L’innovation, c’est d’abord un état d’esprit !
L’ENQUËTE
A la pointe de la recherche ou de son organisation du travail, l’entreprise d’ici qui innove est d’abord celle qui ose se diversifier. Avec le soutien de l’Europe.
De l’audace à l’innovation. C’est le sujet qu’est venu traiter avec brio, le mois dernier, le navigateur François Gabart, vainqueur du dernier Vendée Globe, tour du monde à la voile en solitaire et sans escales. Une intervention remarquable et remarquée devant ses pairs chefs d’entreprise, qui pourrait se résumer en quatre vecteurs transposables partout : imagination, prise de risque, passion et travail en équipe.
On est alors très loin de cette scène parfaitement anachronique qu’immortalisa un dessinateur inspiré : deux hommes préhistoriques à l’entrée de leur grotte, un gourdin sur l’épaule, peau de bête à la ceinture, s’interrogeaient à voix haute en se demandant : « Mais qu’allons-nous faire maintenant que tout a été inventé ? ». Toute la définition de l’innovation se résume là : le plus beau des projets est celui qui n’existe pas encore.
En Indre-et-Loire, entre 300 et 400 entreprises (sur 18.000) concourent dans l’innovation. Certaines sont publiques comme les hôpitaux, ou privées. Hutchinson, ST Microelectronics, Sandvik s’appuient sur des centres d’études et de recherches lancés par l’université François-Rabelais (lire nos témoignages). « Le mental est le moyen qui permet d’être le meilleur. » nous dit Dominique Lucas, grand témoin de cette enquête. Mais pas seulement !
Une prise de conscience également politique
Des collaborations sont nées. La santé et la biologie, les nouvelles technologies, le numérique qui cherche à intégrer le réseau French Tech à Tours ou encore l’électronique font de la Touraine autant de pôles d’excellence. Et cela est en train de se faire savoir au niveau européen. « Chacun s’accorde à dire que tout le monde fait à peu près la même chose en matière de développement économique mais il faut aller au-delà » commente Frédéric Pinna, le directeur régional de l’ARITT (agence régionale pour l’innovation et le transfert de technologies). Les rapprochements entreprises-centres de recherches ont permis de multiplier les brevets comme au Certem (centre d’études et de Recherches technologiques en microélectronique).
« Aide toi et le ciel t’aidera », interpelle le dicton. Et les collectivités t’aideront, peut-on rajouter. Au début des années 2000, une première convention est passée entre l’agence nationale pour la valorisation de la recherche (Anvar), l’Aide tourangelle à l’innovation (ATI) et le conseil général d’Indre-et-Loire. On y fait le pari de financer 10 projets innovants par an. Ces partenaires recevront 20 dossiers. Les années 2004-2005 vont créer la rupture avec la publication du livre blanc de Christian Blanc sur la naissance des pôles de compétitivité. Les politiques de développement économique vont alors faire de l’innovation la priorité numéro un au niveau de la région Centre. De 59 domaines de spécialisation candidats, 5 seulement sont aujourd’hui retenus par l’Union européenne (avec le fonds européen de développement régional) : « l’ingénierie et métrologie environnementales, les biotechnologies et services appliqués à la santé et la cosmétique, la conception de systèmes pour le stockage de l’énergie, les technologies de l’efficacité énergétique pour la construction, la rénovation et l’usage des bâtiments, les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour le tourisme patrimonial ». Voilà qui ne s’apparente plus à du saupoudrage de subventions…
Ce plan 2014-2020 ne fait que commencer. Le 15 novembre prochain, les pilotes de chacun de ces cinq domaines rendront une première copie sur laquelle figureront des préconisations et des cibles très concrètes à valoriser. Cette stratégie à l’innovation vaut d’ores et déjà à la région Centre le vote unanime de l’union européenne. Autre bonne nouvelle : l’Indre-et-Loire est le premier département de la région en terme de projets accompagnés. L’ARITT délègue une centaine de professionnels chargés de détecter les projets et d’apporter un accompagnement sur-mesure. Ce réseau suit actuellement entre 250 et 300 innovations.
La BPIfrance Centre soutient une centaine de projets dans le département, avec plusieurs offres : développement, prêts à taux zéro. « On finance ici du temps et du vent. La phase de lancement industriel et commercial d’un produit est toujours critique. Depuis deux ans, existe le prêt pour l’innovation (PPI) plafonné au double des fonds propres de l’entreprise. » explique Hervé Duval, délégué à l’innovation.
« Attention, conclut Catherine de Colbert. L’innovation est un état d’esprit. Élargissons cette notion au plus grand nombre ! »