispensables à remplir afin de faire émerger et développer un réseau. Il y a quelques années, le webmagazine « Place des réseaux » avait mené l’enquête auprès de 1.024 dirigeants de TPE et d’indépendants. À la question « parmi les types de réseaux suivants, quels sont, selon vous, les cinq réseaux les plus efficaces pour dynamiser votre réseau ? », étaient arrivés dans l’ordre : Les réseaux virtuels (37 %), les réseaux informels de dirigeants (36 %), les clubs de créateurs d’entreprises indépendants (32 %), les réseaux informels d’indépendants ou de freelance (31 %), les Clubs d’entreprises (Clubs territoriaux) pour 29 % des personnes interrogées.
Comment chasser en meute
Sandra Le Grand, invitée de Carnet Pro et grand témoin de cette enquête, vient défendre la nécessaire appartenance à ces associations ou fédérations : « Fonctionner en réseau, c’est un mode de vie. Il faut donc choisir les bons, en fonction de son statut, de ses valeurs et de son secteur d’activité, leur rester fidèle, les entretenir dans le plaisir… ». Par ces canaux, Sandra Le Grand admet faire parfois du lobbying comme ces propositions sur l’entrepreneuriat retenues dans la loi Macron et qui ne figuraient pas dans la loi Hamon. Réseau physique et Réseau digital : « je suis fervente des deux systèmes. Linkedin, Viadeo : les réseaux sociaux sont devenus indispensables aux dirigeants d’entreprise. Ils peuvent aider à préparer la rencontre, à poser une question intelligente ».
Pour Catherine de Colbert, c’est également savoir « comment chasser en meute et comment les grandes entreprises peuvent aider les petites… ». Créé voici cinq ans, le club des pôles commerciaux et des grandes enseignes est l’un des trois clubs d’entreprises constitués en Indre-et-Loire, avec celui des ETI (Entreprises de taille intermédiaire) et des entreprises culturelles. Au nord comme au sud de Tours, les industries, la grande distribution et les PME se fédèrent au sein de « Pôle Nord Entreprises » et Chambray Grand Sud.
La Chambre de commerce et d’industrie Touraine a identifié trois sortes de réseaux. Les premiers sont là pour enrichir les connaissances, échanger et monter en compétences ; les seconds privilégient les réunions d’information : et les troisièmes encouragent et accélèrent le business sous forme de networking ou convention d’affaire. Ces rendez-vous, sous forme de speed-dating, permettent d’identifier rapidement des partenaires de proximité. La CCI anime quatre communautés d’intérêt industrie et performance durable, Ressources humaines et management, Tourisme Viti (culture). Cent quatre dix entreprises y adhèrent.
À échelle (inter) régionale voire nationale, les clusters regroupent plus largement des compétences. C’est le cas de Pôle Pharma dont il est question dans notre dossier sur la filière pharmaceutique (lire page…). Et c’est celui de Noveco. Ce groupement d’entreprises de la filière construction et rénovation durable rassemble une quarantaine de professionnels : architectes, bureaux d’études, chauffagistes, plombiers etc. Lancé en juillet 2012, il est l’émanation de la filière Habitat. Le cluster tourangeau encourage ses adhérents à se regrouper pour répondre à des appels d’offres ou des appels à projets. Six mois après sa création, il leur avait permis de générer un chiffre d’affaires d’environ 100.000 euros.
Spécialiste de l’ingénierie de clusters au sein du groupe KPMG, Marc Jardini estime enfin que l’avenir des réseaux d’entrepreneurs passe par les outils numériques : « Les relations, le développement de produits, la validation de projets ou la recherche de capitaux s’accélèrent déjà avec les réseaux virtuels. Et ce n’est que le début ! »