L’esprit startup ou le parfum d’aventure
A domicile ou en pépinières, ces petites structures font de l’innovation leur cœur de métier. Et ne demandent qu’à coopérer avec les entreprises.
Signe des temps : le Salon des entrepreneurs, qui s’est tenu début février à Paris, a déroulé un tapis rouge aux startups en leur mettant à disposition des espaces consacrés aux outils numériques. Tout a été mis en œuvre pour faciliter leur rapprochement avec les (grandes) entreprises. Collaborer avec elles, les accueillir et jouer les incubateurs, prendre part à leur capital ou les racheter « c’est leur permettre d’accélérer leur développement commercial et leur croissance » vient dire à Tours Pascal Latouche, directeur d’Orange Fab France et grand témoin de cette enquête.
Depuis quelques années, trois pépinières ont vu le jour en Indre-et-Loire, à Tours, Joué-lès-Tours et Amboise. Elles ont déjà permis, grâce à des conditions d’accueil privilégiées et à un mentorat financier, d’en faire décoller quelques-unes. Leur nombre exact reste cependant un mystère. On en estime moins d’une cinquantaine dans le département. Une cartographie est en cours de réalisation.
Les « Fab Lab », ces associations qui aident les startups à prototyper leurs produits se comptent sur les doigts des mains. Palo Altours, organisatrice du « Week-end startups » se veut être une plateforme d’information et de mise en relation. Centre Éthique assure la promotion d’événements numériques auprès des professionnels et des utilisateurs. CoopAxis souhaite apporter de nouveaux modes de coopération et de modèles économiques sur nos territoires et faire le pont entre la politique de la ville et l’emploi. On peut encore citer pour être tout à fait complet le Campus de Tours, Sup info, l’ESCEM, l’incubateur de l’université (Pépites) et son service de valorisation, le cursus d’animation du Château de La Marbelière (Joué), le programme du Réseau Entreprendre, la plateforme CERTeM Plus.
La Touraine, territoire démonstrateur
Point commun de ce nouvel écosystème : le numérique. Le plus bel exemple d’accélérateur de startups se situerait plutôt à l’échelle de la communauté d’agglomération Tour(s)plus qui mène, avec les jeunes pousses et des entreprises, une politique de rapprochement pour obtenir le label national « Métropole French Tech » et « faire de la Touraine un laboratoire numérique à l’international » insiste Thibaud Coulon, adjoint au maire de Tours, chargé du développement économique (lire son témoignage page suivante).
Car La Touraine est utilisée comme échantillon représentatif pour des sondages. Divers projets ont été validés par le passé : Moneo, compteurs Linky, bornes digitales Mac Do… « Notre stratégie de différenciation par rapport aux autres métropoles French Tech est de s’affirmer comme Métropole Living Lab, comme territoire laboratoire « innovation friendly », territoire démonstrateur, accueillant aux innovations, que ce soit aux nouveaux services ou aux nouveaux produits, et surtout porte-chance pour leur phase de validation et de mise sur le marché » ajoute Valérie Sécheret, directrice du développement économique à Tour(s) plus. L’ex-imprimerie Mame en sera l’espace d’accueil. Le comité de pilotage de Tours Tech vient de clairement réaffirmer la nécessité de travailler sur la stratégie proprement tourangelle, en s’inscrivant dans une démarche ouverte à des collaborations et des complémentarités avec d’autres candidatures en cours dans la région Centre. (NDLR : il existe une candidature Orléans Tech autour du commerce électronique et une autre en Eure-et-Loir). Le conseil régional ne financera de toute façon qu’un seul projet. On peut donc penser qu’à terme, la labellisation sera accordée aux initiatives « Centre Val-de-Loire Tech ».
L’argent, nerf des startups. À côté des grands groupes qui parient sur elles (Orange, La Poste), les accélérateurs privés s’organisent aussi. C’est le cas de Marketing Angels (Fondettes) ou Doneva (Tours). Le premier a été fondé par Richard Renard. Cet ingénieur de 42 ans accompagne quatre startups en France. Son rôle : la validation du projet, la levée de fonds, la visibilité sur le web grâce à ses propres réseaux. Doneva intervient sur le mode incubateur pour la création (14 dossiers étudiés et trois nouveaux entrepreneurs heureux), ainsi qu’en mode accélérateur pour des entreprises constituées qui se doivent de grandir rapidement (participation directe, premières levées de fonds, gestion de la propriété intellectuelle ou relation avec l’écosystème, montage de dossiers de concours ou de subventions, stratégie de développement).
Il soufflerait bien comme un parfum d’aventure sur le Jardin de la France…