Quelle hiérarchie en Scop ?
Société coopérative ouvrière de participation, la Cetil de Montbazon gère son équilibre financier avec des salariés associés. Et l’autorité dans tout cela ?
Voici un phœnix qui renaît de ses cendres, grâce à une poignée de fondateurs, une main sur l’établi, l’autre dans le portefeuille. En choisissant le statut de société coopérative ouvrière de participation (Scop), la Cetil a pu conserver des marchés nationaux et internationaux dans la chaudronnerie et une notoire sous-traitance du train à grande vitesse allemand.
Pour survivre, il a fallu s’adapter, s’investir au sens propre comme au figuré, au mépris du confort d’un salarié classique. Chaque employé, de la base au président, verse mensuellement 3 % de son salaire au capital. Ici, pas de comité d’hygiène et de sécurité au travail. La Cetil, c’est quarante-cinq salariés dont trente-quatre associés auxquels se joindront les derniers entrants au bout de trois ans. Maxime, 29 ans, chaudronnier soudeur, 8 ans d’ancienneté, témoigne : « Je suis encore un peu observateur ! Le système m’a intéressé pour que je m’implique. J’ai été formé ici. Et je n’ai jamais été malheureux ! ».
Marc, chaudronnier, 57 ans cette année, a cru à l’aventure depuis le début. Il n’est rentré au conseil d’administration qu’il y a seulement un an. « Ça m’intéressait. Nous sommes neuf et cette fonction est une passerelle entre la production et la décision. On vient désormais vers moi pour des renseignements. Je me sens responsabilisé, un peu plus propriétaire de l’entreprise. La gentillesse est un grand mot. Mieux vaut parler de cohésion plus grande… ».
Président de l’entreprise, Frédéric Le Bret traduit enfin ces rapports hiérarchiques un peu particuliers et sans doute aussi d’un bien-être au travail : « Il est important que tout le monde ne mélange pas contrat de travail et participations au capital. Le tutoiement existe en interne, sauf avec moi. Il faut y voir un piège. Je sais qu’on m’appelle Fred… Mais il faut donner des limites et en même temps avoir des lieux d’écoute pour avancer, informer, consulter, s’intéresser à la santé des gens comme aux résultats de l’activit… Pratiquer la fermeté, c’est protéger l’emploi. »
Autrement dit, c’est tout l’art de manager en souriant !