Les profils de la génération Y
L’universitaire tourangeau Franck Brillet a fait travailler ses étudiants sur les attentes et les besoins de la Génération Y auprès de 1.642 jeunes concernés. De ce travail ressort un certain nombre de stéréotypes qui tendent à mieux cerner une génération qualifiée de « paradoxale ».
Les 22-35 ans, nourris au biberon portable, seraient d’abord individualistes et communautaires. « Ils ont besoin d’être reconnus comme individus, d’appartenir en même temps à un groupe et d’être utiles au monde entier » note Franck Brillet. Second paradoxe : l’impatience et la persévérance. « Ils vont jusqu’au bout de ce qu’on leur demande et s’investissent à fond. Mais ont besoin d’équilibre personnel et sont prêts à quitter l’entreprise s’il n’y a pas un minimum de flexibilité. Ce qui explique le fait qu’on ait développé les congés de solidarité dans l’entreprise… ».
Franck Brillet relève aussi leur côté indépendant et sociable. « Entre les Y et leurs aînés, l’entente est bonne. Je crois plus à des risques de tension entre les Y et les X (ceux nés après 1992) parce qu’une vraie concurrence est entrain de naître. Ce qui va obliger les entreprises à repenser très vite leurs pratiques managériales… ».
Justement, bon nombre de directions des ressources humaines s’interrogent avec cette question sous-jacente : qu’est ce qui va permettre de faire travailler les gens ensemble ? Dans une seconde étude menée auprès de 41 dirigeants, DRH et syndicats, trois types de réponses s’affirment : la mise place du tutorat, en vigueur dans certaines entreprises. Deuxième piste : le mentorat. Celui-ci consiste à détacher un salarié – coach – qui expliquera au jeune les règles informelles de l’entreprise. Reste enfin le tutorat inversé entre le jeune et le salarié expérimenté, sorte de binôme au sein duquel chacun apprendra de l’autre.
Devant cette cohabitation de générations au travail, Franck Brillet se dit confiant pour l’avenir : « Il faudra faire avec cette diversité. Les nouveaux modes d’expression des jeunes demandent une certaine ouverture d’esprit et des modes de managements flexibles… ».
Franck Brillet est directeur du laboratoire en management des universités de Tours et d’Orléans.