Flux pour
Articles
Commentaires

PARFUM CENDRES

Rentrée littéraire 

Encore un ! Oui, un premier roman de cette nouvelle rentrée littéraire ! Avec une histoire particulièrement originale : Le parfum des cendres de Marie Mangez. Je vous raconte ?

Les parfums sont toute la vie de Sylvain Bragonard. Il a le don de cerner n’importe quelle personnalité grâce à de simples senteurs, qu’elles soient vives ou délicates, subtiles ou entêtantes. Tout le monde y passe, même les morts dont il s’occupe tous les jours dans son métier ­d’embaumeur ou thanatopracteur.
Cette manière insolite de dresser des portraits stupéfie Alice, une jeune thésarde qui s’intéresse à son étrange profession.

Pour elle, Sylvain lui-même est une véritable énigme : bourru, taiseux, il semble plus à l’aise avec les morts qu’avec les vivants. Elle sent qu’il cache quelque chose et cette curieuse impénitente veut percer le mystère.
Doucement, elle va l’apprivoiser, partager avec lui sa passion pour la musique, et comprendre ce qu’il cache depuis quinze ans.

Ce premier roman, était avant même sa sortie, dans la sélection du prix Envoyé par la Poste et dans celle de Première Plume. Quid de son auteure ? On apprend via son éditeur Finitude que Marie Mangez vit à Paris où elle s’efforce de plancher sur sa thèse en anthropologie qui la mène régulièrement sur les rives du Bosphore.

Voilà pour les ingrédients de ce premier roman sensoriel plutôt bien senti et écrit dont on devine cependant la fin.

Marie Mangez évoque la génèse de son premier roman ici 

https://youtu.be/v86_aBfv868

Extraits 

Page 22 : « Il but son vinaigre à petites gorgées, savourant le crépitement de son palais sous les décharges acides du liquide. Lequel remontait illico vers la cavité nasale, la saisissait tout entière d’une main brûlante avant de redescendre doucement, pour aller gratifier le fond de ses intestins de sa caresse abrasive Sylvain jeta un coup d’oeil au verre. C’était du vinaigre de vin, il avait la couleur d’un jus de groseille – et la puissance de l’éthanol. »

Page 61 : « Comment leur dire qu’il vivait désormais dans un bocal, autrement dit qu’il ne vivait plus, qu’entre lui et le monde s’élevait cette paroi épaisse et transparente qui l’entourait tout entier, pas d’échappatoire, une prison de verre sans oxygène où l’on ne pouvait respirer ? 

Il ne pouvait pas. 

Impossible. 

Il aurait suffi d’un mot, pourtant, un mot pour leur expliquer ce qu’il vivait depuis toutes ces années ; mais ce mot-là, comme les autres, restait enfermé à l’intérieur du bocal. Il ne pouvait que regarder à travers la baie vitrée, regarder les autre vivre alors que lui était mort, asphyxié, mort dans rémission. »

Pages 118-119 : « […] De Catherine émanait un délicat parfum floral, à dominante d’iris. Son maintien élégant, soigné empreint de bon goût bourgeois, son corps resté séduisant en dépit de l’âge et de la maladie, son brushing gris à peine défait et sa sobre manucure transparente, tout respirait la fragrance poudrée et le raffinement aristocratique de cette noble plante, avec sa texture veloutée et ses subtiles notes de violette. Il ôta avec précaution la fine chemise de nuit en dentelle de coton blanc, ses mains parcourent la peau sèche constellée de taches brunes, sillonnée de méandres et de veines apparentes. Avant de s’occuper du visage : suture des lèvres, fermeture des yeux, deux yeux marron encadrés de pattes d’oie, des yeux qu’on devinait chaleureux malgré la cornée ternie et figée par la mort. Sous l’iris pointait la carotte, plus simple et prosaïque, venant renforcer harmonieusement le potentiel de fraîcheur contenu dans la précieuse fleur. »

 Le parfum des cendres, Marie Mangez, Finitude, 18,50€

Laisser un commentaire

*